Comme pour beaucoup d'aspects financiers,
le la vient des Etats-Unis. Les stock-options,
portées au nu à la fin des années 90, ne sont
plus aujourd'hui en odeur de sainteté Outre-Atlantique. La chute
des marchés boursiers en 2001 et 2002, les scandales financiers
à répétition et les coûts comptables
engendrés ont fini par entacher ce mode de rémunération
complémentaire. Pour quantifier ce retournement de tendance,
Deloitte a interrogé 165 entreprises représentatives
du S&P 500 sur leur politique actuelle en matière de
stock-options. Ces entreprises sont à ranger dans la catégorie
des grands comptes : en moyenne, elles affichent un chiffre
d'affaires de 2 milliards de dollars pour un effectif de 8 000
salariés.
Le
comportement des entreprises américaines face aux stock-options
(source Deloitte)
|
|
Compte
réduire à l'avenir l'utilisation des stock-options
|
A
déjà réduit
l'utilisation des stock-options
|
Ne
compte pas réduire l'utilisation des stock-options
|
|
|
Premier
constat : les stock-options ne font plus figure d'outils stratégiques
pour les entreprises américaines. 29 % d'entre elles
ont d'ores et déjà réduit l'utilisation de
ce levier dans leur programme de motivation et de fidélisation
des salariés. Parmi les autres entreprises, 46 % indiquent
qu'elles devraient réduire dans les années à
venir l'emploi des stock-options. Au total donc, seules 25 %
des entreprises américaines ne remettent pas en cause leur
stratégie face à cet outil de rémunération
différé.
Ce recul de l'utilisation des stock-options
ne signifie pas, pour autant, une disparition pure et simple de
ce levier. Parmi les entreprises qui ont revu à la baisse
leur politique en la matière, elles ne sont que 17 %
à avoir supprimé les stock-options pour l'ensemble
de leurs salariés. Pour 48 % des entreprises, ce recul
se traduit au contraire par un élitisme plus marqué,
les stock-options étant désormais réservées
au managers et à l'équipe dirigeante.
Comment
s'est opéré le recul des stock-options dans
les entreprises américaines
(source Deloitte)
|
|
Stock-options
limitées aux managers et à l'équipe dirigeante
|
Réduction
des plans de stock-options pour les managers et l'équipe
dirigeante
|
Suppression
des stock-options pour l'ensemble des salariés
|
Eligibilité
aux stock-options liée à des objectifs
|
Réduction
générale de la taille des plans de stock-options
|
Réduction
générale de la fréquence des
plans de stock-options
|
|
|
D'autres entreprises (33 %), sûrement
habituées à des plans de stock-options importants
pour le haut de la pyramide hiérarchique, ont fait le chemin
inverse. Ces entreprises ont, au contraire, prioritairement freiné
l'emploi des stock-options pour les managers et l'équipe
dirigeante.
Reste à trouver, pour les entreprises qui font marche arrière,
comment remplacer les stock-options. Trois grandes pistes se dessinent
dans ce domaine : la moitié des entreprises s'appuie
désormais sur des apports en cash, ou des "restricted
stock bonus" (plans de dons d'actions conditionnels liés
aux performances du salarié) ou encore des "vested
stock bonus" (plans de dons d'actions liés à l'ancienneté
du salarié). Mais aucun de ces outils ne s'impose comme
le successeur naturel des stock-options : la plupart des entreprises
américaines combinent désormais deux ou trois véhicules
d'"incentive" différents.
En France, aucune étude ne dresse avec autant de détails
un état des lieux sur l'utilisation des stock-options. Selon
la Cegos, 80 % des entreprises du CAC 40 disposent de
plans de stock-options. Mais cet outil reste réservé
à une élite : seuls 1 % des salariés
sont concernés par ce mode de rémunération,
à hauteur de 1,2 à 2 millions d'euros par bénéficiaire.
Pour ces grands comptes, la Cegos ne note pas un recul des stock-options
mais plutôt un "tassement". Le début de la
fin ?
Un
témoignage, une question, un commentaire sur ce dossier ?
Réagissez
|
|