Diriger, c’est changer les règles du jeu

Une anxiété malsaine, la peur, l’alarme, et les tactiques de peur de la tension coercitive génèrent du ressentiment et le besoin de se cacher.

Les champions se nourrissent de schémas de changement 

Il y a quelque années, Curre Lindstrom, coach de hockey suédois légendaire dans certaines contrées.
Il est particulièrement bien vu en Finlande, ou il à coaché l’équipe nationale qui a emporté le championnat du monde de hockey en 1995.
Il était sur un yacht du XIXe siècle au large des cotes sud de l’Angleterre. Une partie de l’expérience de coaching impliquait que l’équipe, guidée par un navigateur hors pair, apprenne à naviguer sur une mer parfois difficile. Conduire ce type d’embarcation pendant plusieurs jours est particulièrement éprouvant, une expérience de 24/24 qui demande un travail d’équipe de haute voltige. C’était également tés touchant de voir l’entraineur préparer le petit déjeuner à 6h du matin dans une cuisine qui tanguait si fort qu’il avait besoin de toute l’habileté d’un danseur en équilibre sur un tonneau. L’agilité incarnée !

On lui demanda ce qui faisait de lui un coach extraordinaire. Nombre des ses avis sont identiques à ceux exposés par de nombreux coaches de haut vol : traiter les autres avec respect, instiller la discipline, reconnaître que les membres de l’équipe sont aussi des individus à part entière, etc.
Puis il a expliqué comment il aimait désarçonner ses joueurs : sans prévenir, il déplaçait toute l’équipe dans un hôtel, par exemple. Une nuit, pendant les matchs de qualification des championnats du monde, il a décidé d’emmener toute l’équipe à l’opéra.
Ses motivations pour agir ainsi étaient très convaincantes.
Dans le sport de haut niveau, la différence entre une médaille d’or et d’argent se joue sur un jeu créatif et inventif.

Être à l’aise avec la surprise et anticiper l’imprévu font partie intégrante de la mentalité d’une équipe à même de remporter un championnat. Curre pensait que, pour atteindre cet état d’esprit, il fallait d’abord s’exposer régulièrement à l’inattendu. C’est seulement lorsque le changement fait partie intégrante de l’état d’esprit de l’équipe qu’elle est à même de se faire provocatrice, d’initier des virages décisifs. Le talent spécifique de coaching de Curre a aidé son équipe à être celle qui changeait le schéma de jeu dominant.
Il est intéressant de comparer l’opinion de Curre à la manière dont le changement est initié de manière typique dans les organisations. Pensez à une équipe dont vous tes familier et qui se réunit. Elle se retrouve là ou toutes les réunions ont lieu. L’ordre d’arrivée, les petites blagues en cours, là ou les gens s’assoient, et même la manière dont l’ordre du jour est communiqué sont désormais bien établis.
Et merci de ne pas vous asseoir à la place d’un autre ! Nul doute que, pour venir à la réunion, chacun aura suivi le même itinéraire que celui qu’il suit chaque jour. Georges, qui est toujours en retard, arrive, comme prévu, un peu après tout le monde. Le chef d’équipe parle passionnément du besoin de changement et de tous les petits détails désagréables qui risquent de se produire si ce changement n’a pas lieu. Dans un même temps, chacun y va de son rôle confortable dans ce qui est désormais un schéma de comportement symbolique bien établi. Et l’état d’esprit de l’équipe est tout aussi inébranlable. Le changement ? N’y pensez même pas.
Les leaders changent les règles du jeu et anticipent l’inattendu. Ils s’emparent du dicton stratégique « Répliquons d’abord ». Pour devenir réalité, le changement doit toutefois devenir partie  intégrante de la mentalité de l’équipe.
Les champions se connectent à l’inattendu. Ils sont à la recherche de l’idée, de l’évènement, ou de la meilleure performance qui génère une toute nouvelle manière d’agir. Les champions se nourrissent des schémas de changement. Diriger, c’est donc changer les règles du jeu.
Une anxiété malsaine, la peur, l’alarme, et les tactiques de peur de la tension coercitive génèrent du ressentiment et le besoin de se cacher.