Comment s’inspirer du biomimétisme pour ré-enchanter l’Open innovation ?

La biosphère est devenue une source d’inspiration pour les chercheurs, ingénieurs, designers, jusqu’aux managers, au travers de la pratique du biomimétisme ; un processus d’innovation visant à s’inspirer des formes, matières, propriétés, processus et fonctions du vivant, de la biologie.

Le biomimétisme écosystémique s’inspire d’écosystèmes présents dans la nature pour repenser nos interactions sociales, nos organisations, nos structures d’entreprises, nos relations avec notre environnement (concurrents, administrations, clients etc…).

Comment peut-il apporter de la valeur à nos modes de management, nos manières de travailler ensemble, de prendre des décisions ou de travailler ensemble ?

La nature, modèle d’innovation pour l’open innovationSi certains de nos fonctionnements (bien ancrés dans nos quotidiens) sont peu susceptibles d’évoluer, on peut en revanche s’interroger sur des fonctionnements nouveaux, toujours en cours d’expérimentation à l’image de l’open innovation.
Penser les démarches d’open innovation en s’inspirant de la nature permet d’insuffler une démarche résiliente, durable en innovant sans mettre en péril l’organisation d’origine.
Pour accompagner les réflexions autour du biomimétisme, différents cadres adaptés à la conception de produits et services s’inspirent d’un ouvrage de référence aux Etats-Unis décrivant les 16 principes du vivant dont quatre d’entre eux sont particulièrement pertinents pour le "savoir innover ensemble" :

La vie se développe du bas vers le haut, de l’unité vers la pluralité, réalisée par la multiplication et la diversification de l’élément unique originel. A titre d’exemple, la construction d’un organisme vivant à partir d’une cellule fécondée unique arrive à un organisme complexe de 100 000 types de cellules différentes ou d’une forêt, qui se développe sur des superficies de plusieurs hectares, recensant une population d’une grande diversité.La vie encourage la diversité en redistribuant l’information : c’est la contribution de la génétique à la biodiversité. En se combinant dans des ordres, et des volumes différents, ils sont la base de toute espèce vivante.

La vie fonctionne par cycles : Boucles de rétroaction : mesurer la performance des initiatives pour les piloter, les faire évoluer, ou les abandonner.

La vie crée à partir d’erreurs : la génétique, à la base du vivant, est encore la source de ce concept. Ce sont les combinaisons et les mutations génétiques aléatoires qui sont à la base de la biodiversité. L’évolution continue de l’espèce entraîne parfois des différences radicales entre le nouvel individu et son espèce d’origine, qui vont soit l’handicaper, et il va disparaître, soit le privilégier, quitte à ce qu’il prenne le pas sur l’espèce d’origine.

Des principes à appliquer dans le monde de l’entreprise

L’ensemble de ces principes se retrouvent dans le domaine de l’open innovation : engager dans un premier temps des initiatives à petite échelles, avec un nombre réduit d’interlocuteurs, en s’adaptant au contexte local (ressources, compétences, besoins…).

Par exemple, en se concentrant dans un premier temps sur de l’innovation interne, cantonnée à l’échelle d’un département : le premier pas serait de s’appuyer sur les équipes IT et quelques représentants métiers.

Le potentiel d’innovation est relativement faible, mais si cela fonctionne on aura créé une dynamique en interne favorable, à même d’entraîner d’autres parties de l’entreprise et des partenaires externes, et aura permis de capitaliser sur de premières bonnes pratiques.

L’open innovation, l’opportunité de confronter différentes sources de connaissance

Le biomimétisme nous prescrit de maximiser les échanges et la distribution d’information.

L’open innovation vise un foisonnement entre les diverses sources d’informations à disposition de l’entreprise, en interne ou en externe. Il s’agit de maximiser ce foisonnement : mettre relation de collaborateurs qui ne se parlent généralement pas, au travers de networking, de projets collaboratifs transverse, organiser des initiatives plus larges, types hackathons, Open Data, déployer une stratégie RH cohérente avec la stratégie d’innovation (recrutement, montée en compétences, transmission des savoir-faire…).

L’open data et l’open source pour stimuler la création de valeur par l’écosystème local, le reverse mentoring pour challenger les fonctionnements traditionnels, le travail collaboratif pour créer des offres pertinentes de manière agile… Nombre de fonctionnements pourraient avoir été inspirés des concepts que nous enseignent le nature. Prenons la notion d’essaimage chez les abeilles : reproduire ce qui a déjà fonctionné (la ruche) dans d’autres contextes, au besoin en les adaptant aux contraintes locales (forme, taille…).

L’open innovation et le besoin d’expérimenter

La nature nous prescrit que pour innover, il faut multiplier les expérimentations. Par des investissements réversibles, à petite échelle, afin de pouvoir accepter de voir mourir les initiatives qui ne fonctionnent pas, mais avec un processus robuste pour faire systématiquement croître, diffuser les initiatives qui ont fait leurs preuves.

En définitive, le vivant représente une source d’inspiration pertinente pour les organisations : le biomimétisme vient supporter bon nombre d’éléments clés dans la mise en œuvre des démarches d’innovation : le collaboratif, l’agilité, le droit à l’erreur, l’ouverture sur l’extérieur, la décentralisation… Cela montre également qu’il n’y a pas de méthodes miracle, pas de standards prédéfinis pour innover : il faut avant tout démarrer, tester, apprendre de ses erreurs, et construire ainsi une démarche adaptée à son organisation, et à son environnement externe.