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Parité : des femmes témoignent
"Ne pas capituler face aux a prioris"

Elle habite dans le Nord, a 35 ans, et travaille comme responsable des études marketing dans la grande distribution. Sandrine Ducret-Jaudet, aujourd'hui séparée, a une fille de 4 ans. Elle a dû s'arrêter de travailler un an pour s'occuper de son enfant, alors atteint d'un cancer. Une expérience douloureuse, où elle a mesuré le problème des inégélités hommes-femmes.

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. Une nourrice périscolaire vient après l'école et le mercredi. Je n'ai pas de femme de ménage.

Quelle est la situation des femmes dans votre entreprise ?
Il n'y avait qu'une femme au Comité de direction. Elle a quitté l'entreprise en avril. Il y a quelques femmes directrices de magasin, sept environ sur 74 magasins, mais aucune femme directrice régionale. Beaucoup de femmes sont en fait au marketing, mais aucune à un poste de direction. On trouve des femmes principalement à des postes de cadres ou d'employés dans les services centraux. Mais depuis le changement de direction générale, je trouve qu'il est plus facile qu'avant de concilier sa vie de mère et sa vie professionnelle. Il m'est arrivé de devoir partir subitement pour ma fille, et cela n'a pas posé de problème.

Quels sont les obstacles de votre vie professionnelle les plus durs à lever ?  
Souvent les hommes à des postes importants ont du mal à intégrer que, pour une femme, se sentir épanouie dans sa vie de mère et pouvoir travailler avec des horaires aménagés, est fondamental. Or, si on acceptait de changer certaines mentalités ou idées reçues, nous, les femmes, serions aussi plus sereines, donc plus productives. Or, on a l'impression que c'est une faiblesse que d'accepter cette dualité propre aux femmes. Je suis aussi adjointe au maire dans ma commune : j'ai donc pas mal de travail sur mes dossiers de mairie. Normalement, ce statut d'adjointe me donne droit à prendre quatre heures par semaine pour assurer cette fonction. Chose que je ne fais jamais. Je travaille à l'heure du déjeuner, le soir après le travail ou pendant mes jours de RTT.

Avez-vous arrêté de travailler pendant une période ? Comment s'est passé votre retour à la vie active ?
Oui, je me suis arrêtée deux fois, une fois pour la naissance de ma fille. A mon retour, je changeais de poste au marketing. J'ai eu du mal au début. Je n'arrivais pas à me concentrer. La seconde fois, j'ai du arrêter brutalement un an, car ma petite fille est tombée très gravement malade en 2002. Son cancer a nécessité de longs et difficiles séjours en hôpital avec des traitements lourds. Je suis partie en congé de présence parentale. Quand ma fille a commencé à aller mieux, dix mois après le début de la maladie, j'ai pu envisager de revenir d'abord à mi-temps. Mais, mon n+1 s'était mis dans l'idée que je ne reviendrai plus du tout dans l'entreprise. Comme pour le statut d'élu, les entreprises ne sont pas préparées à ce genre d'événements. Or, ce sont les femmes souvent qui s'arrêtent de travailler pour accompagner l'enfant dans une longue maladie. Je suis revenue progressivement. A mi-temps, puis au 4/5ème, pour reprendre finalement à plein temps. Cela a été vraiment très très difficile. J'ai mis huit mois à reprendre pied complètement intellectuellement. Heureusement, le nouveau directeur marketing m'a fait confiance dans mes capacités à revenir, alors qu'il ne me connaissait pas. Pour conclure, l
e fait d'avoir des enfants engendre forcément des imprévus dans l'organisation des familles et donc des répercussions dans le travail. Or, les hommes, qui ont souvent des enfants et qui n'imagineraient pas que ce soit eux qui aillent s'occuper de leur enfant malade, ont du mal à accepter que les femmes subalternes s'absentent pour s'occuper d'un enfant malade. Mais le pire ne vient pas des hommes, mais des femmes qui ne travaillent pas. Souvent ce sont elles qui nous reprochent et cherchent à nous culpabiliser de travailler tout en ayant des enfants.

Selon vous, quelles solutions peut-on apporter aux inégalités entre femmes et hommes dans la vie professionnelle ?  
Accepter la différence de rôles entre les hommes et les femmes. Il faudrait également aménager des structures de garde et de services pour enfants dans les entreprises : crèche, service de récupération des enfants après l'école, assistance maladie.... Je suis certaine qu'il y a plein de choses à faire, qui en plus permettraient de créer des emplois et de valoriser les entreprises qui prennent en compte ces aspects familiaux. Les pouvoirs publics ne peuvent pas tout régler. Les entreprises peuvent aussi jouer un rôle social en acceptant ces contraintes et en les intégrant dans leur système.

Que conseillez-vous aux femmes qui souhaitent évoluer dans l'entreprise ? 
Ne pas capituler devant les idées reçues. Chaque femme doit pouvoir choisir de travailler ou pas, d'évoluer ou pas selon ses propres capacités, aspirations, volonté, et non selon les diktats de la société qui le plus souvent émanent des hommes !

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Rédaction, Le Journal du Management


   
 
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