Nicolas Humeau (Algoé Consultants)
Nous allons passer de l'intranet à l'intrasphère

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Il y a un aspect viral dans l'intranet. Cet outil, issu de la culture informatique, se répand peu à peu dans tous les secteurs d'activité et s'adresse à des catégories de salariés de plus en plus larges. Au passage, l'intranet accueille de plus en plus de fonctionnalités et de services, au point de devenir une nouvelle colonne vertébrale pour l'entreprise. Etat des lieux et analyse avec Nicolas Humeau, consultant en management des technologies de l'information chez Algoé Consultants.

Peut-on dire aujourd'hui que l'intranet est devenu chose courante dans le monde professionel ?
Nicolas Humeau. Les intranets ont fait une percée remarquable ces dernières années. Mais de nombreuses fractures persistent entre ceux qui utilisent ces nouveaux outils et ceux qui ne les utilisent pas. Selon l'âge, le métier, l'environnement de travail, la capacité à se servir de l'informatique, tous les salariés ne bénéficient pas d'un accès intranet uniforme. Aujourd'hui encore, l'intranet s'adresse d'abord aux cols blancs. Néanmoins, cette fracture tend à se réduire, notamment via divers accès alternatifs comme les bornes pour les salariés qui ne dispose pas d'ordinateur.

Quels sont les secteurs d'activité où les intranets se sont les plus développés ?
Ce sont clairement les services où l'informatique est au coeur du métier. Les secteurs de la banque et de l'assurance sont également bien positionnés. C'est un secteur pour lequel les systèmes d'information sont historiquement stratégiques. Il faut noter que le secteur public fait également preuve d'un très bon dynamisme dans ce domaine.

L'industrie reste-t-elle encore en dehors du phénomène ?
L'intranet s'y diffuse peu à peu. On voit poindre dans l'industrie des logiques de communautés de pratique à travers le partage, via intranet, de connaissances et de savoir-faire entre techniciens de haut niveau, et ce à l'échelle mondiale. Concernant l'accès des cols bleus, le développement des bornes reste encore limité, même si des entreprises comme PSA, Eurocopter ou Arcelor multiplient les initiatives.

Quelles informations circulent généralement sur ces intranets ?
Les informations qui transitent par les intranets sont malheureusement encore très orientées top-down. Mais le déploiement des intranets marque également une volonté des ressources humaines de maintenir un lien avec les salariés. C'est presque une obligation d'ailleurs pour le dialogue social. Les panneaux d'affichage sont de moins en moins nombreux en entreprise. Les informations sont dorénavant en ligne.

Adapter l'intranet aux logiques d'usage"

Quels peuvent être les inconvénients de l'intranet concernant les relations au sein de l'entreprise ?
Il peut tout d'abord se créer une sorte de rupture au niveau personnel, tous les salariés n'ayant pas accès aux mêmes informations. L'autre risque est lié aux technologies qui induisent une demande de réaction en direct, instantanée, et qui offrent accès à une masse d'informations importante. Or un excès d'informations provoque une surcharge mentale, voire une infobésité. Pour éviter ces pièges, il faut donc absolument prendre en compte finement les besoins des utilisateurs, ce qui est souvent difficile et long, et adapter l'intranet aux logiques d'usage.

Mais avant de tomber dans l'excès, l'intranet offre tout de même de nombreux avantages…
Bien sûr ! Plus qu'un avantage concurrentiel pour l'entreprise, on parlera d'abord d'un élément de différenciation. L'intranet est avant tout un outil pour le service et l'information, un outil qui harmonise et crée des liens forts et permanents. L'avantage que peut en retirer une entreprise dépend donc d'un équilibre entre l'usage que les salariés en font et la culture de l'organisation. On remarque souvent un écart de performance de l'intranet entre les organisations qui savent s'en servir et celles qui l'utilisent sans savoir pourquoi, avec une approche exclusivement top-down.

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Quels sont les développements possibles de l'intranet à plus ou moins long terme ? Jusqu'où peut-on aller ?
Nous devrions passer de l'intranet à l'intrasphère d'ici cinq à dix ans, c'est-à-dire l'intranet omniprésent, comme on parle de blogosphère. La technologie RFID finira par exemple un jour par introduire des mini-capteurs dans tout ce qui nous entoure créant des interactions permanentes entre l'homme et la machine. Les intranets seront alors presque conscients de la manière dont ils interagissent avec l'utilisateur et s'adapteront aux besoins pour ne pas déranger les salariés.

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