15/03/2006
Inspection du travail Cinq conseils pour que tout se passe bien
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Un inspecteur du travail frappe à la porte de votre société. Comment l'accueillir au mieux ? Quels sont les risques encourus ? De quels recours disposez-vous ? Recommandations. |
Recevoir la visite d'un inspecteur du travail n'est
sans doute pas l'aspect le plus agréable du métier
de chef d'entreprise. Dans la ligne de mire de l'inspecteur :
dépassement de la durée légale du travail,
élection des représentants du personnel qui tarde
à être organisée, travail
au noir, conditions d'hygiène et de sécurité
et ceci associé à un pouvoir d'enquête extrêmement
étendu. Toutefois, il est important de ne pas s'affoler.
D'autant que si vous êtes mis en difficulté, plusieurs
recours s'offrent à vous. Fabrice Carava, juriste Conseil
d'Entreprises et consultant en Droit Social chez Avocats JurisConseil,
livre cinq conseils pour vous permettre d'aborder l'épreuve
avec sang froid et sérénité.
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Avant tout, il est extrêmement mal vu de s'opposer à la venue de l'inspecteur du travail. De même, il faut mettre à sa disposition tous les documents que la loi oblige l'employeur à tenir. Et bien entendu, ce serait une très mauvaise idée de lui en dissimuler certains. Fabrice Carava préconise "une attitude ouverte et positive." Et ajoute : "Surtout, ne pas commettre de délit d'obstacle. Dès qu'on dit non à l'inspecteur, on peut tomber dans le pénal, ce qui serait idiot." Le délit d'obstacle à contrôle peut en effet amener des amendes pénales jusqu'à 3.750 euros et un emprisonnement d'un an, le double en cas de récidive (Art. L631-1 du code du travail). Dans le cas où il manque bel et bien un document, Fabrice Carava recommande de "s'engager à le transmettre au plus vite
et le faire !" En résumé : donner tous les moyens au contrôle et montrer sa bonne foi. |
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Bien tenir ses registres |
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Pour ne pas s'attirer d'ennuis, la meilleure des préventions est, évidemment, de tout respecter en matière de législation. "Même si, note Fabrice Carava, cela est quasiment impossible : la législation est trop complexe pour cela et il existe des
règles difficilement conciliables en pratique.
Plus les dossiers
sont clairs, moins l'inspecteur cherche"
Fabrice Carava,
Avocats JurisConseil |
Mais il n'empêche." Plus largement, tous les livres et registres doivent être impeccablement tenus. "Plus les dossiers que l'on présente sont propres et clairs, plus l'inspecteur a le sentiment que l'entreprise est en règle, et moins il cherche. C'est d'autant plus vrai que les inspecteurs du travail n'ont vraiment pas de temps à perdre, surbookés comme ils le sont", remarque Fabrice Carava. |
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Ne pas affronter l'inspecteur |
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Si l'inspecteur exprime un reproche ? "Il faut s'expliquer très posément
et savoir présenter les choses, suggère le juriste. Ce qui peut se faire en bottant en touche, si l'on préfère vérifier une information avant de lui répondre. Car il ne faudrait pas non plus lui dire une chose fausse dans la précipitation, et sur laquelle il sera difficile de revenir." Autrement dit : adopter une démarche positive, certes
mais en réfléchissant.
A l'issue d'une visite, l'inspecteur peut formuler une observation. C'est ce qui se produit le plus souvent, lorsqu'il constate des flottements dans la tenue des registres notamment. Même s'il ne s'agit pas d'une procédure juridique, il est préférable de se conformer à ses remarques et de lui faire savoir que l'on a appliqué ses préconisations.
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En cas d'infraction pénale... |
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Quand l'inspecteur constate une infraction à la législation du travail, il peut effectuer une mise en demeure, assortie d'un délai d'au moins 4 jours. Dans ce délai, l'employeur doit rectifier ce qui doit l'être et l'en informer. Dans certains cas, si la mise en demeure n'est pas respectée, elle peut être suivie d'un procès verbal, transmis au parquet.
Lors d'un recours administratif, on demande à l'administration de se déjuger"
Fabrice Carava |
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Le procureur décide alors s'il classe sans suite ou
s'il poursuit. "Cela peut par exemple se produire dans
le cas d'un délit
d'entrave aux fonctions des représentants du personnel,
si l'employeur n'a pas organisé les élections
de délégués
du personnel, ou encore pour délit sur la durée
du travail, ou sur l'hygiène", avertit Fabrice
Carava. L'étape suivante : le tribunal correctionnel,
compétent pour ces délits.
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En cas d'infraction non pénale... |
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L'exemple classique est celui du licenciement d'un salarié protégé (syndiqué, délégué du personnel, etc.) Si l'inspection du travail n'accepte pas le licenciement que l'employeur lui demande de valider, elle émet une décision administrative de rejet. A ce moment là, l'entreprise peut faire un recours administratif. Il s'agit d'un recours gracieux auprès de l'inspecteur lui-même. "Le principe : on essaie de le convaincre qu'il avait tort, explique Fabrice Carava. Cela fonctionne rarement. Dans les cas où les textes le précisent, on peut aussi tenter un recours hiérarchique auprès de son supérieur, départemental ou régional. Mais dans la majorité des cas, on passe directement au recours devant le ministre, dont les services vont confirmer ou infirmer la décision initiale de l'inspecteur."
Si l'on n'est toujours pas satisfait, on peut aller au recours contentieux, en s'adressant au tribunal administratif. Le juge peut alors annuler la décision du ministre et de l'inspecteur. Les niveaux supérieurs - cour administrative d'appel puis Conseil d'Etat - sont très rarement atteints. Comment choisir le type de recours à lancer ? Pour Fabrice Carava, la chose est entendue : "Lorsque l'on fait un recours administratif, on demande, d'une certaine façon, à l'administration de se déjuger. Et ce n'est pas chose facile, loin de là
Souvent, on ne s'embête même pas à faire un recours administratif : on obtient généralement plus devant un juge."
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