Journal du Net > Management >  Téléphonie fixe d'entreprise : Christian Cor (Consotel)
INTERVIEW
 
03/11/2004

Christian Cor (Consotel)
L'entreprise peut économiser 20 à 30 % sur ses achats télécoms

Christian Cor, spécialiste de l'optimisation des dépenses télécoms, dresse l'inventaire des solutions existantes pour réduire la facture en entreprise.
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Le casse-tête
du cost-killer

Le casse-tête du cost-killer
Le comparatif
Ils ont déjà testé
Cinq principes pour réduire sa facture

Christian Cor est directeur associé de Consotel, une société de conseil spécialisée dans l'optimisation des dépenses téléphoniques et des achats télécoms, qui intervient notamment auprès de grands comptes tels que LVMH, Bull, Vivarte ou Galeries Lafayette. Rompu aux pratiques tarifaires du marché, les factures télécoms des entreprises n'ont plus de secret pour lui.

Qu'est-ce qu'une société comme la vôtre peut apporter à une entreprise ?
Christian Cor. Nous accompagnons les entreprises autour de la réduction et de la gestion des coûts liés à la téléphonie fixe, à la data et à la mobilité. Nous intervenons sur des missions généralement ponctuelles, de deux façons : pour réduire le coût des achats, ou pour redimensionner les abonnements. Nous ne sommes pas un courtier car nous n'achetons pas. Notre valeur ajoutée, c'est une très grande connaissance des bases de données et des pratiques tarifaires du marché : tarifs publics, tarifs prémarketés en fonction de la volumétrie, offres sur mesure…

Quelles solutions existent pour réduire ses dépenses télécoms ?
Dans le cas d'une simple réduction des coûts, on passe un appel d'offres formel, ou on renégocie en direct avec les prestataires. Il faut savoir qu'une entreprise n'est pas obligée de changer d'opérateur pour obtenir de bons tarifs négociés. Quant au redimensionnement d'abonnement, cela consiste à nettoyer les factures des clients, en supprimant les abonnements et les options qui ne servent pas ou qui ne sont pas utiles.

Concrètement, en quoi consistent de tels "nettoyages" ?
Les abonnements qui ne servent plus à rien sont une énorme manne pour France Télécom. Cela peut prendre la forme de lignes téléphoniques qui ne sont plus utilisées, par exemple parce qu'elles ont été créées pour une opération promotionnelle ponctuelle et qu'elles n'ont pas été résiliées, ou encore parce qu'elles correspondent à des bureaux qui ont fermé depuis, comme c'était le cas pour 20 % des sites facturés aux Assedic du Centre. Chez Séphora, nous avons ainsi résilié 300 lignes, ce qui représente 59.000 euros d'économies par an. Autre exemple : les factures des entreprises sont remplies de locations de téléphones S63 (Ndlr : les vieux modèles à cadran en cours dans les années 60-70), car il n'y a jamais eu de restitution formelle. Idem avec les Minitels. Souvent, aussi, l'impulsion de taxe, qui n'existe plus, est toujours facturée : c'était autrefois le moyen de calculer le coût d'une communication, en la caractérisant par le nombre d'unités de taxes qu'elle engendrait. Or, désormais la plupart des tarifs fonctionnent à la durée. Nous vérifions aussi que les factures sont mensualisées, ce qui fait gagner en trésorerie.

Quels moyens employez-vous pour auditer les entreprises et analyser leurs besoins ?
Nous traitons des fichiers bruts France Télécom, qui contiennent l'ensemble de ce qui est facturé. Grâce au logiciel que nous avons développé, nous sortons automatiquement l'analyse. Pour les autres opérateurs, cette phase n'existe pas car les fichiers sont beaucoup plus faciles à exploiter : il n'y a pas tant d'options, pas de locations, pas d'impulsions de taxes… Nous avons aussi une activité de développement logiciel, liée à des services. Ces logiciels permettent de faire de la vérification de facture, pour s'assurer par exemple que les conditions négociées sont bien respectées. Ils permettent également de faire de la veille, pour vérifier que le client se situe toujours dans les conditions du marché, de la consolidation de factures, pour donner une vision globale des dépenses. Et, enfin, ces logiciels permettent du reporting analytique multi-sites et multi-opérateurs, par le biais de tableaux de bord accessibles en ligne.


