Négociation vue de l'intérieur
"Ce n'était pas du bluff, j'étais sincère"
Thomas
Martin, directeur des forces de ventes, Ajilon
Le contexte de la négociation
|
Secteur
d'activité |
Externalisation
des forces de vente |
Objectif |
Répondre
à un appel d'offres |
Enjeu |
Obtenir
l'externalisation permanente de l'équipe commerciale |
Obstacles |
La
concurrence, la guerre des prix |
L'équipe
de négo |
Trois
personnes |
Tactique |
Rétablir
le rapport de force |
Durée
de la négo |
Trois
mois |
Bilan
final |
Appel
d'offres remporté |
Par
souci de confidentialité, le nom du client ne figure
pas dans ce témoignage.
Comment
s'est passée la préparation de la négociation ?
Nous étions trois à travailler sur ce dossier. Nous avons
réfléchi au contexte du client pour bien répondre à sa
demande et proposer une solution plus large que la seule
réponse à son cahier des charges. Pour cela,
nous nous sommes renseignés dans la presse et nous avons
étudié le secteur.
Comment
se sont déroulées les séances de négociation ?
A la première séance, chacun s'est présenté. La deuxième
a duré trois heures, nous avons passé en revue toute la
mécanique. C'est entre les deux que tout s'est joué.
Et
comment s'est déroulée la négociation entre ces deux séances
?
Il fallait toujours les rassurer sur notre façon de travailler.
Nous avons fait des concessions sur les prix en réduisant
certaines prestations et en réduisant notre marge. Nous
avons parlé longtemps au téléphone. Je sentais que le client
voulait travailler avec nous mais cherchait à obtenir le
prix le plus bas possible. J'avais déjà fait un effort important.
Je ne voulais pas toucher davantage à la qualité de notre
prestation, ni trop réduire notre marge. Finalement, j'ai
fait un dernier effort symbolique en baissant le prix et
en disant qu'il fallait faire vite car j'avais d'autres
dossiers en cours. J'ai utilisé le facteur temps mais ce
n'était pas du bluff, j'étais sincère. Le client avait d'ailleurs
compris que j'avais atteint mon prix plancher.
Etiez-vous
stressé pendant cette période ?
J'étais tendu. Les négociations sont toujours stressantes
Une fois que nous avons signé, je ne me sentais plus stressé
mais très stimulé pour faire les choses vite et bien.
Quelle
a été l'issue de la négociation ?
Nous avons finalement signé. Nous n'avons
pas fêté l'accord. C'était juste la suite logique de la
négociation. Surtout, pour moi, ce n'était que la première
étape d'un long processus. Il fallait maintenant faire nos
preuves pour les convaincre de l'externalisation permanente.
Qu'est-ce
qui a fait la différence au cours de cette négociation ?
En plus de répondre parfaitement au cahier des charges,
nous avons fait une recommandation : l'externalisation permanente.
Nous avons cherché à prouver que nous pouvions bien travailler
ensemble. Pour cela, nous avons utilisé des arguments classiques,
comme le fait que nous soyons les premiers historiquement
à pratiquer ce métier. Pendant la négociation, nous étions
déjà en train de penser à ce qui se passera demain. Nous
leur avons aussi fait comprendre que cette négociation ne
changerait pas la face du monde pour nous, que nous avions
beaucoup de clients. Il faut être capable de dire non. C'est
très rassurant pour un client.
Quelle
était l'ambiance ?
Un peu tendue. Le client était en effet sérieux et nous
nous sommes adaptés à son caractère : pas question
de faire trop d'humour.
Quel
enseignement avez-vous tiré de cette expérience ?
Elle a confirmé l'importance du professionnalisme et du
sérieux. Il faut savoir dire non par moment, tout en rebondissant
sur d'autres propositions. Cette négociation montre bien
qu'on peut gagner un appel d'offres sans pour autant brader
son produit.
A
votre avis, quels sont les éléments indispensables pour
une négociation réussie ?
Le produit à vendre doit être bon. Il faut aussi avoir un
minimum de charisme et se montrer rassurant. Il faut être
à l'aise, mais pas trop et, surtout, démystifier l'enjeu.
Le rapport de force doit être rétabli. Vendeur et acheteur
doivent se placer sur un pied d'égalité pour engager une
négociation gagnant gagnant. Enfin, il faut être un passionné
de négociation.
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