Carrière
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INTERVIEW
octobre
2004
Jean-Luc
Cazettes (CFE-CGC)
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Des éléments variables à multiples facettes |
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Etes-vous étonné par les résultats
de votre enquête annuelle qui démontre qu'une majorité de cadres ont vu leur pouvoir d'achat baisser ?
Jean-Luc Cazettes. Nous ne sommes pas étonnés par la tendance
mais par l'ampleur des résultats. Nous ne nous attendions pas à
une baisse du pouvoir d'achat pour plus de 70 % de l'échantillon.
Comment
expliquez-vous cette baisse du pouvoir d'achat ?
Le transfert des augmentations générales aux augmentations individuelles
laissent la moitié des cadres sur le bord du chemin. Par ailleurs, certains
cadres ont eu une augmentation inférieure à l'inflation. D'autres bénéficient
de rémunérations annexes ou de primes ponctuelles mais pas d'augmentation
du salaire de base, par définition plus pérenne.
A qui profite la négociation individuelle
?
En toute logique, la négociation individuelle s'avère plus profitable
aux jeunes. C'est d'ailleurs l'effet recherché. Certains métiers,
comme la vente ou la recherche, sont plus porteurs. Ils profitent
de systèmes de primes, en plus des augmentations générales et individuelles.
Le manque de lisibilité des rémunérations empêche la comparaison" |
Les grands perdants restent les femmes
et les seniors. Dans quel état d'esprit sont-ils ?
Les seniors sont complètement démotivés. Ils font la queue pour
partir le plus vite possible de leur entreprise, dans le cadre
de plans de départ anticipé. Cela ne s'explique pas uniquement par
la stagnation de leur rémunération. Ils sont également bloqués dans
leur activité professionnelle, voire même complétement
mis au placard. Pour l'instant, aucune grande entreprise n'échappe
à la règle. Elles baissent toutes leurs effectifs et portent en
premier lieu leurs efforts sur les seniors, qu'il est plus facile
de faire partir que les autres. Les femmes, quant à elles, bénéficient
d'augmentations inférieures à poste égal et sont moins nombreuses
à accéder aux postes les mieux rémunérés. L'écart entre hommes et
femmes se creuse donc.
La rémunération se considère aujourd'hui
de manière globale. Est-il donc pertinent de raisonner en terme
de salaire ?
La contre-partie du travail apporté à l'entreprise devrait permettre
au salarié de vivre, de se projeter et de s'engager sur l'avenir.
Le développement de la partie variable du salaire, sans pérennité,
a des conséquences économiques. Cela limite par exemple les projets
immobiliers. Par ailleurs, le manque de lisibilité des rémunérations
empêche toute possibilité de comparaisons entre entreprises et même
entre collègues. Même les intéressés ne comprennent pas tout. Cela
contribue à renforcer le rapport de force en faveur des entreprises
lors de négociations individuelles. Il faut être très précis dans
la définition de sa rémunération. Les modalités de calcul de l'intéressement
selon le chiffre d'affaires ou encore les économies réalisées doivent
être normalisées et connues.
Quelles composantes de la rémunération
se développent-elles ?
L'intéressement et les primes se multiplient. Les avantages en nature
restent marginaux.
La courbe démographique va s'inverser" |
Individuellement, que peut-on négocier
?
Dans le contexte actuel, on ne peut pas négocier son salaire de
base. Il faut donc se concentrer sur les avantages extérieurs comme
les primes, l'intéressement ou la participation. Pour les jeunes,
le meilleur moyen de développer leur rémunération et leur compétence
reste la mobilité.
Quelles sont les perspectives pour
2004-2005 ?
La situation devrait s'améliorer, la courbe démographique
va s'inverser. Les entreprises vont commencer à ressentir la pénurie
de cadres. Le rapport de force sera différent. Mais dans un premier
temps, les seniors ne seront pas touchés par cette embellie.
La tendance à l'individualisation des
négociations va-t-elle se confirmer ?
Je crains que les négociations soient à l'avenir largement individualisées.
Cela risque de creuser les écarts existants entre cadres.
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D'après Les
Echos, votre entreprise,
Total, vous verse 8.300 euros nets par mois, salaire qui vous place
très largement en tête des leaders syndicaux. Comment expliquez-vous
cet écart ?
Ce chiffre correspond en fait à l'ensemble de mes revenus, et pas
seulement à mon salaire. Je reçois par exemple une retraite du Conseil
économique et social. Ma rémunération est d'environ 7.000 euros
nets par mois. Cela s'explique par le fait que je suis cadre dirigeant.
Cela correspond à peu près à ce que je touchais auparavant. Je n'ai
bien sûr pas eu de revalorisation importante ces dernières années.
D'une manière générale, le secteur pétrolier rémunère bien ses salariés.
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Parcours
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Jean-Luc Cazettes est né en 1943 à Alger. Licencié en sciences économiques, il est aujourd'hui rattaché à l'état major informatique du groupe Total. Il est adhérent CGC depuis 1973. Devenu délégué central CFE-CGC pour l'ensemble du groupe Elf Aquitaine en 1985 et président du Syndicat des cadres du pétrole (SPIP) en 1987, il entre au Comité confédéral de la CFE-CGC en 1975. Il est élu président confédéral au congrès de Tours le 18 juin 1999 puis réélu président confédéral au congrès d'Issy-les-Moulineaux le 6 novembre 2003. |
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