Journal du Net > Management >  Dossier : R&D : les grands groupes qui cherchent le plus - Au coeur de la recherche agroalimentaire : le Vitapole
ENTREPRISE
 
21/09/2005

R&D : les entreprises qui cherchent le plus
Au coeur de la recherche agroalimentaire : le Vitapole

Les clefs de l'innovation chez Danone ? Elles se trouvent au Vitapole, un espace de 30.000 m² dédié à la synergie des expertises et au partage des outils de travail.
  Envoyer Imprimer  

Interview Nap'tural

La R&D dans le Cac 40
Analyse
10 patrons de R&D
Interview Essilor
Interview Arcelor
Interview Nap'tural
Installé à Palaiseau (région parisienne) depuis deux ans et demi, le centre de recherche de Danone Vitapole est doté d'un budget annuel de 130 millions d'euros. Objectif : réunir les meilleures conditions de travail dans des locaux se divisant entre une partie laboratoires, une partie pilote, où se réalise le prototypage des produits, et une partie bureaux (pour les chercheurs et l'administration). La communauté R&D qui y est installée se compose de 800 personnes, dont 500 chercheurs et ingénieurs travaillant sur le développement des produits et procédés. Ces équipes rassemblent des hommes et des femmes de toutes nationalités.

Les exigences du marché orientent bien sûr les projets scientifiques qui y sont menés.
"Puisque la recherche est primordialement tournée vers les consommateurs, il y a toujours un client à la base des projets", assure Jean-Luc Tonneau, directeur stratégique du planning du Vitapole. Concrètement, pour définir quels projets seront menés, Danone réunit des comités d'innovation, puis un comité de pilotage, pour les gros programmes inscrits sur une "top list". Ceux-ci sont ensuite traduits en projets recherches. De la définition du nouveau produit à son lancement sur le marché, les délais sont les plus restreints possibles. Le groupe, qui se considère comme une "fast moving company", indique qu'entre l'idée et sa concrétisation dans les rayons des supermarchés, en moyenne seulement six mois se sont écoulés.


Les contraintes pilotes sont les mêmes que les contraintes usines."

Car aujourd'hui la recherche se doit d'être en osmose avec les préceptes du management moderne. Les chercheurs se donnent certes pour objectif de concevoir des produits dont les bénéfices seront scientifiquement prouvés, cependant "la science ne peut pas travailler seule", souligne Jean-Luc Tonneau. D'ailleurs, les contraintes pilotes sont les mêmes que les contraintes usines." De plus, le marketing-développement joue un rôle essentiel, ne serait-ce que pour le positionnement-prix ou l'emballage du produit.

Ce qui fait la spécificité de la recherche de Danone, c'est sa centralisation autour du Vitapole, où elle y concentre 100% de ses ressources. Le développement, lui, se fait à l'étranger. Le groupe est implanté dans 120 pays avec près de 200 usines dans le monde. De part son positionnement international, Danone doit faire face à des consommateurs ayant des besoins extrêmement divers. Une fois l'étape recherche effectuée, le développement est là pour adapter le produit aux goûts locaux, en sollicitant à chaque fois des équipes différentes selon les pays.

Ainsi, Actimel est un produit créé à Palaiseau et qui a fait l'objet d'un important travail de recherche. Il a ensuite été complété à l'étranger par un travail d'adaptation locale essentiel. L'arôme, l'emballage, etc. ont été pensés et modifiés en fonction des marchés. La recherche et le développement sont donc clairement séparés chez Danone. Son budget R&D de 130 millions d'euros est en réalité un budget "R". Le budget développement est, quant à lui, beaucoup plus difficilement chiffrable, car essaimé.

Par ailleurs, cette décentralisation du développement permet à Danone d'assurer son monitoring concurrentiel : "Nous avons pris l'habitude de benchmarker en permanence, sur notre processus de production, nos méthodes d'innovation, etc.", souligne Jean-Luc Tonneau. Chez Danone, si les chercheurs ont un oeil sur leur microscope, ils en ont un aussi sur la concurrence.

Quant à savoir si la France était le meilleur endroit pour y implanter le Vitapole, Jean-Luc Tonneau explique qu'il y a trois ans, un développement à l'étranger avait été évoqué. "Nous en sommes venus à la conclusion que Paris pouvait nous faire bénéficier d'un très bon réseau, notamment sur le lien fort qui nous unie avec la recherche fondamentale comme avec l'Inra ou l'institut Pasteur." Un choix qui a été largement validé depuis. Danone peut en effet se targuer d'avoir reçu le prix "Best Innovator" 2004 (parrainé par A.T. Kearney et le magazine L'Expansion) pour une culture de l'innovation et de l'organisation exemplaire.

Parcours

Jean-Luc Tonneau évolue depuis près de trente ans au sein de Danone. Avec une formation d'ingénieur en sciences alimentaires, il a connu une douzaine de positions différentes. D'abord en France, où il a exercé différentes fonctions de responsable qualité, responsable développement et chef de production, puis il a participé au démarrage de l'usine de Saint-Jus à Lyon à la fin des années quatre-vingt. Par la suite sa carrière a évolué à l'étranger, d'abord en Asie en tant que directeur du developpement qualité, puis aux Etats-Unis (à Dallas) en tant que responsable de l'expertise technologique. Un temps responsable du developpement au Brésil, il retourne aux Etats-Unis en comme responsable de la zone Amérique du Nord. Il est aujourd'hui directeur stratégique du planning au Vitapole de Palaiseau.


Interview Nap'tural

Un témoignage, une question, un commentaire sur ce dossier ?
Réagissez



JDN Management Envoyer Imprimer Haut de page

Sondage

Penserez-vous à votre travail pendant les fêtes de fin d'année ?

Tous les sondages