Salaire cafétéria
58 % des cadres favorables au salaire à la carte

Services de proximité, plan d'épargne retraite, véhicule de fonction : les attentes des cadres face aux avantages complémentaires changent. Et la majorité d'entre eux souhaite pouvoir arbitrer.

Chacun cherche son salaire

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Pierre le Gunehec (Hewitt France)

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Au coeur du monde professionnel, la question salariale reste plus que jamais d'actualité. L'enquête en ligne du Journal du Management, réalisée auprès de 1.259 managers du 5 janvier au 9 février derniers, confirme cette tendance. La rémunération cristallise à elle seule bon nombre d'aspects liés à l'univers professionnel : reconnaissance, implication, temps de travail, attentes face à la vie personnelle... Dans ce contexte on ne s'étonnera donc pas que 49,9 % des cadres considérent aujourd'hui que leur niveau de salaire n'est pas correct, 15,4 % le jugeant même dérisoire. Dans ce mécontentement, habituel dès qu'il est question d'argent, s'exprime de multiples grognes, et notamment une certaine frustration quant aux leviers de rémunération complémentaires.

En toute objectivité, êtes-vous satisfait(e) de votre niveau de salaire actuel ? 49.9% Plutôt non, je ne trouve pas mon salaire correct 32,7% Plutôt oui, j'estime que mon salaire est mérité 15,4% Non, mille fois non, mon salaire est dérisoire 2,0% Oui, mille fois oui, mon salaire est excellent

Avantages complémentaires : le décalage
Au-delà du niveau de salaire stricto sensu, le volet des revenus et avantages complémentaires s'impose de plus en plus dans les débats. Dans ce domaine, la désillusion des plans de stock-options initiés au milieu des années 90 a porté l'attention des managers vers de nouveaux territoires. Certes la logique de l'actionnariat n'est pas rejetée, mais les cadres ont désormais soif d'avantages complémentaires leur permettant d'améliorer leur qualité de vie de façon tangible. Plutôt que les belles promesses des stock-options, les managers préfèrent aujourd'hui des éléments concrets et palpables.

Parmi cette liste, de quels revenus et avantages complémentaires bénéficiez-vous aujourd'hui ? (plusieurs réponses possibles) 16,7% Prévoyance, mutuelle, assurance 14,9% Primes, bonus 12,0% Ordinateur, téléphone, PDA... 10,9% Intéressement 10,3% Participation 9,5% Formation 8,2% Plan d'épargne salariale 4,5% CET (compte épargne temps) 3,6% Véhicule de fonction 3,2% Actionnariat, BCE, stock-options 2,3% Plan d'épargne retraite 2,1% Commissions 0,3% Services de proximité (crèche, courses...)

Et quels revenus ou avantages complémentaires, dont vous ne bénéficiez pas actuellement, souhaiteriez-vous le plus ? (plusieurs réponses possibles) 4,2% Prévoyance, mutuelle, assurance 15,3% Primes, bonus 8,7% Ordinateur, téléphone, PDA... 7,2% Intéressement 5,1% Participation 9,9% Formation 8,7% Plan d'épargne salariale 5,0% CET (compte épargne temps) 10,7% Véhicule de fonction 5,3% Actionnariat, BCE, stock-options 8,9% Plan d'épargne retraite 3,7% Commissions 6,2% Services de proximité (crèche, courses...)

Les décalages perceptibles entre les avantages complémentaires actuels et les souhaits exprimés soulignent cette évolution. A cet égard, l'écart le plus notable concerne les services de proximité (crèche, courses livrées dans l'entreprise...). Aujourd'hui, 0,3 % des cadres disposent de ces services, tandis que 6,2 % souhaitent en bénéficier. Dans le même esprit, le véhicule de fonction apparaît également comme une autre attente (10,7 % des cadres souhaitent en bénéficier). Dernier écart remarquable, davantage lié aux thèmes d'actualité cette fois : le plan d'épargne retraite, demandé par 8,9 % des cadres.

Quelle est la part du variable (primes, bonus, commissions...) dans votre salaire ? 52,6% Je n'ai pas de variable dans mon salaire 14,7% Moins de 5 % 13,9% De 6 % à 10 % 6,9% De 11 % à 15 % 4,3% De 16 % à 20 % 3,6% De 21 % à 30 % 1,7% De 31 % à 40 % 2,3% Plus de 41 %

Dans le sillage des avantages divers et variés, l'enquête confirme le poids du variable dans la rémunération des cadres. Un variable qui est généralement l'expression de revenus complémentaires. En tout, ce sont 47,4 % des managers qui bénéficient d'une part variable dans leur salaire. En clair, un cadre sur deux dispose désormais d'éléments variables dans sa rémunération. Pour 18,8 %, cette part représente plus de 10 % du salaire total.

Salaire cafétéria : avis favorable
On le comprend, la notion même de salaire devient diffuse et englobe de multiples éléments de rémunération, allant de la prime aux avantages en nature. Cette diversification se traduit par une volonté de responsabilisation montante de la part des cadres sur les arbitrages possibles entre les différentes formes de rémunération. 58,1 % des managers se disent ainsi favorables à la mise en place d'un salaire "à la carte" afin de définir eux-mêmes les leviers de rémunération dont ils disposent.

Seriez-vous favorable au fait que votre entreprise propose une rémunération "à la carte" ? (vous bénéficiez d'une somme fixe et vous arbitrez sur les montants placés sur chaque type de revenu) 58,1% Oui, c'est une formule que je trouve séduisante 41,9% Non, c'est une formule qui prône l'individualisation

De la responsabilisation à l'individualisation
Cette logique du salaire cafétéria traduit un élément de plus en plus marquant dans la rémunération des cadres : l'individualisation. Chaque cadre souhaite aujourd'hui gérer sa barque, l'entreprise favorisant ce type de comportement. Pour 73,8 % des managers, les mécanismes de réévaluation de salaire passent désormais, en totalité ou pour partie, par des augmentations individuelles. Seuls 26,2 % des cadres voient leur salaire réévalué par un processus pur de négociation collective.

Si vous avez bénéficié d'une augmentation de salaire au cours des douze derniers, dans quelle logique s'inscrit-elle ? 49.6% Il s'agit d'une augmentation individuelle 26,2% Il s'agit d'une augmentation collective 24,2% Les deux, cette augmentation est à la fois individuelle et collective

Sur les douze derniers mois, quelle a été l'augmentation de salaire dont vous avez bénéficiée ? 44,2% Je n'ai bénéficié d'aucune augmentation 26,0% Moins de 3 % 12,2% De 3,1 % à 5 % 5,4% De 5,1 % à 7 % 4,8% De 7,1 % à 10 % 2,8% De 10,1 % à 15 % 2,0% De 15,1 % à 20 % 2,6% Plus de 20,1 %

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Cette individualisation se traduit par un éclatement des niveaux d'augmentation de salaire dont ont bénéficié les managers au cours de l'année 2004. Tandis que 44,2 % des cadres sont restés en marge de toute réévaluation, 17,8 % ont vu leur salaire progresser de plus de 5 % sur les douze derniers mois. Une dernière famille, qui représente 38,2 % de la population cadre, a bénéficié d'une augmentation inférieure à 5 %. Ces écarts le confirment : l'individualisation est devenue monnaie courante pour les managers.

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