Emploi : si on changeait de paradigme ?

C'est un drôle de paradoxe : le chômage est élevé mais les créations d'entreprises sont en pleine croissance. Pour faire rencontrer l'offre et la demande, il est essentiel de revoir notre rapport au travail.

Une économie est florissante lorsqu’elle donne les moyens à chaque entrepreneur de concrétiser ses idées, de les financer et de les développer grâce à des collaborateurs motivés pour qu’ensemble ils puissent écrire une histoire commune. La France vit le paradoxe de voir se créer sur son territoire toujours plus de sociétés (554 000 créations en 2016, soit 6% de plus qu’en 2015, 10% pour les sociétés classiques, -0,3 % pour les micro-entrepreneurs et de souffrir d’un taux de chômage parmi les plus élevés des pays développés. Au-delà de l’analyse de la situation, une réflexion doit être menée sur des méthodes nouvelles facilitant l’intégration de nouveaux collaborateurs au sein des entreprises pour répondre aux enjeux économiques et sociétaux auxquels doit répondre notre pays.

Les talents ne manquent pas

Rien qu’en Île-de-France, pour les seuls métiers de la communication et du numérique, plus de 60 000 professionnels sont inscrits à Pôle emploi sur un total de 669 250 de catégorie A. Une partie d’entre eux, non négligeable, connait des difficultés à rebondir pour des raisons diverses mais qui n’entament en rien la qualité de leurs compétences et leurs capacités. Il ne leur faut qu’un peu de bienveillance au sein d’un processus d’intégration solide et rigoureux pour retrouver cette énergie qu’ils ont pu perdre à force de trouver portes close après l’envoi de dizaines voire de centaines de CV et de lettres de motivation laissés sans réponse. 

Force est de constater, alors que la technologie semble aller toujours plus vite, qu’il est parfois difficile pour celle ou celui qui est resté éloigné du monde de travail de se positionner par rapport aux postes proposés et de mettre en avant ses connaissances. Il en découle des interrogations légitimes sur les formations reçues qui sont trop souvent perçues comme décalées par rapport aux réalités du marché.

Les entreprises sont prêtes à recruter

L’économie française connait un frémissement qui amène les entrepreneurs à envisager l’avenir avec davantage de confiance. Dans un contexte très concurrentiel, le nombre de création d’entreprise en France ne cesse d’augmenter (47 108 créations en mai 2017 soit +2,5% par rapport à mai 2016) mais elles sont pour la plupart en phase d’amorçage. Les entreprises cherchent à recruter pour accompagner leur croissance et anticiper des futures commandes mais la création d’un nouveau poste est un investissement conséquent donc un risque. Les TPE et les PME sont les principales pourvoyeuses d’emploi, encore faut-il qu’elles puissent se le permettre. Plus de 90 % des entreprises françaises sont des TPE soit 2,2 millions d'entreprises employant 3,5 millions de personnes, ce qui en fait les premières créatrices d'emplois mais aussi de richesses. Pour les plus innovantes d’entre-elles, notamment les start-up, la définition même de leurs besoins est difficile car elles sont pour la plupart d’entre-elles dans une démarche disruptive par rapport aux modèles plus traditionnels. Les organismes de formation ou spécialisés dans la mise en relation entre employeurs et demandeurs d’emploi sont en décalage par rapport à cette situation et par conséquent décriés à cause de ce qui paraît pour beaucoup un manque d’efficacité.

Repenser l’intégration d’un nouveau collaborateur

La France se retrouve ainsi avec des talents compétents mais parfois démotivés, face à des entreprises enthousiastes et prêtes à les recruter pour améliorer leur productivité. La phase critique  d’intégration ne dure que quelques mois mais elle est stratégique pour bénéficier à la compétitivité des entreprises. Quelques mois sont nécessaires pour qu’un futur talent puisse faire ses preuves et que l’entreprise l’intègre à sa structure avec l’objectif de pérenniser son poste. Le premier a besoin qu’on lui accorde le délai nécessaire pour corréler ses compétences avec ses futures responsabilités, la seconde qu’on lui facilite cette intégration afin qu’elle soit parfaitement au service de ses objectifs.