En conduite du changement, bien des techniques intuitives se révèlent inopérantes,
au moins sur le long terme.
Imposer
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Le grand ennemi du changement est le rapport de force ©
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C'est le cas de l'usage de l'autorité. "Le grand ennemi du changement est
le rapport de force", insiste Françoise Kourilsky. Imposer est toujours possible
lorsque l'on dispose d'un ascendant hiérarchique sur un collaborateur. Mais
le changement n'est pas juste une tâche que l'on fait ou non. La personne
doit intégrer le changement pour qu'il soit effectif. "Un vrai changement
doit se faire sans effort. Sinon, il arrivera toujours un moment où la personne
dira C'est plus fort que moi' et retombera dans ses anciennes habitudes",
poursuit l'experte. A noter que cette autorité ne se manifeste pas toujours
par des ordres directs mais peut émaner d'une position de supériorité prise
au moment de l'annonce : face à la peur ressentie par les collaborateurs
face au changement, cette attitude ne fera que générer chez eux méfiance
voire agressivité.
Persuader
Vouloir persuader ses collaborateurs de la légitimité d'un changement est également
un mauvais départ pour obtenir ce que vous souhaitez. "De même que le changement
ne se décrète pas, il ne s'explique pas, ne s'argumente pas", note Françoise Kourilsky.
"De même que le changement ne se décrète pas,
il ne s'explique pas, ne s'argumente pas" |
Le discours rationnel qui est traditionnellement la norme dans la gestion d'entreprise
n'est pas opérant face à des résistances dont la dimension psychologique est forte.
Les meilleurs arguments n'auront aucun poids sur les personnes à partir du moment
où ils ne répondront pas à la seule question que chacun se pose : "pourquoi
est-ce que moi je changerais ?". Un tel procédé est comparable au cours magistral
d'un professeur qui, en n'interrogeant pas ses étudiants sur leurs attentes, ne
leur apprend rien. "Les discours de conviction sont un réflexe psychologique qu'il
faut combattre : l'interlocuteur se demandera : qu'a-t-il donc à gagner et moi,
qu'ai-je donc à perdre ?', explique Gérard Carton. Un bon vendeur n'est pas celui
qui donne l'impression de vouloir convaincre mais celui qui donne l'impression
de laisser le libre choix."
Mettre au pied du mur
Ainsi, tout discours a priori rationnel basé sur l'idée d'un "changement
incontournable si l'on veut survivre" est à proscrire. Tout d'abord,
par ce qu'une telle entrée en matière met le moral des équipes à zéro. Ensuite
parce qu'il laisse sous-entendre que les options qui vont se présenter
aux collaborateurs sont plus que restreintes. Gérard Carton livre un exemple
: "si l'on souhaite mener une réorganisation qui donnerait une place plus
centrale au client, arriver devant ses collaborateurs en pointant du doigt
l'insatisfaction du client n'aura pour effet que de prendre les gens à rebrousse-poil
et de créer des résistances. En vous adressant à eux en expliquant que vous
souhaitez au contraire améliorer la satisfaction client, vous recevrez un
meilleur accueil."