Sylvain Breuzard (CJD)
"Les porteurs de projet ont davantage confiance"

Pour le président du Centre des jeunes dirigeants d'entreprise, la loi Dutreil offre un cadre favorable à l'esprit d'initiative. Et il y a urgence. (février 2004)
 
Le chaud et le froid
Une France en queue de peloton
Eric Heyer (OFCE)
La loi Dutreil en cinq points

Président du Centre des jeunes dirigeants d'entreprise (CJD), Sylvain Breuzard est aussi le PDG et fondateur de Norsys, une société de conseil et d'informatique. Ce dirigeant d'une quarantaine d'années estime que la loi Dutreil est capable de redonner confiance aux porteurs de projet. Reste encore à soutenir les PME déjà existantes, les seules capables de créer de l'emploi rapidement.

Quels facteurs expliquent la croissance des créations ex-nihilo de 12 % par rapport à 2002 (lire l'article) ?
Sylvain Breuzard. Une situation économique difficile, comme celle que nous vivons actuellement, pousse certaines personnes à créer leur entreprise. Cela peut concerner aussi bien des cadres qualifiés, qui ont quitté de grands groupes, que des travailleurs à faible qualification. Est-ce positif ou négatif ? Il est difficile d'en juger. Je pense également que la hausse de la création d'entreprise résulte de la loi Dutreil, dont les effets se ressentent déjà.

Le nombre moyen d'emplois par entreprise nouvelle, réactivée ou reprise, a légèrement baissé de 2 à 1,9 salariés. Pourquoi ce résultat reste-t-il si limité ?
Peu d'emplois sont créés car la situation économique est difficile. Le fait que le capital soit désormais libre avec la loi Dutreil peut aussi justifier cette baisse du nombre moyen d'emplois par entreprise nouvelle. Certaines nouvelles entreprises sont, de facto, des micro-entreprises.

Selon un sondage Ifop (lire l'article), de moins en moins de Français ont envie de créer une entreprise. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Les perspectives économiques me semblent plus heureuses, ce qui se traduit par des projets moins nombreux mais plus structurés et susceptibles de créer à terme des emplois. D'ailleurs, à l'OJD, nous observons une nouvelle tendance depuis décembre dernier. Les créateurs que nous rencontrons ont des projets vraiment conséquents, qui dépassent largement la volonté de créer son propre emploi.


La France a loupé un virage"

Dans la loi pour l'initiative économique, quels éléments vous semblent les plus importants ?
La loi Dutreil donne confiance aux porteurs de projet. Elle montre que ce n'est pas une affaire d'Etat de créer une entreprise. Le fait que le capital de la SARL soit libre est en ce sens important. La loi pour l'initiative économique permet aussi d'expérimenter une période de transition entre salariat et création. Mais l'évolution ne se fera pas du jour au lendemain. Je pense notamment que l'effort de formation mérite d'être renforcé.

Une étude mondiale (lire l'article) place la France dans le groupe des pays les plus faibles en matière de création d'entreprise. Comment expliquez-vous cette situation ?
La France, tout comme le Japon (Ndrl : également classé dans le dernier groupe), a une culture de grandes entreprises. Par exemple, dans les écoles de management ou d'ingénieurs, on ne parle que des grands comptes. L'esprit d'initiative est probablement moins fort en France que dans d'autres pays. Depuis vingt ans, les entreprises françaises ont perdu leur positionnement en matière d'innovation. Aujourd'hui, quels sont les nouveaux produits français ? Il y en a peu. Nous sommes encore au point sur des technologies cumulatives, par exemple dans les secteurs de l'automobile ou de l'aéronautique. Mais aucune entreprise informatique n'est française et les éditeurs de logiciels sont rares. La France a loupé un virage, ce qui a des conséquences sur l'emploi.

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Comment alors créer plus d'emplois ?
Deux grands facteurs favorisent l'emploi : la création d'entreprise et, surtout, le développement des PME. Il est regrettable que de nombreuses entreprises restent figées dans leur développement. Au CJD, nous proposons de réserver une partie des marchés publics aux PME, comme cela se fait aux Etats-Unis. Nous demandons également que les délais de règlement soient limités à trente jours pour toutes les entreprises. Il faut également simplifier les seuils sur le nombre de salariés pour éviter, par exemple, que certaines entreprises ne bloquent leur recrutement à 49 salariés. Pour lutter contre un effet boule de neige, l'Etat ne doit plus être créancier prioritaire en cas de difficultés financières. Les PME doivent aussi se rendre plus attractives pour réduire l'écart sur leurs avantages sociaux par rapport aux grands groupes. La formation des dirigeants doit être au cœur de préoccupations. Enfin, pour favoriser la recherche et l'innovation, je pense qu'il faut renforcer la coopération entre les laboratoires de recherche, les universités et les entreprises.

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Rédaction, Le Journal du Management


   
 
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