17/06/2005
Philippe Salle (Vediorbis) Il
me faut trois semaines de vacances pour vraiment récupérer
Même s'il garde des contacts quasi
quotidiens avec son entreprise, le président de Vediorbis s'octroie une vraie
coupure en famille tous les étés.
De longues vacances
mais sans jamais complètement déconnecter : tel est le programme
estival pour Philippe Salle, PDG du groupe de travail temporaire Vediorbis. Cette
organisation des vacances, déjà éprouvée depuis plusieurs
années, n'a pas encore montrer de faille critique. Comment
organisez-vous vos vacances d'été ? Philippe
Salle. Tous les ans, je prends trois semaines de vacances pour faire un vrai
break. Je choisis de préférence de partir au mois d'août,
car c'est la période la plus creuse de notre activité, et je m'arrange
pour que mes vacances ne m'empêchent pas de participer à la réunion
que le Groupe Vedior organise chaque mois au niveau mondial. Je prends des vacances,
mais je ne suis pas complètement coupé de mon travail pour autant.
J'emmène mon téléphone portable et mon Blackberry, un outil
vraiment utile qui me permet de recevoir des mails à tout moment. Je suis
donc toujours joignable quoi qu'il arrive. Mais en réalité, c'est
généralement moi qui prends l'initiative de contacter le bureau.
J'appelle presque tous les jours, quelques dizaines de minutes tout au plus, pour
me tenir au courant. Ce n'est cependant pas un rituel, il peut m'arriver de ne
pas appeler ou de ne pas être appelé pendant trois-quatre jours.
Mais c'est le maximum. Cela signifie donc
que vous ne coupez jamais vraiment les ponts... C'est vrai,
et c'est beaucoup plus difficile de décrocher car j'ai en permanence les
soucis du travail en tête. Mais cette situation me permet aussi de prendre
du recul par rapport à mon activité quotidienne dans la société.
Je profite généralement de mon break estival pour réfléchir
sur du plus long terme et je reviens avec deux ou trois idées nouvelles
à appliquer. A qui confiez-vous les
rênes de la société pendant votre absence ?
Personne en particulier. Vedior dispose d'un comité stratégique
composé de six personnes. Nous nous organisons pour qu'il y ait toujours
deux membres disponibles. De plus, comme Vedior travaille en réseau, il
y a aussi les directeurs généraux par marque qui sont disponibles
ou, s'ils sont eux mêmes en vacances, qui sont remplacés par une
ou deux personnes du top management de leur branche d'activité.
De toute façon, chez Vedior, je ne vois pas de situation de très
grande urgence qui nécessite ma présence ou une décision
immédiate. Et, au pire, je peux toujours prendre des décisions par
téléphone, ou revenir de vacances dans les 24 heures. C'est aussi
le cas pour le directeur financier et le DRH, qui sont eux aussi joignables à
tout moment. Profitez-vous de vos vacances
pour tester le potentiel de certains managers ? Non, je
ne crois pas que ce soit la bonne période pour tester les gens. Pendant
l'été, surtout en août, il n'y a pas de grosse décision
à prendre. Nombre de nos clients ferment ou réduisent leur niveau
d'activité. C'est donc généralement très calme. Et
puis, je peux tout aussi bien tester les gens au cours de l'année.
Quelles sont généralement les raisons
pour lesquelles vous êtes dérangé en vacances ?
Tous les ans, c'est le même rituel : la clôture des comptes fin juillet.
C'est moi qui donne le "go" après en avoir discuté avec
la direction financière. En principe, ils m'envoient les principaux chiffres
par fax et nous en discutons par téléphone. Cela me prend une demi-journée
à une journée de travail pendant mes vacances. Etre
joignable à tout instant, cela implique que certaines destinations vous
soient interdites, non ? Effectivement, les destinations
"exotiques" ne me sont pas permises car il faut que je reste joignable
à tout instant. Et j'ai quand même besoin d'un fax à proximité
pour recevoir éventuellement des documents. Mais ce n'est pas une vraie
contrainte car, de toute façon, je ne choisirais pas des destinations de
ce type avec trois enfants en bas âge...
J'ai du mal à croire que certains personnes
peuvent se passer de vacances."
| Vous partez systématiquement
en famille ? Oui, je vois peu mes enfants le reste de
l'année alors les vacances sont sacrées. Nous nous retrouvons généralement
trois semaines l'été et une semaine en février. J'essaie
aussi de prendre quelques jours à Noël quand c'est possible.
Qui choisit la destination et qui organise le voyage
en général ? Ma femme et moi choisissons
tous les deux le lieu de nos vacances. Soit nous les passons au bord de la mer,
où nous avons une maison, soit nous optons pour un voyage à l'étranger.
Cette année, par exemple, nous partons aux Etats-Unis. Nous décidons
aussi ensemble du programme pendant les vacances, puis c'est ma femme qui gère
tous les détails "logistiques". Pourriez-vous
vous passer de ces trois semaines de vacances l'été ?
Non, il faut vraiment faire un long break une fois dans l'année.
C'est plus sain. J'ai du mal à croire que certaines personnes sont capables
de ne pas débrayer. Nous ne sommes pas des machines ! Avez-vous
déjà essayé de prendre plus ou moins de trois semaines de
vacances l'été ? Pour quel résultat ?
J'ai déjà fait moins, jamais plus. Je crois que trois semaines est
le bon compromis. J'ai constaté qu'on ne commençait vraiment à
déstresser qu'au bout de la première semaine et tout le stress n'est
vraiment évacué qu'après quinze jours de break. La
dernière semaine est donc celle qui permet de recharger complètement
ses batteries. Selon moi, quinze jours, c'est vraiment un minimum. Quant à
se limiter à une semaine, c'est inutile. Cela ne sert qu'à être
déphasé, sans déstresser puisqu'on pense au boulot en permanence.
Le rêve, ce serait de prendre un mois mais c'est presque impossible. Il
y a tellement de choses qui se passent en un mois dans une entreprise...
Et couper les ponts totalement ?
J'y pense. C'est vrai que ce serait plus reposant et cela permettrait de vraiment
se déconnecter. Je le ferais peut-être cet été :
une semaine complète sans contact avec le bureau. Comment
se passe le retour après les vacances ? Il me faut
un jour d'adaptation. Je veille à ce que le premier jour mon agenda soit
entièrement vierge. Il me faut un peu de temps pour remettre la machine
en route : écluser les quelques 2.000 mails qui m'attendent à
mon retour, lire le courrier et signer certains documents. Mais dès le
lendemain de mon retour, le rythme reprend comme avant. Et
le stress ? Il revient malheureusement aussi vite que
la reprise du travail ! Je constate généralement au bout de
deux ou trois semaines que tous les effets positifs de mes vacances ont disparu.
Parcours |
Ingénieur
civil des Mines de Paris, MBA de la Kellogg Business School (Northwestern University,
Chicago), Philippe Salle commence sa carrière en 1988 chez Total en Indonésie.
Il entre ensuite chez Accenture. En 1995, il rejoint le cabinet McKinsey & Co
et est nommé directeur de projets en 1998. En 1999, il prend la tête de la direction
des activités spécialisées France du groupe Vedior pour fédérer et développer
les marques spécialisées, regroupées aujourd'hui sous le nom de groupe Expectra
dont il est président-directeur général. En décembre 2002, il est nommé Président-directeur
général de Vediorbis, filiale française du groupe de travail temporaire Vedior,
tout en conservant ses activités au sein du groupe Expectra. En mai 2003, il devient
membre du directoire du groupe Vedior au niveau mondial. |
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