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DOSSIER 
 
20/10/2004

Gérer l'urgence
Les professionnels de l'urgence

Leur métier les amène à gérer des urgences parfois extrêmes. Leurs conseils pour aborder l'urgence.
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Jérôme Bansard, 56 ans, commandant de bord

"S'entraîner pour apprendre à réagir"

Jérôme Bansard est commandant de bord instructeur chez Air France, vice-président du Syndicat National des Pilotes de Ligne. Il a suivi sa formation de pilote à l'Institut Amaury de la Grange. Jérôme Bansard a travaillé dans le secteur de l'aviation d'affaires. Il a enchaîné ensuite Air Inter, puis l'Aéropostale, avant de rejoindre Air France, où il pilote des Airbus A320. La gestion de l'urgence fait partie de son entraînement.


Dossier
Savoir travailler dans l'urgence

Pour vous, qu'est-ce que l'urgence ?
Jérôme Bansard. Quand on parle d'urgence, en aviation, on dit souvent "Quand il y a le feu, il n'y a pas le feu". Cela signifie que ce n'est surtout pas le moment de se précipiter. L'urgence, c'est un moment que l'on doit traiter en équipage, pour ne pas faire n'importe quoi.

Comment êtes-vous formé à affronter les situations d'urgence ?
Tous les pilotes qui travaillent avec le JAR-OPS (Ndlr : un standard européen relatif au programme de formation des pilotes de l'aviation commerciale), c'est-à-dire en gros l'Europe des Quinze, ont l'obligation de suivre chaque année quatre séances de simulateur de quatre heures chacune. Aux Etats-Unis et au Canada, on retrouve un système similaire. Dans ces séances, le pilote doit réaliser différentes procédures d'urgence et manœuvres d'urgence. Pour les procédures, soit la liste des actions à faire s'affiche sur un écran, s'il y en a un dans le cockpit, soit elle se présente sous forme de check-list papier. Quant aux manœuvres, il faut les réaliser de mémoire. Par exemple, si un hublot se détache en plein vol, il existe une manœuvre à connaître et à réaliser en 45 secondes, sinon tout le monde y passe. Recréer ce genre de situations avant de les rencontrer est la meilleure façon d'apprendre à réagir si elles surviennent.

Avez-vous déjà eu à gérer une situation d'urgence ?
En 14.000 heures de vol et trente ans de carrière, la seule chose qui m'est arrivé, par deux fois, c'est l'arrêt d'un réacteur en croisière. Autrement, ce sont de petites pannes qui provoquent une situation de stress, mais pas d'urgence. Dans ce cas précis, nous avons la nécessité de poser l'appareil sur l'aéroport le plus adapté le plus proche. J'ai donc prévenu le contrôle que je me déroutais en donnant la raison de cette décision. Dans ce cas, le signal radio pour signaler une situation d'urgence est "Mayday, Mayday, Mayday". Si l'urgence est un problème sérieux, mais sans péril immédiat, le message est "Panne, panne, panne". Ainsi, le niveau de priorité est codifié.


Tout le monde vérifie ce que tout le monde fait"

Quelles méthodes mettez-vous en œuvre quand il s'agit de prendre les bonnes décisions en un temps limité ?
Nous nous servons des check lists, que nous avons répétées de nombreuses fois en simulateur. Nous lisons à haute voix ce que nous faisons, et tout le monde vérifie ce que tout le monde fait. Nous appliquons un modèle de travail en équipe où plusieurs "plaques" se superposent pour limiter les risques.

Quelles sont les qualités principales pour bien réagir dans des situations d'urgence ?
Je ne pense pas qu'il y ait de qualité innée, car en situation d'urgence, on peut réagir différemment d'un jour sur l'autre. Mais c'est comme pour un exposé : si on l'a bien appris et qu'on l'a déjà présenté plusieurs fois, on maîtrise mieux son stress.

Comment gérez-vous le stress postérieur aux situations d'urgence que vous pouvez rencontrer ?
Lorsqu'il y a un gros problème dans un avion, à l'arrivée nous attend une cellule de crise composée de l'encadrement, de psychologues et de médecins du travail.


  

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