Prise de parole en public : comment ne pas se planter devant son auditoire ?

Quand nous sommes amenés à prononcer un discours, nous avons tendance à vouloir trop bien faire. Et ce afin de conjurer le trac ou par simple perfectionnisme. Immanquablement, nous finissons par mal faire. Pour retrouver la sérénité et l’efficacité, il convient de corriger principalement deux travers.

1 - Trop préparer son intervention

 Tout le monde s’accorde à dire qu’une intervention réussie (« impactante », pour parler comme les professionnels de le com’) passe nécessairement par une phase de préparation importante. C’est vrai. Il est même conseillé de rédiger le discours à la virgule près. L’étape suivante consiste à connaitre le texte sur le bout des doigts. Se réfugiant dans le par cœur, nous nous estimons à l’abri de toute contre-performance. Quelle erreur ! Agir de la sorte, c’est révéler un double manque : un déficit de confiance en soi et d’appropriation du fond de l’intervention. C’est surtout se donner les meilleures chances de « se planter », avec les meilleures intentions du monde. Une objection venant de l’assemblée, un trou de mémoire… et l’intervention tombe à plat ou coule à pic.
Une intervention devant un auditoire doit toujours laisser une place à l’improvisation. « Savoir par cœur n'est pas savoir : c'est tenir ce qu'on a donné en garde à sa mémoire. Ce qu'on sait droitement, on en dispose, sans regarder au patron, sans tourner les yeux vers son livre », affirmait Montaigne dans ses Essais. Ânonner notre discours nous coupe de ceux auxquels nous sommes censés nous adresser.
On ne peut, au même moment, être à la fois l’auteur et l’interprète de son discours.

Pour remédier à cet écueil – et c’est peut-être là le plus difficile - il faut savoir se faire confiance. Une connaissance approfondie de ce dont on parle alliée à un « simple » fil conducteur suffisent pour surmonter l’exercice dans de bonnes conditions. « Ce qui se conçoit bien s'énonce clairement. Et les mots pour le dire arrivent aisément ». Rien de plus juste que cette formule célèbre de Boileau quand il s’agit de discourir. Improviser tout en sachant où l’on va, prendre ses distances avec son texte pour se rapprocher de son auditoire, voilà ce vers quoi doit tendre tout apprenti orateur soucieux de se perfectionner.

2 - Penser que certaines attitudes sont purement et simplement rédhibitoires

Croiser les bras, c’est signifier son opposition au groupe, et même son hostilité. Les ranger le long du corps, c’est faire montre de sa rigidité. Mettre ses mains dans les poches, cela peut être interpréter comme du je-m’en-foutisme… Ceux qui parmi vous ont déjà suivi des stages de prise de parole en public savent à quel point certaines attitudes sont prohibées. Les formateurs pointent les défauts à corriger pour mettre en cohérence le message que l’on véhicule et l’image que l’on donne. Face à un auditoire, il y aurait donc une bonne façon de se tenir et une bonne manière de dire, c’est-à-dire un ensemble d’éléments codifiés à respecter impérativement. Ce n’est pas faux, mais cela mérite d’être nuancé.
Ce qui compte avant tout quand on s’exprime devant un public, c’est la sincérité. Cette dernière mène à l’exactitude, comme l’écrit le prix Nobel de littérature Gao Xingjian. L’exactitude, c’est la triple coïncidence de ce que l’on est, de ce que l’on donne à voir et de ce que l’on dit.
Éviter à tout prix de singer des postures aussi mécaniques qu’attendues, ne ressembler à personne d’autre qu’à soi, voilà la règle. Plutôt que de rester constamment focaliser sur ses mimiques et ses mots en s’interrogeant constamment sur leur bien-fondé, portons notre attention vers ce qui importe vraiment : l’auditoire et la manière dont il réagit.
Il est donc possible, pour ne pas dire convenable, de s’adresser à un public les bras croisés ou les mains dans les poches. A condition cependant de ne pas ancrer cette attitude dans la durée. Il en va de nos gestes comme de nos paroles : certains se transforment en tics. A chacun d’entre nous de les apprivoiser pour se soustraire à leur pernicieux pouvoir. Ce qui est à bannir, c’est plus la persistance de certains comportements plutôt que ces comportements eux-mêmes.
Tout cela se travaille par la confiance en soi et l’estime de soi. Ces dernières peuvent naître d’un simple constat qui agit souvent comme une révélation : quand nous prenons la parole devant un groupe, les personnes auxquelles nous nous adressons sont plus bienveillantes que nous ne l’imaginons. Une bienveillance bien supérieure à celle dont nous faisons preuve envers nous-mêmes…