08/12/2004
Bien vivre les nouvelles technologies Nouveaux outils, nouveaux paradoxes
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Les
outils informatiques permettent de gagner en efficacité. Mais cette efficacité introduit des écueils pour les utilisateurs : profusion, standardisation et interdépendance. |
Les nouvelles technologies se sont largement diffusées dans le monde professionnel. Selon une enquête réalisée en France par l'Institut Chronopost, 97 % des cadres utilisent aujourd'hui un ordinateur dans le cadre de leur travail et 51 % un téléphone mobile. Cette diffusion généralisée n'est pas sans poser quelques problèmes. D'après le baromètre CFE-CGC, 37 % des cadres estiment également que ces nouveaux outils apportent des effets négatifs, généralement induits par trois grands paradoxes.
Rapidité et profusion
"Les nouvelles technologies contribuent à produire des
quantités d'information croissantes, relève Philippe
Douillet, chargé de mission au département santé et travail de l'Anact
(Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail).
Il faut avoir le temps et les moyens de les gérer."
Or, l'évolution actuelle du travail exige parfois une prise de décision
très rapide. Pour ne pas être ralentis par les nouvelles technologies, les managers doivent donc bénéficier d'une simplification
de la situation. "C'est tout le paradoxe par exemple des outils de gestion, note Fabien de Geuser, professeur
assistant à HEC-Lausanne. Ils doivent
à la fois représenter la complexité de l'information,
mais aussi offrir une simplification nécessaire à
la prise de décisions." Pour limiter ce paradoxe, l'entreprise doit établir des tableaux de bord personnalisables pour chaque fonction de l'entreprise.
Standardisation et diversité
Alors qu'ils centralisent ue grande quantité d'informations, beaucoup d'outils et de solutions informatiques sont nécessairement standardisés. Alors que sur Excel
il est par exemple possible de "bidouiller", en ajoutant une donnée
ou un nom de colonne, sur les outils de gestion intégrés l'affaire est généralement plus complexe. "Sur bien des outils, le salarié remplit un formulaire sur lequel
il n'a aucune prise", insiste Fabien de Geuser. Or cette standardisation peut devenir un écueil pour les managers, une sorte de formatage qui laisse de côté des détails qui, mis bout à bout, peuvent pourtant expliquer beaucoup de choses. "C'est un fait, les outils de gestion sont rarement faits sur
mesure et les consultants ne prennent pas toujours le
temps de bien les paramétrer", pousuit Fabien de Geuser. Du coup, ces mêmes outils n'offrent qu'une vision partielle de la réalité. Pour éviter ce paradoxe, l'entreprise doit permettre dans chaque outil d'intégrer des données non standardisées, parfois sous la simple forme d'un champ textuel.
Interdépendance et implication
Les outils informatiques sont de plus en plus intégrés, les
informations se trouvant ainsi interdépendantes. Si un chiffre
change, par exemple un prix de production, cette variation aura des conséquences
immédiates sur d'autres données. "Cette intégration
permet de tenir compte de la situation de l'entreprise en temps
réel, analyse Philippe
Douillet. Mais cela signifie aussi que des utilisateurs voient apparaître
une nouvelle donnée sans qu'ils ne sachent réellement pourquoi elle a changé." Cette forme de complexité peut agir sur le degré d'implication des salariés qui ont alors le sentiment de subir des outils mis à la disposition dans le but, pourtant, de leur apporter des informations. Pour déjouer ce paradoxe, l'entreprise doit ici jouer la carte de la pédagogie en expliquant chaque indicateur.
Le risque TMS
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Le poste de travail peut aussi contribuer
au développement de pathologies. Les TMS, ou troubles musculo-squelettiques,
concernent principalement les activités manuelles répétitives,
mais le travail sur ordinateur n'est pas épargné.
Ces troubles sont provoqués par l'hypersollicitation des tendons,
des gaines, des nerfs et des tissus autour des articulations. Les
symptômes les plus courants sont des douleurs aux poignets, aux
épaules et aux coudes, au moindre mouvement ou au moindre effort. "Pour l'instant, le nombre de cas déclarés par
des cadres aux médecins du travail reste très faible,
note Philippe Douillet, chargé de mission au département santé et
travail de l'Anact (Agence nationale pour l'amélioration
des conditions de travail) et spécialiste des TMS. Mais
cela pourrait s'amplifier." Les cadres peuvent théoriquement
prévenir plus facilement ces pathologies en prenant des pauses
dès qu'ils ressentent une douleur.
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