La réforme 2009 de la formation professionnelle va-t-elle se soucier de l'évaluation ?

Le système de la formation professionnelle continue français basé sur le "dépenser plus pour former plus" est-il en train de basculer vers le "investir judicieusement pour plus d'efficacité" ?

La question de l'évaluation de l'efficacité des formations a été durant trop longtemps la grande absente des textes de lois. Seule la circulaire DGEFP n° 2006/35 du 14 novembre 2006 faisait exception en montrant que les actions d'évaluation étaient considérées comme rattachables à une action de formation (donc imputables au titre de la 24 83) :

"Les dépenses occasionnées par des actions organisées en dehors de la mise en oeuvre d'actions de formation proprement dite, mais qui s'y rattachent directement, préalablement (par exemple des tests de positionnement, d'aptitude ou de niveau, etc.), ou postérieurement à celles-ci (par exemple des tests d'évaluation des compétences acquises, etc.) peuvent être considérées comme imputables si les formations considérées ont effectivement eu lieu".

Un premier point intéressant pour les responsables formation soucieux d'évaluer l'efficacité de leurs formations : le coût de cette évaluation est imputable !

Mais pour ceux qui ne voient encore guère l'intérêt de l'évaluation (et ils sont encore trop nombreux), l'évolution du cadre juridique montre clairement que, de plus en plus, une évaluation réelle de la formation devra être prévue afin que la formation soit reconnue comme étant une véritable action de formation (au moins au sens juridique du terme), et donc que l'évaluation sera une condition indispensable à son imputabilité.

Enfin, faisant suite à l'Accord National Interprofessionnel du 7 janvier 2009, qui suggérait déjà la création d'un observatoire d'évaluation de la formation (et un comité de plus... et un sujet qui échappe une fois de plus aux professionnels de terrain), le projet de loi qui suivra se fixe un objectif qui nous est cher parmi les cinq : "Evaluer les politiques de formation"

Un grand flou subsiste, deux voies sont possibles : s'agit-il d'évaluer les politiques de formation professionnelle menées par l'État et les régions ? Ou d'inciter les entreprises à évaluer concrètement l'impact de leurs politiques de formation (en prévoyant de nouveaux dispositifs, comme, par exemple, une prise en charge accrue de ces actions par les OPCA) ?

Dans le premier cas, même si l'intention est louable, on ne répondra pas encore aux attentes du terrain (par exemple, comment l'évaluation d'une politique de formation régionale pourra aider le responsable formation à améliorer le transfert des compétences ?). Alors, croisons les doigts pour que la seconde voie ne soit pas, une fois de plus, la grande oubliée des débats sur l'avenir de la formation professionnelle. Il y va de sa légitimité et, bien évidemment, de son efficacité.