Carrière
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INTERVIEW
février
2005
Pierre
le Gunehec (Hewitt France)
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58 %
des cadres favorables |
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Le salaire cafétéria répond à un besoin croissant d'individualisation de la rémunération chez une partie des salariés, et notamment les cadres. Pourtant la mise en oeuvre de ce concept de salaire à la carte peut se révéler délicate pour l'entreprise. L'analyse de Pierre Gunehec, responsable du pôle conseil en rémunération chez Hewitt.
Quelles sont à vos yeux les
tendances actuelles sur le plan de la rémunération
?
Pierre le Gunehec. La tendance générale confirme
le tout individuel. Mais l'expérience nous montre que l'individualisation
des rémunérations est parfois difficile à piloter
dans le temps. Par exemple, les managers qui ont des budgets à
tenir peuvent avoir des difficultés à distribuer des
augmentations individuelles fortement discriminantes et différentes.
Etre discriminant dans les augmentations individuelles est plus
facile pour un manager s'il peut aussi compter sur des augmentations
générales. D'un taux unique appliqué uniformément à toute la population
ciblée on semble s'orienter vers des taux différents pour des sous
groupes plus fins de la population. Par exemple 1,6 % pour les plus
bas salaires, puis 1,3 % pour une autre tranche; et enfin 0,8 %
pour une troisième tranche. Cette approche permettrait de soutenir
des augmentations individuelles réellement discriminantes en minimisant
les budgets d'augmentations générales.
La
rémunération à la performance continue-t-elle
d'avoir le vent en poupe ?
Tout à fait : la rémunération à
part variable est une pratique qui se développe énormément.
Depuis 1998, le nombre de salariés qui bénéficient
d'un variable a progressé de 45 %. Sur la même période,
le poids du variable dans le salaire global a augmenté de
55 %.
Et qu'en est-il du salaire dit "cafétéria"
?
Cela fait une dizaine d'années que l'on parle de cette formule
et 30 % des entreprises offrent déjà des formes de choix à leurs
salariés. Elle devrait se répandre davantage dans les années
à venir, ne serait-ce qu'à cause du coût de financement
de la retraite, de la réforme de la sécurité sociale, des nouvelles
normes comptables, des enjeux de marque employeur et de la volonté
de répondre aux différents besoins des salariés. La rémunération
flexible est naturellement appelée par les tendances du marché
du travail. Mais nous n'avons pas encore suffisamment de recul et
d'expérience pour définir d'ores et déjà
des packages idéaux pour le salaire cafétéria.
L'avenir de la rémunération
passe-t-il par des packages ?
D'une certaine manière, oui. Dans le cadre d'un plan cafétéria,
l'entreprise est amenée à proposer à ses salariés
trois ou quatre packages différents, qui représentent
90 % des besoins. Aujourd'hui on offre un menu unique et demain
le choix se fera à la carte. L'image est peut-être caricaturale,
pourtant tout le monde sait qu'en restauration, la carte des plats
s'adapte à un certain profil client et que c'est souvent
une demande type qui revient. Mais avant d'en arriver à ce
niveau en France sur les salaires, il reste de nombreux points à
régler qui touchent les droits des salariés, les financements
ou encore les aspects techniques qui passeront probablement par
une gestion outsourcée des prestataires.
Les avantages en nature sont souvent nets de charges et d'impôts" |
La rémunération à
la carte pose-t-elle des problèmes spécifiques ?
Un autre problème soulevé par la flexibilité
des rémunérations tient dans la difficulté
de comparaison des salaires en interne comme entre entreprises.
Les repères se brouillent. Il faut y ajouter les difficultés
techniques et administratives pour l'entreprise qui doit apprendre
à gérer des rémunérations à la
carte. Aux Etats-Unis et au Royaume-Uni ces politiques sont déjà
très répandues.
Et quels avantages peuvent en tirer
l'entreprise et le salarié ?
Le calcul est simple et le gain indéniable pour l'entreprise
comme pour le salarié, car les avantages en nature sont souvent
nets de charges et d'impôts. Schématiquement, si une
personne gagne 100 euros bruts, son salaire net sera de 80 euros,
moins 20 % encore pour les impôts. Admettons qu'elle soit
augmentée de 15 % : son salaire brut sera alors de 115
euros, le montant des charges et des impôts augmentant en
proportion. Mais si les 15 euros d'augmentation sont délivrés
sous forme d'avantage en nature, ni les impôts ni les charges
n'augmenteront. Sans compter le fait que pour l'entreprise une augmentation
de 15 euros sur salaire coûte quasiment le double. Vous y
ajoutez au final la notion de valeur ajoutée, de service
rendu ou de confort apporté au salarié.
Il faut communiquer de manière pédagogique" |
Encore faut-il que le salarié
ait conscience des avantages complémentaires auxquels il
a le droit...
Effectivement. Il faut savoir communiquer de manière pédagogique
sur ce que l'entreprise propose déjà aux salariés. C'est pourquoi
on voit aujourd'hui se développer le BSI (Ndlr : Bilan social
individuel), qui est en fait un schéma d'ensemble de la rémunération
perçue par le salarié, incluant les parts fixe et variable, la prévoyance,
le treizième mois...
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Quels sont les enjeux sous-jacents
de cette flexibilité de la rémunération ?
Cette orientation s'inscrit dans une logique de pénurie
très prochaine des talents. La flexibilité offre une
réponse possible aux besoins des entreprises. Il y a notamment
un enjeu d'attraction des seniors expérimentés qui
ont des salaires importants et souhaiteraient sans doute payer moins
d'impôts.
Parcours
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Diplômé d'un troisième cycle d'économétrie, Pierre le Gunehec travail depuis quinze ans chez Hewitt Associates. Il est consultant en ressources humaines et expert en politique de rémunération et relations avec les partenaires sociaux. Il est notamment spécialisé dans l'évolution des processus de gestion des salaires et d'appréciation de la performance afin de les adapter aux nouveaux enjeux de reconnaissance, d'attraction et de rétention. Pierre le Gunehec est actuellement responsable du pôle conseil en rémunération. |
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