Les entreprises peuvent-elles encore faire l’impasse sur la transformation digitale ?

En France, les dirigeants de PME ne considèrent-ils toujours pas la transformation digitale comme une priorité stratégique. Ce qui est alarmant au regard des nouvelles demandes du marché, telles que le désir de personnalisation.

Une digitalisation bien mise en oeuvre signifie bien davantage que le simple ajout ou remplacement de logiciels et de machines. Il s’agit d’une transformation en profondeur, qui passe par une réinvention complète de la stratégie et des processus de l’entreprise. La technologie n’intervient qu’en toile de fond. Sa raison d’être : faciliter la transformation.

En abordant la digitalisation sous cet angle, les entreprises s’adapteront plus aisément à un environnement en perpétuelle évolution. Les plus proactives bénéficieront du meilleur de l’Industrie 4.0, dont le déploiement va s’intensifier au cours des prochaines années. Ce que de trop nombreux dirigeants considèrent encore comme un défi trop vaste pour être affronté, constitue en fait une opportunité rare de libérer les gisements de créativité que le tissu industriel français recèle. A condition de se lancer sans tarder dans la transformation des compétences et savoir-faire des équipes.

Les données irriguent la chaîne de valeur

Dans un contexte de mondialisation croissante, la digitalisation fluidifie des chaînes de valeur qui continuent de se fragmenter. La séparation géographique des entités de création, développement produit et fabrication est devenue particulièrement visible dans des industries fortement internationalisées comme la mode (du luxe au prêt à porter) et l’automobile. Pour permettre à des équipes éclatées de collaborer de manière synchrone et harmonieuse, il n’existe qu’une seule solution : des plateformes digitales intégrant en temps réel les données fiables et complètes dont toutes les parties prenantes ont besoin pour travailler. Ces outils sont d’autant plus essentiels que les données, de sources diverses, sont hétérogènes et nécessitent d’être structurées pour pouvoir être exploitées d’un service à l’autre.

Les nouvelles exigences des consommateurs (personnaliser les articles commandés, les recevoir tout de suite, connaître leur origine …) impliquent également d’accélérer chaque étape du cycle de vie des produits d’un bout à l’autre de la chaîne de valeur, tout en assurant la traçabilité de chaque modèle commercialisé. Là encore, la clé se trouve dans le partage infaillible et instantané des données entre toutes les personnes, organisations et solutions impliquées.

La production se métamorphose

Les technologies digitales s’avèrent particulièrement vitales au stade de la production. Retrouvant une place centrale dans les chaînes de valeur, les usines 4.0 se font intelligentes et connectées.

Connectées, elles le sont en leur sein (produits, machines, personnes, processus, tous communiquent) ainsi qu’avec tout un écosystème de partenaires, sous-traitants et distributeurs. Sans oublier les consommateurs eux-mêmes, de plus en plus impliqués dans la conception des produits.

Intelligentes aussi. Des machines bardées de capteurs transmettent en permanence des données qui, analysées, permettent une qualité, une efficacité et un retour sur investissement maximum. Plus proches de l‘excellence opérationnelle que jamais, les usines acquièrent également la flexibilité nécessaire pour s’adapter à une alternance de commandes à gros et faibles volumes, aux petites séries, voire au sur-mesure. Métamorphosée, la production se prête à une variété inédite de modèles économiques.

Et l’avenir des hommes dans tout cela ?

Dans les bureaux de style, le design s’affranchit de multiples contraintes grâce à la technologie. Avec les solutions 3D d’aujourd’hui, voire la réalité virtuelle ou augmentée, un univers infini de création s’ouvre aux équipes. De leur côté, les bureaux d’études peuvent maintenant se doter d’outils aussi puissants qu’ergonomiques pour développer plus vite et mieux les produits attendus par les consommateurs. Les stylistes peuvent ainsi se consacrer totalement à leur mission première : créer.

L’importance regagnée de l’usine dans la chaîne de valeur s’accompagne d’une revalorisation du rôle des équipes qui y travaillent. Des machines intelligentes remplacent l’homme pour le décharger des tâches les plus répétitives, et l’accompagnent au quotidien pour qu’il puisse se recentrer sur des missions à plus haute valeur ajoutée, où son apport est irremplaçable.

Ce serait une erreur de sous-estimer l’impact de ces changements, aussi bénéfiques soient-ils, sur la définition des métiers : l’acquisition de nouveaux savoirs et compétences est fondamentale pour réussir sa transformation digitale. Apprivoiser les technologies de l’ère digitale constitue autant d’opportunités de se projeter sereinement dans la quatrième révolution industrielle. Les entreprises les plus clairvoyantes anticiperont, en repensant leur manière d’aborder le développement personnel de leurs équipes.