DOSSIER 
.
.

Des femmes témoignent
"Il faut penser à s'épanouir"

Elle habite en Suisse, a 45 ans. Elle est directrice du DEA en droit, criminalité et sécurité des nouvelles technologies et directrice de l'Institut d'informatique et organisation à l'Ecole des Hautes études commerciales de l'université de Lausanne. Solange Ghernaouti-Hélie a une fille de 9 ans. Son mot d'ordre ? "Brisons les idées reçues et repensons les rôles sociaux !"

Témoignage précédent 
|
 Témoignage suivant

Egalité hommes-femmes : peut mieux faire
Nicole Ameline (ministre de la Parité)
La parité, une idée qui fait son chemin
Ann-Charlotte Pasquier (Aubade)
A chaque entreprise sa stratégie
Parité : ce que dit la loi

Vie professionnelle, vie personnelle : comment vous organisez-vous ?
Solange Ghernaouti-Hélie.
Mon mari habite et travaille à Paris la semaine. Nous partageons donc les tâches uniquement le week-end et durant les vacances. Depuis deux ans, j'ai une femme de ménage et garde d'enfant à domicile. Je profite d'une certaine flexibilité d'horaire, qui est toute relative et que ma profession m'autorise, pour m'occuper de ma fille. Cette disponibilité m'oblige à travailler mes activités de recherche et de publication le soir, une fois ma fille couchée, ou parfois très tôt le matin.

Quelle est la situation des femmes qui travaillent en Suisse ?
Le congé maternité n'existe pas. Certaines entreprises le proposent, aucun texte légal ne l'oblige. S'il existe, il peut avoir une durée variable d'une entreprise à l'autre. Le droit de vote a été accordé aux femmes au début des années 70. L'âge de la retraite des femmes est fixé à 65 ans sans prise en considération du nombre d'enfants. Statistiquement, à travail égal, une femme dispose ici d'un salaire d'environ 30 % inférieur à celui d'un homme. De manière générale, en Suisse, mais cela dépend des communes, il y a très peu de structures d'accueil pour la petite enfance et les enfants scolarisés. Les horaires et contraintes scolaires sont inadaptés, même pour un travail à temps partiel. L'idée que les femmes doivent s'occuper de leurs enfants, de leur mari, et rester à la maison, est largement partagée par une grande partie de la population, hommes et femmes confondus.

Quelle est la situation des femmes dans votre établissement ?
Les femmes occupent des fonctions administratives, très peu de fonction à responsabilités. Il est commun de penser que la femme est soit secrétaire, soit assistante, mais non professeur. Au début de ma carrière de professeur, on avait tendance à penser que j'étais l'assistante du professeur Ghernaouti ! Il m'arrive toujours de recevoir du courrier au nom de "monsieur"...

Quels sont les obstacles de votre vie professionnelle les plus durs à lever ?  
Les idées reçues relatives aux femmes, la peur des compétences et de la ténacité des femmes et la crainte de la concurrence féminine... La m
asse critique de femmes présentes dans les instances décisionnelles et politiques est insuffisante. Elles doivent en faire dix fois plus pour espérer être reconnues. On exige d'une femme une preuve de qualité que l'on ne demande jamais à un homme. Par ailleurs, la dureté de certaines femmes à l'égard d'autres est un vrai problème. Elles donnent une culpabilité aux femmes qui travaillent notamment à 100 %, taxées de mauvaises mères et de carriéristes.

Avez-vous arrêté de travailler pendant une période ?
Pas vraiment. J'ai arrêté trois semaines avant l'accouchement et trois mois après, y compris les vacances.

Selon vous, quelles solutions peut-on apporter aux inégalités entre femmes et hommes dans la vie professionnelle ?  
Au sein de l'entreprise, il faudrait établir des relations professionnelles dans le cadre d'un partenariat égalitaire, en respectant les différences, en considérant la diversité des genres comme un atout à partir duquel une plus-value peut être développée. Dans un premier temps, il faut adopter une politique de quotas ! : c'est la seule manière de rétablir l'équilibre de la représentativité, car à bien plaire, les femmes sont toujours évincées. Il faut aussi repenser certains critères de sélection des candidats, ou encore éduquer à ne pas avoir peur des femmes ou de leurs compétences. En dehors de l'entreprise, nous devons donner une intelligence sociale aux enfants afin de rompre le cercle vicieux de la catégorisation dévalorisante de la fille. Il faut arrêter d'inculquer aux filles un esprit de résignation, une âme de valet. Brisons les idées reçues et repensons les rôles sociaux !

Que conseillez-vous aux femmes qui souhaitent évoluer dans l'entreprise ? 
Les femmes doivent oser s'affirmer sur un pied d'égalité. Il faut penser le travail des femmes pas uniquement du point de vue de la nécessité financière ou d'une occupation pour passer le temps, mais comme une condition d'épanouissement personnel. Les femmes doivent s'organiser pour être disponibles, fixer des priorités, apprendre à faire des choix. Il faut aussi admettre que d'avoir des enfants en bas âge et une vie professionnelle trépidante est relativement incompatible.


Un témoignage, une question, un commentaire sur ce dossier ?
Réagissez
Rédaction, Le Journal du Management


   
 
Voir un exemple

Voir un exemple

Voir un exemple

Toutes nos newsletters
 
Revenir en haut