Faire un bilan de compétences Faire un bilan de compétences : pourquoi, comment ?

Que faut-il attendre d'un bilan de compétences ? Comment l'aborder ? A quel moment l'envisager pour soi-même ou pour ses salariés ? Les conseils d'une spécialiste.

Le bilan de compétences vise à faire le point sur ses aptitudes afin de bien faire évoluer sa carrière. Mais pour vraiment en bénéficier, il faut le déclencher au bon moment et surtout, être conscient du fait qu'il vous demandera un fort investissement personnel et le plus souvent, une véritable remise en cause. Voici les conseils d'une spécialiste pour aborder cette démarche stratégique dans les meilleures conditions.

Ce qu'il faut attendre (ou pas) d'un bilan de compétences
Le bilan de compétences est un outil pour mener sa vie professionnelle et éviter les difficultés majeures. "Mais ce n'est pas un coup de baguette magique", prévient Florence Le Bras, auteur de "Le bilan de compétences" chez Marabout. Le consultant ne fournira pas un projet idéal, clé en main. Il offrira des idées intéressantes, ouvrira des horizons, mais obligera également à des efforts et des remises en cause.

"Le bénéficiaire du bilan doit réellement s'investir, pour en retirer quelque chose."

En commençant un bilan de compétences, il faut ainsi s'attendre à être déstabilisé. "On peut être déçu de ce qu'on dit de vous", met en garde Florence Le Bras. Mais surtout, le bilan crée l'obligation de se prendre en charge, par exemple si l'on vous conseille de suivre une formation.

Pour Florence Le Bras, une chose est sûre : pour que le bilan de compétences donne des résultats, il faut savoir se rendre suffisamment disponible. "Un bilan de compétences dure à peu près 24 heures, le plus souvent réparties sur 6 à 8 semaines. Il faut aller aux rencontres, en ne négligeant pas le temps de transport, mais aussi travailler entre les séances. En effet, le bénéficiaire du bilan doit réellement s'investir, pour en retirer quelque chose. Il doit produire des efforts de mémoire et sans cesse se questionner." Selon son parcours, son âge et son poste, elle aura plus ou moins de questions à se poser. On peut toutefois compter environ deux heures par semaine de travail en dehors des rendez-vous avec le consultant.

Les facteurs déclencheurs du bilan de compétence
Depuis quelques années, Florence Le Bras constate une forte croissance du nombre de demandes pour suivre un bilan de compétences. Tout d'abord, la loi du 4 mai 2004 à l'initiative du Droit individuel à la formation (Dif), au titre duquel on peut effectuer un bilan, a poussé plus de salariés à se lancer dans cette démarche.

Mais l'engouement pour le bilan de compétences aurait des racines plus profondes. "Chaque salarié sait qu'il est sur un siège éjectable. On ne passe plus quarante ans dans la même entreprise comme autrefois. On a donc le sentiment de continuellement devoir donner le meilleur possible." Or, d'une certaine façon, le bilan de compétences sert également à savoir comment s'améliorer encore. "Enfin, les gens savent que c'est eux qui, plus que jamais auparavant, ont en main leur vie professionnelle. Et ils veulent la maîtriser."

Plus concrètement Florence Le Bras observe que les cadres peuvent entreprendre un bilan pour des raisons très variées. 


 Les rumeurs se multiplient autour d'un éventuel remaniement du personnel, ou bien l'entreprise se porte visiblement mal. "Dans ce cas, mieux vaut prendre les devants pour pouvoir se reconvertir au plus vite en cas de besoin."


 Une personne veut retravailler après avoir interrompu sa carrière pour élever ses enfants. Elle peut avoir besoin de savoir si elle a besoin de suivre une formation ou même de changer de métier.

"Si votre employeur vous demande de faire un bilan, mieux vaut ne pas refuser."


 Quelqu'un se sent mis au placard. Il n'est plus convoqué aux réunions, ne reçoit plus les notes et e-mails de service. Le bilan de compétences peut lui permettre de faire le point.

 Un cadre entretient des rapports conflictuels avec sa hiérarchie ou ses subalternes. "Le bilan de compétences portera alors davantage sur ses traits de caractère et de personnalité."

 Un cadre s'ennuie dans sa fonction et a envie de bouger. Il fera un bilan de compétences pour évaluer le risque d'un changement de poste.

 Une personne veut obtenir une promotion dans l'entreprise mais a peur qu'on lui oppose qu'elle n'a pas les compétences nécessaires. Le bilan lui permettra de s'en assurer avant de formuler sa demande.

 Quelqu'un a enchaîné les postes de deux ou trois ans dans plusieurs entreprises, sans se sentir bien nulle part. "Le bilan de compétences pourra lui permettre de comprendre d'où vient son instabilité."

 Certains se sentent sous-employés. Ils peuvent avoir fait des études brillantes et estimer que ce qu'on leur donne à faire n'est pas en rapport avec leur valeur. Ils ont besoin de voir s'ils peuvent viser d'autres types de postes ou trouver un moyen de s'épanouir dans le leur.

 Au-delà d'une quarantaine d'années, d'autres s'inquiètent pour leur avenir et se demandent : "Puis-je faire autre chose ou mieux vaut-il rester 'caché' à mon poste jusqu'à la retraite ?"

 Les autodidactes se sentent parfois dévalorisés par rapport aux jeunes embauchés plus diplômés. Ils peuvent alors avoir le sentiment de manquer d'autorité et se demandent que faire. "Un bilan de compétences pourra par exemple déboucher sur une validation des acquis de l'expérience (VAE)."

 Des jeunes peuvent également se poser des questions, comme ceux qui ont choisi une voie qui ne leur plaît pas vraiment. Ils veulent savoir s'ils pourraient changer d'orientation, par exemple en diminuant l'écart entre goûts personnels et vie professionnelle.

 "Celui qui vient de perdre son emploi, très fréquemment, est assailli de doutes." Le bilan de compétences l'aidera à faire le point. 

 Dernier cas de figure : c'est l'entreprise qui demande à son salarié de faire un bilan de compétences. Certes, c'est une démarche à entreprendre de son plein gré. "Cela dit, si votre employeur vous le demande, mieux vaut ne pas refuser", recommande Florence Le Bras.

Quand faire faire un bilan de compétences à un salarié ?
Naturellement il y a, là encore, de nombreuses raisons pour qu'une entreprise demande à un salarié de faire un bilan de compétences. "Par exemple, une société crée un nouveau service, ou une succursale à l'étranger, imagine Florence Le Bras. Elle pense à un salarié. Elle peut lui demander de faire un bilan de compétences pour être sûr qu'il correspondra bien au poste." Ce n'est donc pas forcément le signe que le salarié n'est pas à la hauteur de ses fonctions actuelles : cette demande est à interpréter en fonction de sa situation dans l'entreprise et avec sa hiérarchie. "D'ailleurs, ajoute notre spécialiste, on ne fait pas faire un bilan de compétences à quelqu'un qu'on s'apprête à licencier." Le bilan est donc plutôt utilisé lorsque l'employeur envisage pour le cadre un changement de situation ou une mutation.

Bien entendu, à l'issue de son bilan de compétences, le risque de voir le salarié quitter l'entreprise existe. "Mais c'est un risque classique pour un employeur." Par contre, quand un salarié demande à son patron de lui financer un bilan de compétences, ce dernier peut s'inquiéter et se dire qu'il le sous-emploie peut-être. "Il vaut donc parfois mieux faire son bilan discrètement, si l'on arrive à le financer", préconise Florence Le Bras.