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INTERVIEW
03/11/2004
Christian
Cor (Consotel)
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Le casse-tête du cost-killer |
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Christian Cor est directeur associé de Consotel, une société de conseil spécialisée dans l'optimisation des dépenses téléphoniques et des achats télécoms, qui intervient notamment auprès de grands comptes tels que LVMH, Bull, Vivarte ou Galeries Lafayette. Rompu aux pratiques tarifaires du marché, les factures télécoms des entreprises n'ont plus de secret pour lui.
Qu'est-ce qu'une société comme la vôtre
peut apporter à une entreprise ?
Christian Cor. Nous accompagnons les entreprises autour de
la réduction et de la gestion des coûts liés à la téléphonie fixe,
à la data et à la mobilité. Nous intervenons sur des missions généralement
ponctuelles, de deux façons : pour réduire le coût des achats, ou
pour redimensionner les abonnements. Nous ne sommes pas un courtier
car nous n'achetons pas. Notre valeur ajoutée, c'est une très grande
connaissance des bases de données et des pratiques tarifaires du
marché : tarifs publics, tarifs prémarketés en fonction de la volumétrie,
offres sur mesure
Quelles
solutions existent pour réduire ses dépenses télécoms ?
Dans le cas d'une simple réduction des coûts, on passe un appel
d'offres formel, ou on renégocie en direct avec les prestataires.
Il faut savoir qu'une entreprise n'est pas obligée de changer d'opérateur
pour obtenir de bons tarifs négociés. Quant au redimensionnement
d'abonnement, cela consiste à nettoyer les factures des clients,
en supprimant les abonnements et les options qui ne servent pas
ou qui ne sont pas utiles.
Concrètement, en quoi consistent de
tels "nettoyages" ?
Les abonnements qui ne servent plus à rien sont une énorme manne
pour France Télécom. Cela peut prendre la forme de lignes téléphoniques
qui ne sont plus utilisées, par exemple parce qu'elles
ont été créées pour une opération promotionnelle ponctuelle et qu'elles
n'ont pas été résiliées, ou encore parce qu'elles correspondent
à des bureaux qui ont fermé depuis, comme c'était le cas pour 20
% des sites facturés aux Assedic du Centre. Chez Séphora, nous avons
ainsi résilié 300 lignes, ce qui représente 59.000 euros d'économies
par an. Autre exemple : les factures des entreprises sont remplies
de locations de téléphones S63 (Ndlr : les vieux modèles à cadran
en cours dans les années 60-70), car il n'y a jamais eu de restitution
formelle. Idem avec les Minitels. Souvent, aussi, l'impulsion de
taxe, qui n'existe plus, est toujours facturée : c'était autrefois
le moyen de calculer le coût d'une communication, en la caractérisant
par le nombre d'unités de taxes qu'elle engendrait. Or, désormais
la plupart des tarifs fonctionnent à la durée. Nous vérifions aussi
que les factures sont mensualisées, ce qui fait gagner en trésorerie.
Quels moyens employez-vous pour auditer les entreprises et analyser leurs besoins ?
Nous traitons des fichiers bruts France Télécom, qui contiennent
l'ensemble de ce qui est facturé. Grâce au logiciel que nous avons
développé, nous sortons automatiquement l'analyse. Pour
les autres opérateurs, cette phase n'existe pas car les fichiers
sont beaucoup plus faciles à exploiter : il n'y a pas tant d'options,
pas de locations, pas d'impulsions de taxes
Nous avons aussi une
activité de développement logiciel, liée à des services. Ces logiciels
permettent de faire de la vérification de facture, pour s'assurer
par exemple que les conditions négociées sont bien respectées. Ils permettent également
de faire de la veille, pour vérifier que le client se situe toujours dans
les conditions du marché, de la consolidation de factures, pour
donner une vision globale des dépenses. Et, enfin, ces logiciels permettent du reporting analytique
multi-sites et multi-opérateurs, par le biais de tableaux de bord
accessibles en ligne.
A partir de 1.000 euros par mois, l'entreprise peut négocier" |
Qui fait appel à vous en général,
et à quelle occasion ?
Notre cur de cible, ce sont les grosses entreprises multi-sites,
au delà de 500 personnes. Mais nous avons aussi des clients PME.
Les entreprises font en général appel à nous à l'occasion de restrictions
budgétaires. Mais la plupart de nos interlocuteurs, qu'ils soient
contrôleurs de gestion, acheteurs ou directeurs financiers, n'ont
pas idée de ce qu'est le redimensionnement d'abonnements.
A partir de quel volume de consommation
une entreprise dispose-t-elle d'un pouvoir de négociation face aux
opérateurs ?
A partir de 1.000 euros par mois, environ.
Quelles économies peut-on attendre
de l'optimisation de ses achats télécoms ?
La fourchette moyenne se situe entre 20 % et 30 % de l'adressable.
Pour un grand groupe français, nous avons fait baisser la facture
voix de 48 %. Pour Bull, l'économie s'est chiffrée à 3 millions
d'euros en 2003, dans le cadre d'un plan d'action global qui a permis
de diviser par deux leur budget total télécoms. Les Assedic du Centre
ont gagné 90.000 euros sur leurs abonnements.
Sur quels éléments s'appuie le choix de
changer d'opérateur ou non ?
Certains clients imposent leurs contraintes : ils veulent travailler
avec X et pas avec Y. C'est d'abord un contexte politique. Ensuite,
il y a la partie tarifaire. Puis les freins au changement, l'image
des opérateurs auprès des décideurs, et la qualité de service :
facturation, organisation du déploiement, etc. Certaines entreprises
ne sont pas du tout prêtes psychologiquement à changer d'opérateur.
De toute façon, on ne se sépare presque jamais complètement de France
Télécom, sauf si les lignes sont dégroupées ou si la fibre passe
dans l'immeuble.
Qui a intérêt à passer à la VoIP aujourd'hui
?
Il est rare que cela soit utile. Il faut d'abord vérifier que le
PABX est compatible. Si celui-ci est récent, l'investissement est
nul, sinon cela peut coûter cher. De plus, cela ne concerne qu'une
partie du trafic, à savoir le trafic inter-sites. Enfin, l'économie
est de plus en plus faible par rapport aux tarifs hors VoIP, qui
chutent constamment. Au final, le retour sur investissement peut
prendre de nombreuses années. Le tout VoIP ne concerne que le grand
public. Cette offre n'est pas adaptée à l'entreprise, car il y a
des jours où cela ne fonctionne pas très bien, où l'on entend un
écho, par exemple.
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Les appels des fixes vers les mobiles
coûtent cher. A-t-on intérêt à remplacer les lignes fixes par des
mobiles ?
En général non. Tout d'abord parce qu'il est difficile de toucher aux
habitudes des gens. Ensuite, parce que le mobile procure moins de confort
et moins de services, comme les conférences à trois, par exemple.
Les fonctions du standard ne sont plus là non plus. Avec la réforme
de l'ART sur les tarifs de fixe à mobile, même l'installation de
passerelles va devenir de moins en moins rentable.
Le casse-tête du cost-killer |
Parcours
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Christian Cor a fondé Consotel en 2000, avec Vincent Michel, qui a travaillé sept ans à l'ART puis chez l'opérateur MCI WorldCom, et Damien Bretillot. C'est avec ce dernier qu'il avait déjà créé sa première société, US Rappel, spécialisée dans le call-back / routage, et revendue en 1997 à l'opérateur américain LDI Télécom. Ils ont dirigé cette structure jusqu'en 1999. Christian Cor a suivi une formation en informatique, complétée par un diplôme de l'EBS (European Business School). |
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