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ECONOMIE
 
26/07/2006

Marie-Hélène Boidin Dubrule (Auchan)
"Nous bénéficions d'une grande sérénité dans la manière dont nous conduisons nos affaires"

Le groupe Auchan est le numéro trois français de la distribution. Ce géant, détenu par un puissant pacte familial, a fait le choix historique de se tenir à l'écart des places boursières. Une stratégie qui offre, selon l'entreprise, de nombreux atouts.
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Entreprise familiale fondée en 1961 par Gérard Mulliez, le groupe Auchan est le numéro 3 français de la distribution et, avec plus de 30 milliards d'euros de chiffre d'affaires en 2004, le 11ème plus important groupe français. Mais l'originalité de ce géant est surtout d'être détenu à près de 85 % par un pacte d'actionnaires, l'association familiale Mulliez (AFM), qui rassemble plus de 500 descendants de Gérard Mulliez, fondateur au début des années 60 du premier hypermarché de la marque. Suivant sa doctrine, les héritiers ont toujours refusé de coter en bourse le joyau de famille. Entretien avec Marie-Hélène Boidin Dubrule, directrice de la communication du Groupe Auchan.


Pour quelles raisons le groupe Auchan n'est-il pas coté ?
Marie-Hélène Boidin Dubrule. Il ne l'a jamais été et c'est un choix historique auquel nous sommes très attachés pour plusieurs raisons. La première est la sécurité que cela induit. Parce que le capital du groupe représente un patrimoine familial, chaque nouvel investissement est considéré avec beaucoup de vigilance et de rigueur. Nous ne nous laissons pas emporter par l'euphorie et limitons les prises de risques. Par ailleurs, notre gestion est régie par des principes de gouvernance très strictes qui s'appliquent au niveau de chaque métier et de chaque entité du groupe. Le deuxième atout est l'indépendance que cette situation confère. Nous bénéficions d'une grande sérénité dans la manière dont nous conduisons nos affaires et ne sommes pas soumis à la dictature des rapports trimestriels ou de la course à la rentabilité à court terme qu'imposent souvent les marchés. Enfin, nous pouvons nous permettre d'être plus discrets sur notre stratégie et n'avons pas besoin d'annoncer sans cesse quelque chose aux marchés ou aux journalistes pour maintenir le cours de bourse.

Comment ce modèle influe-t-il sur la stratégie du groupe ?
Lorsque nous nous implantons dans un nouveau pays par exemple, nous pouvons consacrer plusieurs années à tester le marché. En Bourse, on exigerait sans doute de nous des résultats dès les six premiers mois. L'ensemble de notre développement à l'international reflète le succès de ce choix.

Lorsque nous nous implantons à l'étranger, nous pouvons consacrer plusieurs années à tester le marché"

Marie-Hélène Boidin Dubrule, Auchan

C'est la même philosophie qui nous guide avec le lancement de notre nouveau concept Self-Discount : nous prenons le temps de tester le dispositif et de le développer lentement mais sûrement. Par ailleurs, nous avons choisi de conserver la propriété immobilière d'une partie des centres commerciaux, que nous gérons à travers notre filiale Immochan. Beaucoup de nos concurrents ont préféré en vendre l'essentiel pour dégager rapidement des liquidités.

Quelles alternatives avez-vous développées pour financer votre croissance ?
Nous émettons des obligations que nous n'avons aucun mal à placer, nous nous endettons auprès des banques et nous pratiquons l'autofinancement. Outre ces canaux classiques, nous privilégions depuis longtemps l'actionnariat salarié qui représente désormais 13,5 % du capital d'Auchan et dont 97 % de nos employés en France bénéficient. Une expertise indépendante valorise chaque année ces parts qui sont donc à l'abri des aléas boursiers et représentent pour nos salariés un placement sûr. Ils sont pour nous un actionnariat stable.

Qu'est ce qui pourrait vous amener demain à revoir cette stratégie ?
Comme tous les groupes familiaux, notre situation est susceptible de changer si la prochaine génération d'actionnaires décide de ne plus s'impliquer dans la gestion du groupe et de vendre ses parts. Mais je crois qu'ils sont aujourd'hui très attachés à notre modèle.

Et la concurrence...
Parmi les principaux acteurs français de la distribution, la situation est hétéroclite. Certains groupes ont conservé des structures originales, comme les centres E.Leclerc ou les Mousquetaires, respectivement numéro 2 et 4 du marché hexagonal, et qui sont des groupements d'indépendants disposant de structures communes. D'autres sont cotés en bourse, comme le groupe Rallye (qui détient les enseignes Casino, Go Sport, Leader Price, Franprix...), et surtout Carrefour, numéro un français de la distribution et deuxième acteur mondial du secteur derrière le géant américain Wal-Mart, lui aussi coté en bourse.


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