A partir de 1.000 euros par mois, l'entreprise peut négocier"

Qui fait appel à vous en général, et à quelle occasion ?
Notre cœur de cible, ce sont les grosses entreprises multi-sites, au delà de 500 personnes. Mais nous avons aussi des clients PME. Les entreprises font en général appel à nous à l'occasion de restrictions budgétaires. Mais la plupart de nos interlocuteurs, qu'ils soient contrôleurs de gestion, acheteurs ou directeurs financiers, n'ont pas idée de ce qu'est le redimensionnement d'abonnements.

A partir de quel volume de consommation une entreprise dispose-t-elle d'un pouvoir de négociation face aux opérateurs  ?
A partir de 1.000 euros par mois, environ.

Quelles économies peut-on attendre de l'optimisation de ses achats télécoms ?
La fourchette moyenne se situe entre 20 % et 30 % de l'adressable. Pour un grand groupe français, nous avons fait baisser la facture voix de 48 %. Pour Bull, l'économie s'est chiffrée à 3 millions d'euros en 2003, dans le cadre d'un plan d'action global qui a permis de diviser par deux leur budget total télécoms. Les Assedic du Centre ont gagné 90.000 euros sur leurs abonnements.

Sur quels éléments s'appuie le choix de changer d'opérateur ou non ?
Certains clients imposent leurs contraintes : ils veulent travailler avec X et pas avec Y. C'est d'abord un contexte politique. Ensuite, il y a la partie tarifaire. Puis les freins au changement, l'image des opérateurs auprès des décideurs, et la qualité de service : facturation, organisation du déploiement, etc. Certaines entreprises ne sont pas du tout prêtes psychologiquement à changer d'opérateur. De toute façon, on ne se sépare presque jamais complètement de France Télécom, sauf si les lignes sont dégroupées ou si la fibre passe dans l'immeuble.

Qui a intérêt à passer à la VoIP aujourd'hui ?
Il est rare que cela soit utile. Il faut d'abord vérifier que le PABX est compatible. Si celui-ci est récent, l'investissement est nul, sinon cela peut coûter cher. De plus, cela ne concerne qu'une partie du trafic, à savoir le trafic inter-sites. Enfin, l'économie est de plus en plus faible par rapport aux tarifs hors VoIP, qui chutent constamment. Au final, le retour sur investissement peut prendre de nombreuses années. Le tout VoIP ne concerne que le grand public. Cette offre n'est pas adaptée à l'entreprise, car il y a des jours où cela ne fonctionne pas très bien, où l'on entend un écho, par exemple.

Le casse-tête du cost-killer
Le comparatif
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Cinq principes pour réduire sa facture

Les appels des fixes vers les mobiles coûtent cher. A-t-on intérêt à remplacer les lignes fixes par des mobiles ?
En général non. Tout d'abord parce qu'il est difficile de toucher aux habitudes des gens. Ensuite, parce que le mobile procure moins de confort et moins de services, comme les conférences à trois, par exemple. Les fonctions du standard ne sont plus là non plus. Avec la réforme de l'ART sur les tarifs de fixe à mobile, même l'installation de passerelles va devenir de moins en moins rentable.

Le casse-tête
du cost-killer

Parcours

Christian Cor a fondé Consotel en 2000, avec Vincent Michel, qui a travaillé sept ans à l'ART puis chez l'opérateur MCI WorldCom, et Damien Bretillot. C'est avec ce dernier qu'il avait déjà créé sa première société, US Rappel, spécialisée dans le call-back / routage, et revendue en 1997 à l'opérateur américain LDI Télécom. Ils ont dirigé cette structure jusqu'en 1999. Christian Cor a suivi une formation en informatique, complétée par un diplôme de l'EBS (European Business School).


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