Quel est le point commun entre l'iPhone et Marie Curie ?

Nous fêtons les 150 ans de la naissance de Marie Curie, la première femme scientifique de renommée internationale. Mais en 2017, les femmes restent encore sous représentées dans la science et la tech. Hélas pour l'innovation.

 

Cette semaine, nous célébrons les 150 ans de la naissance de Marie Curie : la première femme prix Nobel (et la première personnalité à recevoir deux fois ce prix, encore la seule à ce jour à l’avoir reçu dans deux disciplines différentes), la première femme professeur à l'Université de Paris, et, en 1995, la première femme à entrer au Panthéon. Un nombre d’autant plus étonnant de premières qu’elles ont eu lieu à une époque où être une femme n’était pas un atout pour faire carrière, et pas davantage dans les milieux scientifiques.

Alors que l’accès à l’Université de Varsovie lui fut refusé car elle était une femme, elle est contrainte, pour poursuivre ses études, de rejoindre un établissement polonais clandestin, la Flying University. Après de longues années de dur labeur pour épargner tout en se formant en autodidacte, elle rejoint enfin l’Université de Paris à partir de 1891 pour y poursuivre enfin des études scientifiques.

Innovatrice acharnée, ses réalisations incluent le développement de la théorie de la radioactivité, les techniques d'isolement des isotopes radioactifs et la découverte de deux éléments, le polonium et le radium. Pendant la Première Guerre mondiale, elle a inventé ce qui est presque comparable à l’invention de l’iPhone d’Apple : des unités de radiographie mobiles à l’usage des hôpitaux de campagnes. Une innovation disruptive comparable à l'invention de l'iPhone d'Apple.

Pourquoi vous rappeler cela aujourd’hui, alors que Marie Curie repose au Panthéon, qu’elle est une des personnalités scientifiques les plus célèbres de France, que son nom trône sur les frontons d’écoles et de l’une des plus prestigieuses universités françaises ?

Parce que l’actualité nous démontre qu’il reste beaucoup à apprendre de ce parcours exceptionnel. 150 ans plus tard, alors que le débat sur l'égalité entre les sexes ne provoque parfois pas davantage de réaction que des yeux levés au ciel, nous devons nous pencher sur ce que cette égalité apporte à notre société : une rupture avec la pensée traditionnelle.

Les préjugés ont la vie dure, et alors que rien n’empêche aujourd’hui juridiquement les femmes de faire la carrière de leur choix, nous n’encourageons pas suffisamment les jeunes femmes à se consacrer aux STEM, les disciplines justement étudiées à l’époque par Marie Curie. Plus d’un siècle après qu’elle ait changé la face de la science, à côté de combien d’autres Marie Curie passons-nous du fait de nos préjugés et de notre manque de courage ?

Nous avons peut-être l’impression de progresser sur le sujet de la diversité, mais les chiffres nous disent le contraire. En 40 ans, nous sommes passés de 40 % de femmes parmi les diplômés en informatique à seulement 18 %. Alors que la transformation digitale change le visage de nos économies et de nos sociétés, nous ne pouvons pas ? nous permettre d’exclure des pans entiers de nos jeunes talents. La diversité stimule l’innovation, qui est la solution aux défis de notre temps.

Il en va de même pour d’autres domaines, encore extrêmement masculins, et la finance en fait partie : devenir directrice financière d’une entreprise technologique est malheureusement deux fois plus rare, mais ne devrait pas l’être, car cela coupe notre économie de ce que des millions de femmes peuvent lui apporter.

La clé comme souvent, réside dans l’éducation. Nous devons encourager davantage les jeunes filles à se consacrer à l’étude des STEM. Dans la plupart des écoles primaires, les programmes scolaires n'offrent pas suffisamment de possibilités d'expérimenter les sciences d'une manière ludique qui s'appuie sur la curiosité naturelle des enfants.

La chance de Marie Curie a été de pouvoir découvrir sa passion pour les sciences dès son plus jeune âge, encouragée par des parents professeurs, et en avance sur leur temps, qui lui ont donné la force de persévérer dans cette voie.

Mais tout le monde ne peut avoir cette chance, et comme l’on ne peut pas tout attendre du système éducatif, ce sont aussi aux grandes entreprises technologiques mondiales de s'impliquer pour préparer nos enfants à la vie professionnelle de demain. SAP a investi dans plusieurs initiatives STEM telles que Girls Who Code, Girls Smart, TechGirlz et Paradigm for Parity Pledge. Engagé depuis longtemps dans l'égalité, SAP a été la première entreprise technologique mondiale à recevoir la certification EDGE (Egalité des sexes) en 2016. SAP s'était engagé à avoir 25 % de femmes à des postes de gestion d'ici la fin de 2017. Cet objectif a été atteint au milieu de l'année 2016, et nous nous sommes donc fixé un nouvel objectif de 28 % en 2020 et même 30% en 2022.

J'espère que, tant comme parents, mentors ou leaders au sein d’entreprises innovantes, nous participerons à vaincre ces préjugés pour permettre à davantage de jeunes gens, quel que soit leur sexe, de découvrir leur passion et de la suivre jusqu’au bout. C'est cette passion qui rend l'impossible possible, alors fêtons Marie Curie et toutes celles qui, 150 ans après sa naissance, voient en elle un modèle.