La réunion sert parfois
à annoncer de mauvaises nouvelles ou à prendre des décisions
difficiles. Lorsqu'on en est l'animateur, le public peut alors être résolument
hostile. L'animosité peut aussi régner entre les participants.
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Si deux participants ont notoirement des difficultés relationnelles, il
faut prendre les devants © | |
Comment appréhender de telles situations d'agressivité
et désamorcer les tensions ?
Privilégier
l'écoute
Lorsqu'il s'agit d'une réunion informative, ayant
pour but d'annoncer une "mauvaise" nouvelle, il est important de prévoir
du temps pour écouter les réactions de l'auditoire. La communication
ne doit pas se faire à sens unique, autrement vous auriez privilégié
une information écrite. "Une fois que vous avez laissé tout
le monde s'exprimer, il est important de reformuler ce que vous avez compris,
décrit Claude Saurel. Ensuite, vous pouvez répondre tout de suite
aux questions possibles et expliquer que vous allez avoir besoin de quelques jours
pour les réponses qui demandent plus de réflexion."
Si
la situation le permet, optez pour une démarche plus participative. Présentez
en amont les pistes de réflexion envisagées et demandez l'opinion
des personnes présentes. La concertation du groupe donnera plus de légitimité
à vos propos le moment venu.
"Si vous êtes remis en cause, ne cherchez
pas à parler plus fort que les autres" |
Dans tous les cas,
prévoyez impérativement un moment d'interaction avec le groupe.
"Si je ne laisse pas la parole pendant la réunion, qu'est-ce qui va
se passer à la sortie ?, s'interroge Philippe Tramond. Les gens vont discuter
à la machine à café et je n'aurai aucun contrôle de
ce qui se dit et pas de droit de réponse. Tout vaut mieux que radio-moquette
!"
Et si vous avez face à vous un public abasourdi par la nouvelle,
vous devez susciter leur réaction. "Il faut dire ce que l'on observe
et reconnaître la souffrance afin que les gens se sentent compris",
précise Claude Saurel.
Conclure un pacte
Pour
éviter les débordements entre intervenants ayant des positions antagonistes,
le plus simple consiste à poser les règles de conduite en début
de séance. Parmi celles-ci :
» Etre
acteur et actif ;
» Ecouter
les autres et les différents points de vue ;
» Avoir
une analyse constructive.
"Après avoir établi cela,
l'animateur demande aux participants s'ils sont d'accord pour suivre ces principes.
Il lui sera ainsi beaucoup plus simple d'émettre un rappel à l'ordre
en cas de débats houleux", explique Philippe Tramond.
Si les
difficultés relationnelles sont anticipables - pour des questions de personnalité
ou à cause de conflits antérieurs - "il faut déminer
le terrain avant", conseille Claude Saurel.
"Si je ne laisse pas la parole pendant la
réunion, qu'est-ce qui va se passer à la sortie ? Les gens vont discuter à la
machine à café... " |
Poser le problème
sur la table
"Si vous êtes remis en cause par votre auditoire,
ne cherchez pas à parler plus fort que les autres, exhorte Philippe Tramond.
Posez le problème sur la table et demandez clairement ce qui ne va pas."
Et si vous êtes en tort, mieux vaut le reconnaître. Par contre, si
vous subissez des attaques personnelles, décorrelées de l'objet
de la réunion, posez les limites immédiatement : ce n'est ni le
moment, ni l'endroit pour ce genre de propos.
Convaincre
en s'affirmant
Philippe Tramond conseille deux structures de discours qui
permettent de déjouer l'opposition : le "Sosra" et le plan dialectique.
Le premier consiste à Situer le sujet dans son contexte, émettre des constats
et éléments d'Observation, exprimer son Sentiment vis-à-vis de la situation, émettre
des Réflexions plus intellectuelles sur le sujet, puis énoncer comment il faudrait
Agir. Le second revient à suivre un plan "thèse, antithèse, synthèse".
Enfin,
rappelez que certaines décisions ne sont pas négociables et que
même si l'on est contre il faut les appliquer. "L'entreprise n'est
pas une démocratie", rappelle Philippe Tramond.