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"Le taux de change euro-dollar pénalise notre économie"

Les gouvernements des Etats membres de l'Union européenne s'inquiètent de manière croissante du danger que peut représenter un euro surévalué par rapport aux devises étrangères, et principalement le dollar. Cependant, il semble qu'un euro fort présente aussi des avantages.

 

Un euro fort pénalise nos exportations

En effet, lorsque l'euro s'apprécie face au dollar, il en résulte une baisse du pouvoir d'achat des entreprises étrangères sur les produits français et européens. Cette situation pousse les entreprises de la zone euro à réduire leur prix de vente à l'étranger, ce qui réduit leurs profits et par là même la croissance de l'activité économique. Le risque majeur concerne les entreprises qui pourraient être poussées à délocaliser pour réduire leurs coûts. De plus, une appréciation de l'euro face au dollar pénalise fortement les entreprises exportatrices dont les factures sont libellées en billets verts. A titre d'exemple, une hausse de 10 % de l'euro face au dollar entraîne automatiquement une perte sèche d'un milliard d'euros de recettes pour EADS. D'ailleurs, le succès d'Areva, qui a obtenu de la Chine qu'une partie de sa facture soit libellée en euros, lui assure de moindres pertes en cas de nouvelle hausse de l'euro.

 

Certains s'en sortent mieux que d'autres

Si l'euro s'apprécie de 10 % face au dollar, les entreprises françaises doivent baisser leur prix de 5 % alors que 1 % suffit aux allemandes

Bien que la situation des exportations françaises soit préoccupante (+ 3 % en 2007 contre + 8,7 % en 2006), il semble que l'euro fort ne constitue pas la seule cause de ces difficultés. En effet, l'Allemagne n'est que très peu pénalisée par la hausse de l'euro (+ 9,5 % de croissance des exportations en 2007 et un excédent commercial). Ces performances s'expliquent par la réputation historique des produits allemands. Le pays est spécialisé dans les produits exclusifs, haut de gamme, pour lesquels le savoir-faire allemand est très demandé (voitures, machines-outils,…). Une étude de HSBC France a mis en avant la sensibilité des entreprises françaises et allemandes face à une montée de l'euro. Si l'euro s'apprécie de 10 % face au dollar, les entreprises françaises sont contraintes de baisser leur prix d'environ 5 % alors qu'une baisse de 1 % suffit aux entreprises allemandes pour rester compétitives. Le problème français vient du fait que les entreprises ne jouent pas sur la compétitivité produit mais sur la compétitivité prix, ce qui n'est pas viable avec un euro surévalué.

 

 

Les importations deviennent moins chères

Le premier avantage d'un euro fort est de limiter l'impact de la hausse du prix des matières premières. Avec un baril de pétrole qui frôle les 120 dollars, la force de l'euro permet à l'Europe d'atténuer le coût de sa dépendance énergétique. Il en va de même pour les autres matières premières qui font partie du processus de production des entreprises européennes. Il en résulte une réduction des coûts de production pour les entreprises faisant appel à ces produits étrangers échangés en dollars (énergie, produits agricoles, produits semi-finis,…). Ce mécanisme réduit les pertes en facilitant les baisses de prix imposées aux entreprises exportatrices. De même, des importations à bas prix réduisent les risques inflationnistes. Enfin, pour les particuliers, un euro fort est un avantage visible lors de voyages dans des pays dont les monnaies suivent l'évolution du dollar. 1.000 euros permettent de dépenser environ 1.500 dollars aux Etats-Unis, alors que les pouvoirs d'achat sont assez proches. Les produits de haute-technologie, par exemple, deviennent beaucoup plus attractifs sur les marchés hors zone euro.

 

Conclusion

La position de force actuelle de l'euro pose différents problèmes au développement de l'activité économique, suscitant les plaintes des dirigeants des Etats membres. Mais lorsque l'euro était faible, comme lors de sa création, ces mêmes dirigeants craignaient de devoir commercer avec une "monnaie de singe".


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