L’entreprise communautaire : la réponse aux mutations de l’organisation du travail

Les nouvelles technologies ont fortement impacté l’organisation du travail et poussé l’entreprise à ouvrir ses frontières, jusqu’à devenir une entreprise "étendue" aux multiples facettes.

Le digital a transformé la structure de l’entreprise : les organisations en silos, la hiérarchie composée uniquement de cadres et les process standardisés sont désormais obsolètes.

L’entreprise actuelle est pleinement entrée dans l’ère du faire, basée sur un partage accéléré des connaissances permis par les réseaux et plateformes digitales. La création de services à forte valeur ajoutée prend désormais le pas sur la commercialisation simple de produits. De nouveaux positionnements de marché sont à trouver et la compétitivité s’appuie dorénavant sur des communautés étendues de talents.

L’enjeu majeur des entreprises ? Fidéliser les pluriactifs et les "job-zappeurs"

Au-delà de leur propre transformation, les entreprises doivent composer avec des talents toujours plus exigeants quant à l’expérience qui leur est proposée, mais aussi moins linéaire dans leur évolution de carrière.

Leur approche du marché du travail a en effet fortement évolué et de nouveaux comportements apparaissent, au premier titre desquels la pluriactivité qui tend à raccourcir les relations entre employeurs et salariés. Un jeune salarié sur deux a un contrat à durée déterminée et cela a un impact direct sur l’attractivité, le recrutement et la fidélisation des talents. Les candidats et salariés recherchent aujourd’hui un intérêt immédiat et attendent de l’entreprise qu’elle développe leur employabilité. La pluriactivité n’est d’ailleurs pas un choix contraint : plus de 70 % de pluriactifs ont choisi d’avoir une vie professionnelle diversifiée. L’INSEE estime ces slashers à plus de 2 millions en France, cette tendance de fond pourrait finalement devenir la norme.

L’entreprise est aujourd’hui confrontée à des actifs appartenant à 40 % à la nouvelle génération, ou millennials, qualifiée souvent de génération de "job-zappeurs". Il s’agit d’une population plus exigeante que leurs aînés. Née avec les nouvelles technologies, elle travaille en mode "zapping" et veut très vite bénéficier d’un retour sur investissement de son implication : promotion de carrière, hausse de la rémunération, responsabilités élargies, etc. Elle souhaite également une organisation du travail adaptée aux nouveaux modes de vie et qui préserve mieux l’équilibre entre vie privée et vie professionnelle. Les millennials ou digital natives, n’hésitent pas à démissionner, si l’entreprise n’est pas en phase avec leurs valeurs ou ne répond pas à leurs attentes. Ils veulent s’investir sur des missions porteuses de sens et ont un œil très critique sur l’impact sociétal et environnemental des entreprises pour lesquelles ils travaillent. Ces dernières doivent créer une ambiance de confiance, d’équité et d’intégrité pour leur plaire !

Une des solutions ? Devenir une entreprise hyper-ouverte

Afin de continuer à rester des leaders dans leur domaine, et de retenir les talents de plus en plus demandeurs d’ouverture, les grands groupes ont décidé de s’ouvrir davantage à des acteurs externes, en nouant notamment des partenariats afin de créer des Fab labs.

Pour penser et agir autrement, la prospective devient une démarche stratégique pour occuper le terrain de l’innovation. Les acteurs économiques n’hésitent ainsi plus à faire appel aux start-ups, pôles d’innovation et plus largement à toutes les ressources nécessaires pour développer leur créativité et ainsi permettre à leurs salariés d’exprimer tous leurs talents, voire même leur soft skills pour plus d’épanouissement au sein de l’entreprise. Une telle démarche conduit l’entreprise à s’ouvrir à tout type de talents qui viennent enrichir leur écosystème. Ils font ainsi travailler de concert des personnes aux statuts variés : experts, freelances, ou auto-entrepreneurs. Le but est de fédérer les meilleurs pour être plus innovants tout en continuant à rester performants.

De nouvelles logiques d’entreprise étendue ou "extended workforce"

De toute évidence, les entreprises sont confrontées à de multiples enjeux liés à la fois à leur nouveau périmètre d’action et les nouvelles attentes des jeunes talents. Les entreprises leaders de demain seront celles capables de fédérer ce nouvel écosystème pour continuer à être performantes et répondre aux exigences de marchés en pleine mutation.

Dans cette nouvelle configuration, les RH sont particulièrement attendues et doivent redéfinir leurs activités pour prendre en compte la gestion de l’ensemble des talents, qu’ils soient internes ou externes. C’est ici le rôle du "Chief Talent Officer".

L’entreprise étendue semble être l’avenir, mais elle connaît encore quelques freins dans sa mise en application, notamment en matière d’encadrement du travail et de normes. Les mutations du travail engendrent en effet des souplesses nouvelles, mais aussi des risques de dérives. 

Les plateformes digitales sont aujourd’hui un début de réponse, pour permettre de construire des équilibres fragiles entre sécurité et liberté et bâtir ce nouveau genre d’entreprises communautaires, qui font appel à un écosystème élargi de talents.

Les entreprises s’appuient ainsi sur des solutions qui utilisent de l’intelligence artificielle, pour développer des outils collaboratifs qui tiennent compte des volontés et attentes personnalisées des collaborateurs. On parle d’ailleurs désormais de "l’expérience collaborateur". La personnalisation devient clé. Les plateformes permettent plus facilement de recueillir les avis des collaborateurs, d’avoir des feedbacks réguliers de la part de leur manager, de partager leurs connaissances et de déclarer par exemple des compétences non connues au sein de leur entreprise.

De leur côté, les managers et équipes RH disposent de nouveaux outils capables de mieux gérer l’anticipation des besoins et de mieux détecter ainsi les collaborateurs qui pourraient évoluer pour répondre aux besoins de diversification des activités ou de croissance.