La France et l'Europe face aux retraites

La France se trouve en queue de peloton des pays européens pour l'emploi des seniors avec un âge moyen de départ à la retraite de 58,8 ans. Une démographie qui pèse lourdement sur son système de retraite.

Le régime de retraite traditionnel repose sur le principe de la solidarité transgénérationnelle, les actifs payant les pensions des retraités. Un schéma qui fonctionne grâce à la supériorité numérique des actifs, qui permet de répartir le poids des pensions. Or, partout en Europe, l'allongement de la vie et le départ à la retraite de la génération papy-boom réduisent considérablement le ratio du nombre d'actifs par retraité.

Une situation de plus en plus délicate en France

En France, l'évolution de la situation depuis 1970 et les projections jusqu'en 2050 montrent que le ratio du nombre d'actifs par inactif de 60 ans ou plus est en baisse constante sur cette période. Les 80 ans qui séparent ces deux dates auront en effet vu le nombre d'actifs par retraités divisé par deux.

	Ratio actifs/inactifs de 60 ans ou plus Source : Projections de population active 2006, Insee

C'est pourquoi la situation nécessite une adaptation du régime par répartition : allongement de la durée de cotisation, hausse du taux de prélèvement et baisse des retraites sont les trois voies incontournables pour maintenir un système largement déficitaire.

Comparaison avec l'Europe

Deux spécificités de la France renforcent l'impact démographique du papy-boom : son faible taux d'emploi des seniors et l'âge précoce de départ à la retraite des salariés.

Ainsi, parmi les pays de l'Union européenne, la France est un mauvais élève en termes d'emploi des plus de 55 ans, avec seulement 37,9 % des travailleurs âgés de 55 à 64 ans en activité. L'Hexagone connaît en outre une nette déperdition entre la classe des 55-59 ans et celle des 60-64 ans, où le taux d'emploi tombe à 13,4 %. L'âge moyen de sortie du marché du travail y est de 58,8 ans contre 60,9 ans pour l'Union européenne (25 pays). En cause : le système des préretraites et la retraite à 60 ans. La France est en effet très réticente à augmenter l'âge légal de départ à la retraite pour l'aligner sur celui des autres pays européens, majoritairement 65 ans. C'est le cas de nos plus proches voisins : l'Allemagne, l'Espagne, la Finlande, l'Irlande, l'Italie (pour les hommes) ou encore le Royaume-Uni. Voir 67 ans pour le Danemark.

Dans les faits, les pays où les travailleurs partent le plus tard sont en Europe : l'Islande (66,3 ans), l'Irlande (64,1 ans), la Suède (63,7 ans), la Norvège (63,1 ans) et le Portugal (63,1 ans). L'Islande détient également le record du taux d'emploi des seniors avec 84,3 % des 55-64 ans en activité.

Le poids des réformes

Afin de s'adapter, le système par répartition a connu plusieurs réformes depuis 1993, la dernière en date étant la loi Fillon d'août 2003. Cette vaste réforme contenait plusieurs mesures pour inciter les salariés à travailler plus longtemps, dont le mécanisme de la surcote qui permet d'améliorer sa pension en cotisant des trimestres supplémentaires. Elle a également augmenté la durée de cotisation pour les salariés du privé et du public, pour atteindre 40 ans (160 trimestres) en 2008 et 41 ans (164 trimestres) d'ici 2012. Ensuite, la durée de cotisation augmentera proportionnellement à l'espérance de vie. Elle devrait atteindre environ 42 ans en 2020.

Finalement, les réformes ont deux conséquences majeures : l'augmentation de la durée de cotisation et la baisse du taux de remplacement, c'est à dire du rapport entre le montant de la retraite et celui du dernier salaire. Une bonne raison de songer à se constituer une retraite complémentaire.