La blockchain des services ou l’holacratie du travail de demain

Depuis sa création en 2009 via la monnaie bitcoin, la blockchain ne cesse de faire l’objet de nombreux articles, recherches et explorations. Tantôt faisant peur aux institutions bancaires par son caractère indépendant et incontrôlé, tantôt fascinant le monde des startups par son agilité et sa faculté à créer des solutions disruptives.


De par sa condition de désintermédiation, la blockchain force les entreprises qui l’emploient, la façonnent et la construisent à penser différemment. Là où il y avait compétition, s’installe la collaboration.

Pour rappel une blockchain est un registre électronique ouvert, qui répertorie les bouts de codes disséminés sur un grand nombre de serveurs (appelés nœuds). Ce registre n’est régi par personne. Dans l’univers monétaire, les crypto-monnaies fleurissent de mois en mois, l’important n'est cependant pas la blockchain elle-même, mais ce qu'elle rend possible. Ce futur possible, c'est celui d'un monde plus horizontal.

En effet au lieu de penser un service effectué par un seul partenaire (sous-traitant, fournisseur…) la digitalisation des services, les algorithmes de matching sémantiques et contextuels (machine Learning) et la philosophie blockchain permettent d’envisager les services autrement.

Ainsi des personnes qui ne se connaissent pas ou peu pourraient être mises en contact pour un projet éphémère sans avoir à payer cette mise en relation. Cette dernière s’appuierait sur les savoir-faire des uns et des autres pour répondre au besoin de l’entreprise et aussi sur le savoir-être (soft-skills) que les algorithmes sont capables d’identifier sur notre identité digitale (réseaux sociaux, prise de parole dans les médias, publications type thèses…), l’entreprise bénéficiera de la compétence mais aussi du leadership, du savoir-être… de son ou de ses partenaires.

La porosité des murs de l’entreprise pourrait être accrue permettant alors un meilleur fonctionnement avec les partenaires de l’entreprise. Ce fonctionnement apporterait aussi de nouveaux regards quant aux pratiques de l’entreprise et de faire monter en compétences le personnel interne.

À l’heure où l’on parle de salaire universel, de qualité de vie au travail, de digitalisation, d’organisation horizontale… le travail de demain pourrait être réinventé et partagé à l’image de la blockchain.

L’arroseur arrosé !

Les personnes qui ont vu (subi) les changements liés à l’arrivée du minitel, aux premiers serveurs BBS et à l’arrivée d’internet, pourront témoigner du changement de repères que l’outil digital a eu sur nos vies personnelles et professionnelles.

A l’heure où certains parlent de droit à la déconnection, charte digitale, qualité de vie au travail, respect de la vie privée… l’usage du digital est de plus en plus challengé pour qu’il soit éthique, respectueux et sécurisé (sécurisant).

La philosophie blockchain pourrait avoir de bons atouts pour répondre à ces enjeux. Sécurisé, sans organe de contrôle, la contribution de chaque compétence à leur hauteur, une économie basée sur ce fonctionnement pourrait avoir un impact considérable sur le travail et nos organisations. 

Uber n’aurait plus d’impact sur la tarification de ses chauffeurs, il n’aurait plus qu’à proposer un abonnement au service de sa plateforme, mais surtout, chacun pourrait fixer le prix qu’il souhaite et travailler comme bon lui semble de manière responsable, sans être infantilisé par une société régulatrice qui annihile les prises d’initiatives et de décisions.

La méritocratie, les services rendus et le savoir-être prévaudraient au savoir-faire actuel.
Il est difficile, voir impossible, de prévoir le visage de l’économie de demain, tant ce phénomène digital impacte sur nos vies. Il a généré la blockchain et elle-même génère une ouverture d’esprit à penser le monde économique de demain différemment. La relation homme/travail est à faire évoluer.

Les designers séquencent leur travail en plusieurs étapes : l’observation, l’idéation, la conceptualisation, le prototypage avant l’industrialisation. Nous sommes entre l’observation et l’idéation, tout reste à inventer et c’est ce qui rend cette période si excitante.