Le V.I.E., une ressource à manier avec précaution

Ressource jeune par définition (moins de 28 ans), le V.I.E. aux États-Unis peut se révéler une bonne ou une mauvaise solution selon le périmètre de sa mission. Et pour lui/elle, une bonne ou une douloureuse expérience, pour les mêmes raisons.

Ubifrance, qui porte ce programme, le dit clairement sur son site : il s’agit d’une ressource d’assistance. Et nous le disons avec nos mots sur le nôtre : il ne s’agit pas d’un substitut à un senior expérimenté de la vente ou du marketing. Pour dire les choses clairement et directement : un V.I.E. ne peut pas et ne doit pas être votre tête de pont commerciale aux États-Unis, dans le double intérêt de votre entreprise et du V.I.E. lui-même.
En confiant les rênes de votre développement commercial aux États-Unis à un(e) jeune sans ou avec peu d’expérience, non seulement vous ne donnez à votre entreprises aucune chance sérieuse de comprendre et naviguer sur ce marché complexe mais de surcroît vous tirez l’image de votre entreprise vers le bas en imposant à vos clients, partenaires et interlocuteurs un(e) jeune sans expérience qui parle certainement très approximativement la langue de Shakespeare et encore moins - plus important - le langage des affaires américain.
Imaginez-vous l’inverse : vous êtes chef d’entreprise ou dirigeant français en France, et un(e) jeune Américain(e) vous contacte maladroitement par e-mail ou par téléphone dans un français approximatif et aussi maladroit que poussif pour vous vendre un produit ou vous proposer un meeting. Si tant est que le(la) jeune Américain(e) parvienne à passer le barrage de votre accueil téléphonique ou de votre assistante, il y a fort à penser que vous écourterez l’appel plus ou moins poliment en dénonçant intérieurement l’arrogance et la stupidité de ces sociétés américaines qui vous font perdre votre temps et ne prennent même pas la peine de se plier au fonctionnement de ce marché qui est le vôtre. Dans ces conditions, toute perspective de business avec cette entreprise sera réduite à néant.

Dites-vous qu’il en sera exactement de même de l’autre côté de l’Atlantique : les mêmes causes produisent exactement les mêmes effets, en France comme aux États-Unis (et partout ailleurs).
Ce marché va trop vite, il est trop exigeant et complexe pour laisser la moindre place aux à peu près qui seront perçus comme un manque de professionnalisme et n’aboutiront sur aucun résultat.
Et de son côté, pensez donc à votre V.I.E. qui, une fois passée l’excitation des 1eres semaines de se voir catapulté(e) aux États-Unis se retrouvera seul(e) toute la journée, loin de toute forme d’équipe, incapable de se tourner vers qui que ce soit pour se former, se renseigner, se conforter, et encadrer son action. Dans le meilleur des cas, il(elle) naviguera à vue et sans direction, dans le pire des cas il(elle) craquera.
Pour l'anecdote... Une entreprise que nous accompagnons nous a dernièrement expliqué rencontrer des difficultés à recruter pour ouvrir en en Rhône Alpes une antenne commerciale légère de son siège lillois. Ce client envisageant sérieusement de confier sa nouvelle filiale américaine à un V.I.E., nous lui avons caustiquement demandé pourquoi il ne recrutait pas un jeune stagiaire pour Lyon. Sa réponse « un stagiaire ? pour piloter les ventes ? certainement pas, c’est trop important il nous faut un senior ! ». Cela reviendrait-il à dire que le développement de cette entreprise aux États-Unis n’est pas important ? No comment...
Dernière précision: nous ne sommes certainement pas CONTRE le recrutement des V.I.E. dans l'absolu mais POUR que les entreprises françaises mettent aux États-Unis les moyens qualitatifs et quantitatifs nécessaires à la réalisation de leurs ambitions et objectifs.