Pascal
Quiry (Groupe HEC)
"Sur le fond, cette norme est
critiquable"
Expert financier et
banquier d'affaires, Pascal Quiry estime que le projet de norme
vise avant tout à satisfaire les actionnaires. Pour les entreprises,
c'est une autre affaire. (février
2004)
Banquier d'affaires et professeur de finance au Groupe HEC, Pascal
Quiry est co-auteur de l'édition 2002 du livre Finance
d'entreprise initié par Pierre Vernimmen. En tant qu'expert
financier, il estime que la nouvelle norme comptable sur les stock-options,
proposée par l'IASB,
est problématique. Mais, pour lui, si cette norme est adoptée,
son impact devrait resté limité.
Quels
sont les bons concernés par cette nouvelle norme comptable ?
Pascal Quiry. Ce projet de norme touche tous les bons. C'est
assez logique puisque, d'une manière générale, l'IASB s'intéresse
à toutes les formes de rémunération.
Pensez-vous que ce projet
de norme va dans le bon sens ?
En tant que financier, je ne partage pas le point de vue de l'IASB
dans ce cas précis. Les plans de stock-options ont effectivement
un coût. Mais il est supporté par les actionnaires, et non par l'entreprise.
Il n'y a donc aucune raison de les comptabiliser en charge dans
le compte de résultat. Je pense que seules les options d'achat doivent
être comptabilisées en charge, mais pas les autres bons, notamment
les BCE.
Est-ce la fin des stock-options ?
Pas nécessairement. Cela va probablement limiter les excès. Ces
dernières années, des stock-options ont été attribuées
massivement à un coût très bas. Ces pratiques devraient cesser.
Mais il est excessif de parler de la fin des stock-options. C'est
un instrument utile qui implique le salarié sans lui faire prendre
trop de risque. Les actions distribuées sous conditions aux
salariés constituent, en revanche, un niveau de risque très
important.
Les stock-options représentent cependant
un coût pour les actionnaires
Les plans ont en effet un coût pour les actionnaires du fait de
la dilution. A une époque, les salariés ont profité du système.
Choqués, les actionnaires ont réagi. Ils se défendent aujourd'hui.
Mais ils ne peuvent pas tout avoir ! Ils ne gèrent pas l'entreprise.
Par ailleurs, ils ont leur mot à dire dans l'octroi de stock-options.
Les plans sont votés en assemblée générale, selon des règles démocratiques.
Les jeunes entreprises seront-elles
touchées par cette norme ?
Très peu sont cotées en Bourse. Or, la préoccupation de la valeur,
du résultat, concerne surtout les entreprises tenues de publier
leurs chiffres. Seules les jeunes entreprises cotées en Bourse seront
donc affectées. Mais je pense qu'elles ne se priveront pas pour
autant de recruter les collaborateurs dont elles ont besoin en leur
proposant des stock-options.
Cette norme va-t-elle être adoptée
?
Ce n'est pas certain. Elle n'a toujours pas été votée aux Etats-Unis.
L'IASB a pour objectif de faire converger les normes européennes
et américaines. Il faut donc l'accord des Etats-Unis sur ce point
pour que la norme devienne réalité.
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