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(juin 2004)

Syndicats de cadres
Le retour des revendications

Au plan européen, la population cadre française affiche un taux de syndicalisation des plus réduits. Mais de plus en plus de cadres sont prêts à accompagner un mouvement social.
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Jean-Paul Juès (ESG)
Pierre Lacombe (Dassault Aviation)
Marc-Antoine Marcantoni (Thales Communications)

Avec presque 32 millions d'individus en Europe, dont 3,7 millions en France, la population des cadres est loin d'être négligeable dans le panorama économique. Mais en l'espace de trente ans, tout a changé pour cette frange de salariés. Autrefois considérée comme une caste privilégiée, la population des cadres a découvert à partir des années 70 les affres de la crise, avec restructurations et licenciements à la clef. Une nouvelle forme de pression qui s'est traduite par une dégradation progressive des liens avec l'entreprise. Entre 1984 et 2000, le nombre de contentieux impliquant des cadres a par exemple augmenté de 70 % en France.

Aujourd'hui, dans l'Hexagone, quelques 350 000 cadres sont syndiqués. Ce chiffre n'est qu'une estimation, tant le dénombrement est un art compliqué dans le monde syndical. Au niveau de l'Union européenne, le calcul n'est guère plus simple. Les cadres européens sont représentés par deux grandes organisations : Eurocadres, créée en 1993, et la Confédération Européenne des Cadres, fondée en 1973. Eurocadres regroupe cinq millions de cadres affiliés dans l'ancienne Europe des Quinze.

"Le syndicalisme cadres est présent et actif partout en Europe. Ses structures sont très diversifiées selon les pays, admet Michel Rousselot, président d'Eurocadres. Les taux de syndicalisation diffèrent d'un pays à l'autre, suivant l'histoire nationale et la culture sociale. En France, en Espagne et en Italie, les unions de cadres sont par exemple reliées aux grandes confédérations. Dans les pays nordiques, le syndicalisme est fondé sur des structures par niveau de qualification."

Les taux moyens de syndicalisation des cadres en Europe
(source : Eurocadres)
Pays
Taux de syndicalisation
Pays scandinaves 
  80 %
Belgique
  40 %
Royaume-Uni 
  20 %
Allemagne 
  15 %
Espagne
  15 %
Italie
  15 %
France
  9 %

Résultat : au palmarès européen du taux de syndicalisation, les cadres français ne brillent pas vraiment. En France, selon Eurocadres, le taux de syndicalisation serait d'environ 9 %. Un score inférieur à celui de l'Allemagne (15 %) ou du Royaume-Uni (20 %), et qui arrive loin derrière celui des pays scandinaves (80 %). Malgré l'explosion des contentieux, le syndicalisme ne fait donc guère recette chez les cadres français.

"Dans un contexte général d'un marasme syndical en France, il n'y a pas de raison que le syndicalisme cadre se développe fortement dans les prochaines années, analyse Guy Groux, sociologue, directeur de recherche au CNRS Cevipof (Centre de recherche politique de Sciences Po). D'autant plus qu'avec l'application des 35 heures, trois régimes horaires ont été créés selon le niveau dans l'entreprise. La catégorie cadre a donc connu un premier "éclatement"."

Jean-Paul Juès (ESG)
Pierre Lacombe (Dassault Aviation)
Marc-Antoine Marcantoni (Thales Communications)

Attention pourtant, il serait trop simple de croire que le syndicalisme cadre est mort et enterré en France. Certes, la part des "encartés" y est faible. Mais face aux grands dossiers que sont les retraites, la couverture sociale, les délocalisations ou encore les 35 heures, la sensibilité des cadres pour l'action syndicale reste élevée. Selon le baromètre annuel mené par le cabinet d'audit social Epsy, la part des cadres enclins à accompagner un mouvement social dans leur entreprise est passée entre 2002 et 2003 de 40 à 55 %. Le syndicalisme cadre n'a pas dit son dernier mot.

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