"La part des salaires dans
la valeur ajoutée ne cesse de décroître"
Chaque année, on
commente l'évolution du PIB. Composé de la somme des valeurs ajoutées
des entreprises, il représente la création de richesse à
l'échelle du pays. Mais à qui profitent ces gains ? Aux salariés
ou aux détenteurs de capital ?
Un niveau
historiquement bas
| Partage
de la valeur ajoutée des sociétés non-financières | |
| | 1960 | 1970 | 1981 | 1995 | 2000 | 2006 | |
| Salaires
et cotisations sociales | 67,3 | 69,7 | 71,2 | 63,4 | 63,6 | 65,8 | |
| Impôt
sur la production | NS | 2,5 | 3,6 | 4,7 | 4,8 | 5,5 | |
| Excédent
brut d'exploitation | 29,1 | 29,4 | 26,4 | 33,0 | 32,5 | 32,5 | |
| Source
: Insee et OFCE / 2007 | |
La part des salaires dans la valeur ajoutée
des entreprises (hors entrepreneurs individuels) connaît, depuis le début
des années 90, des niveaux relativement stables - avec une légère
tendance à la remontée ces dernières années - et les
plus bas depuis les années 60. Historiquement, la répartition de
la valeur ajoutée s'est progressivement améliorée en faveur
des salaires à partir du choc pétrolier de 1973 jusqu'à atteindre
un point culminant en 1981. La "bulle" s'est progressivement dégonflée
pour perdre 10 points en 10 ans.
A qui profite
cette baisse ?
"La
part des salaires dans la valeur ajoutée connaît ses niveaux les plus bas depuis
les années 60" |
L'excédent brut d'exploitation sert
à rémunérer les actionnaires et à financer l'investissement
productif. Ce sont les dividendes qui ont le plus augmenté, passant de
2,9 % de la valeur ajoutée en 1981 à 7 % en 2000. Entre 1981 et
1995, les entreprises ont profité du surplus d'EBE pour se désendetter.
Le financement des entreprises s'est ainsi progressivement détourné
de l'emprunt pour rechercher des apports en fonds propres, rémunérés
par les dividendes.
L'actionnariat salarié
La
répartition de la valeur ajoutée entre travail et capital est l'un
des grands sujets de débat des défenseurs des salariés. Mais
le développement de l'actionnariat salarié, même s'il ne remet
pas fondamentalement en cause les données du problème, vient brouiller
les cartes. Selon l'Association française de la gestion financière, il représente
43,2 milliards d'euros investis en 2006 (en hausse de plus de 20 % par rapport
à 2005).
Conclusion
Deux écoles
coexistent dans l'analyse de la répartition des richesses entre le capital
et le travail. Ceux qui pensent que la perte de 10 points de valeur ajoutée
depuis la fin des années 80 représente un durcissement sans précédent
des conditions salariales et ceux qui analysent les chiffres avantageux des années
1975-1985 comme une exception à la norme qui prévaut depuis le début
des années 60.