Conflit avec la hiérarchie, comment gérer ?

Que vous soyez le numéro deux, le numéro trois, cadre ou employé, vous êtes toujours sous les ordres d’une tierce personne. Et parce que le conflit fait partie des relations humaines et encore plus dans la sphère professionnelle, vous devez apprendre à bien le gérer.

Être sous les ordres de quelqu’un comporte toujours une problématique.
Car vos liens relationnels, votre manière de travailler et votre fonction au cœur même de l’entreprise sont toujours dépendants de celui qui vous dirige.
Type de management, sa vision de votre fonction, sa personnalité, toutes ces variables influent sur  les liens qui se tisseront entre vous et votre hiérarchie.  Que vous soyez du genre à fuir les conflits, à les affronter de face, ou à opter pour la conciliation, il y a des règles psychologiques à suivre pour ne pas avancer en terrain miné et sortir vivant des conflits avec la direction.

De la tension vers le conflit

La tension est le fil conducteur du conflit. Lorsque vous vous sentez dans un climat négatif avec celui ou celle qui vous dirige, c’est le moment de mettre en place une stratégie psychologique relationnelle. En premier lieu faites le point sur vous-même.
  • Est-ce une vraie tension ou prenez-vous tout contre vous ?
  • Êtes-vous objectif sur ce que vous ressentez de votre direction ?
  • Avez-vous des faits qui vont dans le sens de l’hypothèse d’une tension ambiante ?
  • Que s’est-il passé ces derniers mois ? Remontez à l’histoire qui vous unit vous et votre direction.

Se poser ces questions évite deux écueils

Premièrement de créer soi-même le conflit. Car à trop redouter quelque chose on finit par le susciter. Mais aussi il est impératif de ne pas se baser sur une perception mais sur les faits. Si, effectivement, vous n’êtes pas à l’aise dans le suivi des directives que l’on vous impose ou si vous ressentez pour une raison ou pour une autre un mauvais climat ambiant, changez de positionnement stratégique.
Tout d’abord ne tentez pas une approche envers votre direction où l’on vous sente craintif. Par exemple évitez les compliments qui dévoilent la manière dont vous vous positionnez car ils pourraient être pris comme une volonté de chercher à rétablir la situation insidieusement par la flatterie.
Sachez aussi à  travers vos mots instaurer un rapport d’égal à égal.
Vous êtes en heure de pause en train de manger votre déjeuner et vos supérieurs vous appellent pour que vous retourniez immédiatement au travail finir un boulot dont vous n’aviez jamais été prévenu ? N’acceptez pas, sachez vous montrer ferme mais en refusant toujours de la bonne manière.  « Je ne peux pas revenir maintenant, je finirai ce travail pour 16h ». Vous devez respecter ce qu’implique comme tâches votre fonction mais ne surtout pas laisser vos supérieurs déborder sur votre temps à vous. Si vraiment vous sentez que refuser est dangereux pour votre job, acceptez mais toujours en faisant passer le message que vous le vivez comme une proposition que vous acceptez et non un ordre. A cela plusieurs raisons.
Si vous pliez sous la menace implicite, vous risquez d’induire chez ceux-là même qui vous dirigent ce genre de comportement. Car ils sauront comment arriver à vous faire aller où ils le veulent. De plus vous leur renverrez une image de vous très docile. La docilité est, dans le monde professionnel, vécue comme une forme de faiblesse. C’est cette même faiblesse qui fera que vous ne serez jamais promu pour une place à responsabilité. Ayez donc toujours l’air de questionner toute demande hiérarchique. Poliment, respectueusement, mais montrez que vous réfléchissez les ordres que l’on vous impose.

