Passer du temps ou dépenser de l’argent ? Il faut choisir !

Ce n’est une surprise pour personne : le temps, c’est de l’argent. Et si cet adage est ancré dans les us et coutumes des travailleurs modernes, il n’est pour autant que très rarement exploité de la bonne façon.

Dans les métiers manuels, le temps est directement corrélé à l’argent, notamment grâce au "pointage" dans les usines. Mais dans les professions intellectuelles, il est parfois difficile de calculer avec précision le coût total d’une tâche incluant les dépenses réelles et le temps passé.

Mais d’où vient cet adage ?

Pour comprendre d’où vient l’adage, il faut comprendre d’où vient le temps lui-même. A la fin du 19ème siècle, il fallait remonter 220 fois sa montre pour traverser les Etats-Unis, car l’heure universelle n’existait pas. Une mauvaise synchronisation pouvait avoir de très graves conséquences… D’ailleurs, en 1853 arrivait le 12ème accident grave de train, provoqué par un problème de synchronisation aux Etats-Unis.

Ces accidents ont démontré qu’il fallait instaurer une heure universelle. Chose mise en place par les compagnies de trains quelques années plus tard. D’un coup, partout, les horaires fixes deviennent la norme.

En 1912, le temps universel coordonné (UTC) est né à l’observatoire de Paris, la capitale du temps. Le signal était envoyé ensuite partout dans le monde et diffusé localement à l’aide de dispositifs visuels.

Désormais, le temps c’est de l’argent. On comprend qu’il est essentiel de le mesurer, le contrôler. On gère maintenant le temps et les ressources associées au temps (compteur de taxi, temps passé en télécommunication, …). Le signal horaire officiel (UTC) coûte d’ailleurs des fortunes aux gouvernements et sociétés privées. L’heure exacte s’est donc transformée en produit et s’est imposée à nous. L’adage  "le temps, c’est de l’argent" devient alors lui aussi universel.

"Notre civilisation est sous la domination de Chronos, le dieu grec qui symbolise le temps et qui nous rappelle que la vie est courte." Magali Combal – Coach en gestion du temps

La corrélation entre temps et argent, un monde à deux vitesses
Le monde du "travail manuel"

A la fin du 19ème, les industriels n’ont pas attendu le temps universel pour commencer à monitorer avec précision les moindres faits et gestes de leurs collaborateurs.

La famille Gilbreth, connue pour ses théories sur le management et l’optimisation de la productivité a d’ailleurs formalisé une méthode d’observation visuelle de tous les faits et gestes d’un opérateur. L’objectif est simple : mettre devant les yeux de tous les opérateurs chaque personne pour essayer d’identifier les meilleurs gestes pour gagner du temps et donc, de l’argent.

Dans ce contexte, il est très simple de corréler le temps et l’argent. Une minute de productivité en plus rapporte X € à l’entreprise à la fin du mois.

Cette corrélation est beaucoup plus dure à trouver pour les professions plus intellectuelles.

Le monde des cols blancs

Dans les professions intellectuelles, il est plus difficile de calculer le temps passé à une tâche et de l’optimiser. La raison est simple : nous ne voyons pas les "gestes" de notre cerveau. Nous ne pouvons donc pas les filmer et les optimiser comme le suggéraient les Gilbreth.

Le calcul du temps passé et donc de l’argent dépensé sur une tâche ne peut que se faire d’une façon "macro".

Cela rend évidemment l’optimisation plus complexe. Mais heureusement, il existe une méthode simple recommandée par tous les gourous de la productivité.

L’enjeu des professions intellectuelles : se focaliser sur l’essentiel

"Nous travaillons même pendant notre temps libre, on nous vole notre temps. Nous travaillons chaque jour et partout." Le temps, c’est de l’argent, Cosima Dannoritzer. Documentaire Arte.

Le capitalisme est maître dans l’art de l’exploitation de la moindre minute disponible de notre temps.

Comme le décrivent les gourous de la productivité au travail - Tim Ferriss pour n’en citer qu’un - la plupart des tâches chronophages sont celles à faible valeur ajoutée et qui pourraient être effectuées par quelqu’un d’autre.

Ce que recommande Tim, c’est d’identifier ces tâches qui ne relèvent pas de votre expertise et des les sous-traiter à une personne compétente. Cette dernière ira plus vite et fera un meilleur travail. Vous finirez par gagner du temps et donc, de l’argent.

Il faut par conséquent très souvent prendre une décision en faveur de la sous-traitance d’une tâche qui coûtera moins cher à l’entreprise experte qu’à la vôtre. Chacun son métier.

Il est quasiment toujours plus efficace et rentable de passer le moins de temps possible sur les tâches qui ne relèvent pas de votre cœur d’expertise.

Attention, les entreprises profitent de votre temps

Lorsque vous effectuez des recherches pendant des heures sur des sites d’objets publicitaires par exemple, c’est un temps que ces entreprises n’ont pas à vous facturer. Elles n’embauchent personne pour cela.

Cependant, si vous aviez été accompagnés dans vos recherches, vous auriez probablement gagné un temps non négligeable et beaucoup plus cher à votre entreprise qu’à la leur.

Faites donc attention à ne pas regarder uniquement la dernière ligne du devis et considérez également le temps passé à l’obtention de ce devis. L’addition risque d’être très différente de ce que vous imaginiez en comparant deux devis.

"Pour accumuler du capital, le mieux c’est quand même de faire travailler des gens un certain nombre de temps, sans leur payer l’intégralité de ce temps-là." Marie Anne Dujarier – Sociologue à la Sorbonne

Sources :