Savoir gérer la colère

La colère vous rend esclave de vos émotions et vous dévoile. Apprendre à l ‘analyser et la maîtriser est primordial pour avancer sereinement en sphère professionnelle comme en sphère privée.

La colère vous rend esclave de vos émotions et vous dévoile. Apprendre à l ‘analyser et la maîtriser est primordial pour avancer sereinement en sphère professionnelle comme en sphère privée.
Pour le manager, le cadre, le chef d’entreprise, l’entrepreneur, l’employé, le conseiller... qui que vous soyez, la manifestation d’un état de colère vous dessert encore plus lorsqu’elle se fait sentir sur votre lieu de travail. Pourquoi ? Parce que la colère ne crée pas le respect, elle engendre la crainte. Elle n’est pas autorité, mais fragilité face aux émotions.
Pourtant cette émotion est une constante chez l’être humain. Nous sommes tous des êtres en colère. Certains l’expriment par des pleurs, d’autres par la rage, d’autres encore cherchent des exutoires. La colère s’exprime de mille et une manières et vous rend prisonnier de votre perception douloureuse du monde. Elle vous rend aussi complètement transparent face à celui qui vous observe, car la colère dit toujours, en premier lieu, quelque chose de celui qui l’exprime plus  que de celui  vers qui elle est dirigée.

Cette émotion que nous partageons tous 

La colère est une émotion que nous avons tous en commun. Issue de nos frustrations journalières, de notre rapport au monde, aux gens, au travail, mais aussi à nous-même, elle exprime bien plus que ce qui se hurle. Le fait de ressentir de la colère et d’en avoir conscience est déjà un premier pas vers la gestion de cette frustration. Car qui sait l’analyser, en comprend la source,  peut raisonner dans son expression. Si vous vous mettez en colère sans comprendre au delà de l’instant, vous êtes submergé par vos émotions et dominé par ce sentiment de frustration qui engendre la colère.
Vous vous sentez remis en question par un client peu respectueux ou un employé qui vous juge non efficient, ou encore par un collaborateur qui n’adhère pas à votre politique de travail et vous sentez la colère vous envahir.
Effectivement, elle vous envahit, elle envahit votre espace de raisonnement mais aussi  votre corps puisque la colère implique une certaine forme de somatisation. Sueur, sensation d’étouffement, accélération du rythme cardiaque, montée d’adrénaline, tremblements, maux d’estomac, votre corps s’exprime pour vous. Et à long terme, les effets sur l’organisme peuvent être importants.
Et lorsque vous agissez sous le joug de la colère, ce qui vous renvoyez comme image de vous n’est jamais positive où que vous soyez sur l’échelle hiérarchique. Ce qui émanera de vous sera soit une incapacité à gérer les situations de crise, soit une non maîtrise de la situation, ou encore la volonté d’arriver à vos buts par l’écrasement, le stress ou le despotisme. Vous êtes en colère, il faut l’exprimer, mais avec distance. Car les manifestations de la colère amoindrissent bien souvent votre message et votre légitimité à agir.

Colérique ! Vous avez appris à l’être 

Si nous sommes tous plus ou moins colériques, c’est que notre réaction face à des situation de stress ou de pression diffère d’un individu à un autre. Parce que chaque histoire est singulière et que les émotions y puisent leurs manifestations. Si vous avez grandi avec des parents qui expriment leur mécontentement par les cris ou les hurlements, si dans votre fratrie vous avez assimilé la colère à la résolution des conflits, si vous évoluez dans un climat de stress et que vous vous sentez toujours en état de tension…. Autant de variables qui influent sur votre chemin vers la colère. Votre histoire vous définit, mais vos choix en continuent l’écriture. On ne nait pas en colère, on le devient et c’est souvent un état d’esprit. On s’autorise à la colère parce que, quelque part, on la trouve légitime.
Et là aussi, c’est passé par un apprentissage, une structuration intérieure en rapport au contexte et à ceux qui vous ont servi de modèle.
SI vous prenez conscience que d’autres ponts que la colère peuvent vous amener à solutionner ou exprimer votre ressenti, vous êtes déjà en dehors de ce que l’on vous a transmis. Car une donnée fondamentale de l’avancement est la suivante :  pour bon nombre d’entre nous, l’on répète les schémas familiaux intégrés comme normaux, ou l’on va à l’opposée, mais dans les deux cas c’est à la lumière d’une problématique que l’on avance. Et c’est en dehors de cet éclairage que vous devez vous affranchir de ces transmissions qui vous alourdissent.

Quelques stratégies

En contexte professionnel, différez toujours toute discussion, rapport de force et discussion houleuse lorsque vous vous sentez en colère. Car vous risqueriez d’orienter vous-même le débat vers le rapport de force et le conflit. Lorsque l’on exprime sa colère, l’autre réagit presque toujours en miroir.
A surenchérir ou à s’écraser par souci hiérarchique, tout en nourrissant rancune ou incompréhension à votre égard. Et vous risquez fortement de vous retrouver, plus tard sur votre chemin, en butte aux conséquences de cette colère exprimée. Lorsque vous avez quelque chose à exprimer de fâcheux, faites-le de manière factuelle et dans un après, lorsque la situation s’est refroidie.
L’on peut toujours raccrocher, différer, remettre à plus tard afin de raisonner hors émotion et de choisir ce que l’on souhaite exprimer ou créer.
Ne soyez pas dans le déni face à la colère. Souvent l’on cherche la réponse à notre colère chez autrui : « Il m’a manqué de respect », «  il n’a pas respecté les sea-lines », « l’engagement »… Qu’est-ce qui vous met en colère ? Qu’il vous ait parlé d’une certaine manière ou que cela a été fait devant témoin ? Qu’il n’atteigne jamais ses objectifs ou votre angoisse que cela ait des retombées sur vous ? La colère, c’est presque toujours la pointe de l’iceberg, prenez le temps d’accéder à l’essence qui vous y entraîne. Si vous comprenez la source, vous saurez solutionner par le raisonnement le conflit,  hors de la colère.

Verbalisez

Passez toujours par la mise en mots de ce qui vous fâche. Face à vous- même ou à un tiers bienveillant. Mais ne restez pas avec un sentiment de frustration latent en votre fort intérieur. Ce que vous ne dites pas « ressort tel un destin », disais Carl Gustave Jung. Si vous exprimez votre colère par les mots dans une recherche de sens, vous êtes déjà entrain de la comprendre et d’agir en acteur et observateur de vos propres réactions. La clef de la maîtrise de soi, c’est « le désarmement extérieur qui passe par le désarmement intérieur.  Le seul vrai garant de la paix est en soi », comme l’a exprimé bien souvent le Dalai Lama.