Tout abandonner pour réaliser son rêve Changer tout, oui mais pourquoi ?

Donner du sens à sa vie professionnelle

Le temps de l'entreprise paternaliste, où l'on entre dans le sillage de son père et qui nous prend en charge quoi qu'il arrive, est révolu. Une récente enquête de l'Anact (Agence nationale pour l'amélioration des conditions de travail) chiffre à 4,2 le nombre d'employeurs qu'ont en moyenne les salariés français dans leur vie. En conséquence, les parcours professionnels se sont aujourd'hui fortement individualisés et tout semble possible. "Face à un monde plus complexe, que l'on appréhende plus difficilement, un nombre croissant de personnes cherchent à donner du sens à leur parcours. Il s'agit de trouver sa place à soi pour se protéger des turbulences", explique Yves Deloison, auteur de Changer tout et rédacteur en chef d'un magazine éponyme consacré à la thématique du changement de vie.

Plus seulement la crise de la quarantaine

yves deloison, 'changer tout'
Yves Deloison, "Changer tout" © Julien Benhamou

Des personnes qui ont tout recommencé à zéro, Yves Deloison en a rencontrées beaucoup. Il note cependant une nouvelle tendance. "Auparavant, le désir de se reconvertir émanait plutôt de quadragénaires. Depuis quelques années, on s'aperçoit que la frustration que l'on peut ressentir dans son emploi peut arriver plus tôt. J'ai rencontré bien des trentenaires qui avaient suivi la voie considérée comme royale par leur milieu social et qui, dès leur premier poste à responsabilités, avaient pris conscience qu'ils n'étaient pas à leur place. Enfin, on rencontre également beaucoup de quinquagénaires qui savent qu'ils ont encore 10 ou 15 ans de carrière devant eux et qui se demandent comment ils vont les occuper."

Une démarche entrée dans les mœurs

Changer de métier, y compris lorsqu'il s'agit de prendre un virage en épingle à cheveux, est une option que la société intègre plus facilement qu'auparavant. Organiser sa carrière est un impératif auquel les salariés sont de plus en plus sensibles, d'où l'importance prise dans leur esprit par les dispositifs de formation continue. Selon l'Anact, 80 % d'entre eux sont même prêts à y consacrer du temps personnel. "On s'autorise à se poser beaucoup plus de questions. On a moins envie de subir et plus de construire son parcours professionnel", conclut Yves Deloison.