Rapport de forces

Il se peut effectivement qu’un rapport de forces éclate. Vous êtes peut-être même en train de le vivre aujourd’hui. Sachez donc vous montrer lisse sans que l’on puisse savoir quelle émotion ou pensée vous traverse. Car on ne doit pas accéder à vos peurs ou angoisses, au risque qu’elles soient utilisées contre vous. Vous devez être stratégique. Pour ce faire, ayez conscience de vos droits. On avance les yeux fermés lorsque l’on ne sait pas les tenants et aboutissants de ce qui nous lie à notre entreprise.
Vous devez connaître par cœur ce que votre emploi vous offre comme protections légales mais aussi toute la législation du travail de votre pays. Afin d’assurer vos arrières au cas la situation dégénèrerait vers un licenciement ou une séparation.  Puis, montrez-vous irréprochable mais ne faites rien de plus que ce que votre fonction vous impose comme responsabilité. Horaires, objectifs, tâches administratives, faites tout au mieux mais n’acceptez rien de ce que l’on vous demande en plus.
C’est une forme de pression professionnelle que les directions despotiques aiment utiliser en cas de conflit avec un de leurs employés.
N’affrontez pas les conflits de front en déclenchant une discussion avec votre supérieur sans témoin. Autant que possible cherchez toujours un observateur, un tiers neutre présent lors des meetings afin d’éviter tout débordement. Privilégiez les rencontres avec vos supérieurs lorsque vous êtes entouré.
Si toutefois votre direction n’hésite pas à vous rabaisser ou dénigrer ouvertement dans les mots, prenez des notes et répondez-leur toujours sous forme interrogative.
«  Vous êtes en train de me dire que je suis incompétent alors que mon travail à été rendu à l’heure dite ?
- Vous êtes en train de vous énerver alors que vous ne m’aviez pas tenu au courant de l’heure du rendez-vous ? ».
Cette technique vise à confronter celui qui crée le conflit à ses propres dires sans avoir de quoi rebondir pour alimenter le conflit.
Dans tous les cas, ne tombez jamais dans une forme d’agressivité, car c’est celui que l’on entend le plus qui a toujours tort. Le mutisme n’est pas non plus le bon comportement : vous risqueriez d’attiser chez celui qui vous sermonne l’envie de prolonger ses réprimandes, prenant votre silence comme la confirmation de ce qu’il vous reproche.

Et après ?

Si les conflits perdurent, faites entendre que vous connaissez vos droits. Avant nous vous proposions de les connaître mais là il s’agit de faire savoir à ceux qui vous dirigent que vous êtes informé de ce qu’ils risquent eux aussi si toutefois les débordements allaient trop loin. Donnez une image de vous forte et assurée, surtout pas vulnérable et dans le besoin. Même si effectivement vous tenez à votre job, que vous craignez plus que tout le licenciement, sachez envoyer le message contraire à votre direction.
Qu’il vous sente si sûr de vous que l’on n’ose pas trop venir sur votre terrain. En même temps, soyez toujours et continuellement professionnel dans votre lien et dans votre travail. Il ne vous salue plus ? Vous, saluez-le. Respectez vos dead-line. Soyez pro dans votre manière de vous adresser à eux mais n’y mettez rien d’autre : ni affection, ni séduction, ni toute forme de vocabulaire visant à adoucir votre relation de manière explicite.
Si vous débouchez sur un consensus et que les rapports s’améliorent, profitez de cette période pour asseoir un nouveau personnage professionnel qui ne peut être happé dans les conflits. Pour ce faire, ne travaillez pas en fonction de ce que l’on vous a reproché. Je m’explique. Vous êtes entré en conflit avec la hiérarchie car, disent-ils, ils attendaient de vous une plus grande assiduité au travail. Reproche que vous avez contesté. Ne travaillez pas alors avec beaucoup plus d’assiduité, sinon vous leur confirmerez que leur réprimande était justifiée. Tout reproche que vous avez vécu comme despotique, injustifié ou prétexté, ne doit pas servir de base à une nouvelle manière de travailler… sauf si vraiment votre attitude au travail était contestable.
Sortez autant que possible les conflits que vous avez rencontrés de votre tête. Vous devez acquérir de la résilience. Cette capacité à passer à autre chose est essentielle.  Si dans toutes vos rencontres avec la direction vous avez en tête vos conflits antérieurs, vous risquez d’inconscient à inconscient de les rendre centraux et qu’ils reviennent s’immiscer entre vous. Même si cela est dur pour vous, feignez des relations courtoises, montrez-vous d’une banalité extrême afin que vos rapports, aussi tendus soient-ils, en retournent à une simple relation professionnelle.
Enfin, gardez à l’esprit que, au-delà de votre positionnement, il y a celui de votre patron et que si lui est despotique, narcissique, ou mégalomane, votre épanouissement à vous ne pourra jamais être total. Sachez alors quitter le bateau sans attendre de sa part un changement qui ne viendra. Car se cache dans l’attente d’un climat plus favorable l’usure de votre propre passion à vous.