01/06/2005
Destination expatriation De l'expatriation
à la mobilité internationale
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Le
concept d'expatriation évolue à mesure que les multinationales ne
réfléchissent plus en termes de nationalité mais de compétences
de leurs salariés. |
En 2004, plus de 2,12 millions de Français
ont choisi de vivre à l'étranger, selon la Direction des Français
de l'étranger. Un chiffre en nette hausse par rapport à 2003 (+ 200.000
personnes). Cette forte progression fait déjà suite à un
bond enregistré entre 2002 et 2003 (+ 11 %). Une tendance qui
s'explique naturellement par le mouvement d'internationalisation constant des
entreprises et la dynamique de délocalisation des activités.
Concernant les types de contrat, l'expatriation telle qu'on a pu la connaître
durant le XXème siècle disparaît peu à peu. Seulement
22 % des salariés expatriés ont encore un contrat français,
contre 44 % qui sont sous contrat local (source : TNS Sofres, 2005).
De plus, les expatriés envoyés par leur entreprise à l'étranger
et qui bénéficient du système de protection sociale français
sont de plus en plus rares. Ils étaient 9,7 % en 1996 et ne sont plus
que 5,3 % 2003. Reste cependant une minorité d'expatriés qui
bénéficient encore de nombreux avantages. "Les postes vraiment
clés, à forte responsabilité, dans les filiales à l'étranger restent occupés par
des personnes venant du siège et qui ont un contrat français", souligne
Xavier Logeais, directeur exécutif de Michael Page France. "Mais les
expatriations de complaisance, qui offraient de nombreux avantages aux expatriés
et coûtaient très cher à l'entreprise, n'ont plus court aujourd'hui", assure-t-il.
Autre paramètre en pleine évolution : la durée
des expatriations. Au lieu de deux ou trois ans de déracinement, la tendance
de fond est à l'émergence de missions courtes, de trois à
six mois environ. Dans la mesure où la plupart des expatriations ont pour
destination l'Europe occidentale, cette formule est de plus en plus répandue.
Toutefois, il ne faut pas la confondre avec l'"eurocommuting", une forme
d'expatriation qui a fait long feu.
L'expatriation
de complaisance a disparu"
Xavier Logeais, Michael Page France |
Dans le cas de l"'eurocommuting",
le salarié, expatrié dans un pays relativement proche, choisit de
laisser sa famille dans le pays d'origine et fait la navette chaque semaine pour
les retrouver. Bilan après quelques années d'expérience :
un système fatiguant pour l'expatrié, déstabilisant pour
la famille et rarement bénéfique pour l'entreprise car le salarié
ne s'intègre pas correctement dans le pays et la filiale d'accueil. Reste
des exceptions dans le cas de distances très courtes. "Nous observons
des bassins de candidats frontaliers", indique Xavier Logeais. "Un Français
qui travaille sur le marché local en Suisse a un niveau de rémunération plus élevé
que s'il travaillait en France. Pour l'entreprise, cela lui coûte moins cher que
de recruter un Suisse et elle a accès à une population de candidats plus large",
ajoute-t-il. Sur le plan de la rémunération aussi, les
choses évoluent. Les primes à l'expatriation et à l'adaptabilité
ne représentent plus la moitié, voire plus du salaire. Elles se
situent aujourd'hui aux alentours de 5-10 % de la rémunération.
D'une manière générale, les entreprises s'efforcent de réduire
les coûts - très élevés - de l'expatriation.
Pour expliquer cela, différents facteurs. D'une part, il est de plus en
plus facile de recruter dans le pays d'accueil des personnes ayant les qualifications
requises. D'autre part, si l'envoi d'un expatrié permet de transmettre
un savoir-faire et de tester ses compétences de manager, les entreprises
ne jugent plus nécessaires de faire miroiter des salaires mirifiques pour
envoyer une personne dans un pays où, somme toute, le mode de vie est assez
proche de celui de la France. Autre
facteur/conséquence de la réduction des coûts : la baisse
de l'expatriation des salariés et la hausse de l'impatriation. Nombre de
sociétés jugent en effet plus rentable de faire venir en France
des salariés de filiales étrangères pour les former à
la maison-mère et leur donner les clefs de la culture française.
Après deux ou trois ans passés dans l'Hexagone, ceux-ci sont renvoyés
dans leur pays d'origine pour prendre la tête de la filiale. Ainsi,
si l'expatriation est loin d'être en danger - les chiffres de la Direction
des Français de l'étranger le montrent clairement -, elle change de
forme pour être de plus en plus souvent supplantée par la notion
de "mobilité internationale". Les entreprises avec un réseau
mondiale raisonnent désormais en ces termes. "[Une multinationale]
dispose d'un vivier de cadres de haut niveau recrutés dans plusieurs pays,
et elle va se demander lequel sera the right man at the right place, sans
s'occuper de sa nationalité", explique Claudie Bert dans son ouvrage
S'expatrier en famille (Village Mondial, Pearson Education France, 2005).
Et, au niveau du salaire, pas question de compter sur des primes ou une augmentation
puisque ces entreprises établissent maintenant des grilles de salaires
à valeur internationale. Au final, si le défi que représente
l'expatriation demeure, la manne financière que pouvait en attendre le
salarié s'estompe peu à peu, particulièrement dans le cadre
de grandes entreprises internationales.
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