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ENTREPRISE
 
26/07/2006

Jacques Servier (Groupe Servier)
"Nous consacrons 7 à 9 % de plus à la recherche que le secteur"

Le groupe Servier est le deuxième groupe pharmaceutique français au niveau mondial mais il reste non coté. Son fondateur explique pourquoi avoir choisi une stratégie d'indépendance vis-à-vis des marchés financiers.
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Expert :
Fabien Prévost

Depuis sa création en 1954, les laboratoires Servier n'ont jamais été cotés. Pour Jacques Servier, président fondateur du groupe, c'est un choix stratégique. Le laboratoire français est aujourd'hui le troisième groupe pharmaceutique indépendant des marchés financiers dans le monde, avec un chiffre d'affaires de 2,8 milliards d'euros en 2005 et 17.500 collaborateurs.

Quelles raisons vous ont poussé à ne pas être coté ?
Docteur Jacques Servier. Le médicament est une activité à long terme en décalage avec les attentes de rendement à court terme des actionnaires. La réussite des travaux de recherche et de développement, dont sont issus les nouveaux médicaments, demande une extrême continuité. Je dirais même que la clé de notre réussite est notre indépendance. Nous n'avons pas de dividendes à distribuer ni de pression de la part des actionnaires.


Le médicament est une activité à long terme en décalage avec les attentes de rendement à court terme des actionnaires."

Quelles sont selon vous les principales limites de la non cotation ? En particulier, comment financez vous votre développement ? Est ce que ça vous coûte plus cher ?
La bourse est très utile pour les investissements dans les grandes infrastructures telles que les autoroutes, les voies ferrées… Ce dont a besoin l'industrie pharmaceutique aujourd'hui, ce n'est pas tant de capitaux mais de revenus pour les réinvestir immédiatement dans la recherche. Au cours des cinq dernières années, notre laboratoire a consacré en moyenne 25 % de son chiffre d'affaires à la recherche et au développement. C'est 7 % à 9 % de plus que la moyenne du secteur.

Qu'est ce qui vous pousserait à l'avenir à revoir votre décision et à faire un appel public à l'épargne ?
Nous sommes indépendants et nous tenons à le rester. Pour cela, nous avons choisi d'être une fondation. Dans une société classique, une partie des bénéfices sert à améliorer la trésorerie, une partie sert à rémunérer les actionnaires et puis une partie sert aux dirigeants. Nous, nous laissons tout l'argent dans l'entreprise et avec ça nous la développons et nous l'avons considérablement développée depuis nos débuts.

Et la concurrence...
Parmi les principaux acteurs de l'industrie pharmaceutique sur le marché français, une grande majorité est cotée. C'est le cas des géants mondiaux comme Sanofi-Aventis (cotée à Paris et New York), GlaxoSmith Kline (Londres et New York), AstraZeneca (Londres, Stockholm et New York), Pfizer ou Merck (New York). Néanmoins, deux acteurs indépendants sont très actifs sur le marché et devancent le groupe Servier : l'Allemand Boehringer Ingelheim et l'Américain Mundipharma. En France, Pierre Fabre est également indépendant du marché. En revanche, Arkopharma ou Ipsen sont cotés, parfois depuis peu (décembre 1999 pour Ipsen).


Expert :
Fabien Prévost


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