Recrutement et médias sociaux, beaucoup de bruit pour rien ?

L'accroissement du nombre d'utilisateurs des réseaux sociaux conduit à se demander dans quelle mesure ceux-ci sont utilisés dans la sphère professionnelle à des fins de recrutement.

C'est un fait, les réseaux sociaux sont de plus en plus utilisés. A côté de Facebook et de ses 900 millions de membres, la progression des réseaux sociaux dits "professionnels" durant ces dernières années est fulgurante. Ainsi, Linkedin, créé en 2003, compte désormais plus de 175 millions de membres, avec une fréquence d'adhésion de 2 nouveaux membres par seconde (données groupe). Le numéro 2 mondial, le français Viadeo, crée en 2004, connait lui aussi une croissance importante avec 45 millions de membres dans le monde à ce jour, dont 5 en France, ce qui lui permet de regrouper sur une même plateforme 67% des candidats potentiels à un poste selon une étude menée par le cabinet Piana HR Group.
Au vu de ces chiffres, il semble donc
indispensable d'être présent sur un réseau social pour pouvoir recruter en 2013. Cette nécessité se ferait d'autant plus forte que les profils recherchés font partie de la fameuse génération Y, née ou presque avec les nouvelles technologies. Il faudrait donc s'adapter à ces nouveaux usages sous peine de se priver de profils précieux qui n'utiliseront bientôt plus les réseaux dits classiques de recherche d'emploi.
Et pourtant, la réalité est tout autre... En effet, seul un recruteur sur deux est présent sur un réseau social selon une étude menée fin 2011 par RegionsJobs et 5% des embauches seulement se font via ce canal de recrutement. Comment peut-on expliquer ce décalage entre l'utilisation croissante des réseaux sociaux dans la vie quotidienne et le faible usage qui en est fait dans le cadre du recrutement et de la recherche d'un emploi?

Essentiellement par l'usage même qui est fait de ces plateformes professionnelles.

En premier lieu, de très nombreux membres, candidats potentiels comme entreprises, n'utilisent ces réseaux sociaux que de manière occasionnelle, il est donc important de relativiser les chiffres fournis par les groupes qui reflètent le nombre de membres inscrits et non le nombre de membres actifs.
Ensuite, les membres dits "actifs" utilisent principalement les réseaux sociaux pour mettre à jour les informations les concernant et étendre leurs réseaux, la recherche d'emploi n'étant qu'un des aspects de l'utilisation d'un réseau social qui vise donc à gérer sa réputation en ligne, autrement dit sa E-reputation. D'ailleurs, 49% des utilisateurs Viadeo cite l'agrandissement de leur réseau comme raison principale d'utilisation, la recherche d'emploi proprement dite se plaçant en cinquième position.
Enfin, une utilisation plus poussée des fonctionnalités offertes par les réseaux sociaux en vue de recruter ou de se faire recruter nécessite un investissement financier, généralement sous forme d'abonnement. Ce coût peut expliquer qu'un grand nombre de candidats potentiels, et notamment les jeunes diplômés, pourtant coutumiers de l'utilisation des réseaux sociaux, rechignent à utiliser davantage les réseaux sociaux pour trouver un emploi.
Ceux-ci privilégient alors l'envoi de candidatures spontanées ou postulent directement sur les sites des entreprises. De leurs côtés, celles-ci doivent généralement justifier les investissements à réaliser. Or, la faible maturité du recrutement 2.0 ne permettant pas encore ce retour d'expérience, les entreprises sont jusqu'à présent restées assez frileuses.
Cependant, les entreprises semblent y croire et prévoient globalement d'augmenter leurs dépenses  sur ce type de médias dans les années à venir. De nouveaux métiers, comme les « community managers », sont créés pour faire vivre les entreprises sur les réseaux sociaux et les fonctions RH utilisent de plus en plus le 2.0, mais non pas en remplacement des moyens classiques de recrutement mais plutôt en complément de ceux-ci.

Le recrutement 2.0 n'est donc ni un effet de mode, ni révolutionnaire mais doit désormais être pris en compte dans le cadre du recrutement
. Certaines écoles l'ont bien compris en proposant à leurs élèves des formations aux usages propres à chaque type de réseau social.