Le gouvernement doit donner au e-learning sa véritable envergure

La formation n’a pas échappé au phénomène de transformation digitale des entreprises ces dernières années. Pourtant, avec seulement 10% d’entre elles utilisant le e-learning, la France avance péniblement vers ce nouveau paradigme.

Le pays affiche un inquiétant retard, et ce malgré l’environnement juridique très fort et le système de financement public solide dont profitent les secteurs de l’éducation et de la formation. Difficultés pour les entreprises de faire un choix parmi de nombreuses solutions où réticence au changement, le e-learning profite pourtant aujourd’hui d’une reconnaissance internationale. Retour sur les spécificités de cette pratique.

Des bénéfices encore méconnus

Le e-learning représente une alternative fiable aux formations présentielles coûteuses, et permet de réagir rapidement face à l’évolution constante des métiers. Fait surprenant, le véritable frein à cette dynamique semble bien être les métriques mêmes aujourd’hui utilisées pour mesurer cet investissement : pourcentage du chiffre d’affaires investi, temps de présence… Rien ici pour juger si les stagiaires ont progressé ! Et contrairement aux idées reçues, le coût d’une formation en ligne n’est pas plus élevé qu’en présentiel, il se lisse même de façon linéaire dans le temps.

Souvent injustement perçue comme une source de coûts et une relative perte de temps, les entreprises ne perçoivent toujours pas vraiment les bénéfices réels de l'engagement de leurs salariés vers de nouvelles perspectives par l'apprentissage. Les avantages sont pourtant significatifs ; économies, gain de temps, ouverture à l’innovation. Justement, le e-learning met en pratique l’enseignement qu’il prodigue.

Une prise de conscience générale

Néanmoins, le gouvernement vient de l’admettre : conscient que les bénéfices de croissances attendus de la transformation numérique seront directement liés à la formation et à l’évolution des profils des collaborateurs, il a récemment annoncé un plan d’investissement de 15 milliards d’euros à destination du secteur dans le cadre de la réforme de la formation professionnelle.

Au-delà, une étude mondiale dévoilée en Novembre 2006 par l’Institut Korn Ferry sur 800 chefs d’entreprise dans des organisations mondiales de plusieurs millions de dollars a révélé que 63% des PDG pensent que la technologie sera la plus grande source d’avantage concurrentielle de l’entreprise dans les 5 années à venir. En parallèle, une analyse économique également commandée par Korn Ferry rapporte que le capital humain est le créateur de la plus grande valeur disponible pour les organisations : pour chaque dollar investi dans le capital humain, 11,39 dollars sont ajoutés au PIB.

Le paradoxe est réel : miser sur la technologie, alors que la preuve du ROI provient de l’investissement RH ! Véritable vecteur de valeur pour entreprises, le temps est venu d’ouvrir les yeux sur l’importance de soutenir l’évolution de ce "capital humain", destiné à rester de loin le meilleur investissement au fil du temps. En se concentrant plus sur la capacité de mise en œuvre des formations – en tant que "j’adapte, j’applique",plus que "je sais" ou même que "je sais faire"…

Les alternatives numériques au service de l’apprentissage

En intégrant à bon escient les compétences, le rythme et le style de chacun, la formation digitale permet de redéfinir les règles et s’inscrit dans des phénomènes plus larges de personnalisation et de mobilité permis par le digital. Une suite logique entraînera un partage des compétences en interne et montrera le sens véritable d’une formation en ligne : le partage naturel des savoirs dans de nouveaux environnements collaboratifs..

Pour y parvenir, une autre vision de la mesure des formations doit s’appliquer, sur la base d’indicateurs finalement classiques : l’évaluation des compétences acquises juste après la formation, puis celle des compétences développées - et surtout, leur mise en application et leur utilisation ou non quelques semaines après la fin de la formation. Enfin, la productivité de l’équipe avant et après la formation.

Associé au plan gouvernemental, les nouveaux formats disponibles, mobiles, immersifs, ainsi que la baisse des coûts associés, tant pour la production de contenus que pour leur mise en œuvre, doivent redonner une véritable dynamique secteur.