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Interview
 
19/02/2008

J.M. Durand (Oséo) : "On peut aider quelqu'un dans sa démarche d'entreprise avant même sa création"

Création d'entreprise, innovation, transmission, microcrédit... Oséo est présent à bien des étapes de la vie d'une PME pour assurer son financement. Jean-Marc Durand revient sur l'offre de l'organisme.
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Jean-Marc Durand, Oséo
 
Jean-Marc Durand, Oséo
 

Jean-Marc Durand, directeur du développement, des études et de l'évaluation chez Oséo, est venu en chat répondre aux questions des internautes sur la mission de cet organisme ainsi que sur son offre de services aux entrepreneurs. Voici ses réponses.

 

Quelle est la mission d'Oséo ?

Jean-Marc Durand. Financer et accompagner les PME. Pas tout seul : notre rôle n'est pas de remplacer les banquiers mais de les inciter à intervenir en finançant à leurs côtés. C'est aussi d'aider les projets d'innovation à se réaliser. Donc, aider à la création, au développement, à la démarche d'innovation, au passage à l'international et à la transmission.

 

Comment faire pour savoir si on peut prétendre à une aide ?

Consulter notre site oseo.fr, puis nous contacter. On peut aussi contacter les banquiers qui sont nos partenaires. Nous avons des accords avec toutes les banques françaises et aussi avec les chambres de commerce et d'industrie (CCI), les chambre de métiers et de l'artisanat (CMA) et les autres réseaux d'accompagnement : les associations Adie, France Active, FIR, Entreprendre. Nous sommes aussi connus des incubateurs, pépinières, grandes écoles...

 

Quels sont les critères pour se faire aider par Oséo ?

"Nous ne finançons jamais à 100 % pour le principe du partage du risque"

On peut aider quelqu'un dans sa démarche d'entreprise avant même la création de celle-ci, notamment dans le cadre de la sensibilisation des étudiants. Nous avons un produit "aide jeune" pour les projets d'étudiants. Nous avons aussi le concours de la Jeune Entreprise Innovante pour ceux qui sont proches de réaliser leur projet ou en train de créer leur société. Et après, nous pouvons aider pendant toutes les phases jusqu'à la cession de l'entreprise.

 

Dans le mot innovation, entendez-vous obligatoirement innovation technologique ou l'innovation marketing peut également y figurer ?

On distingue effectivement l'innovation liée à la technologie des autres formes d'innovation. Et seule la première peut faire l'objet d'une subvention ou d'une avance remboursable en cas de succès à taux zéro. Pour les autres formes d'innovation, l'aide est moindre. Elle prend la forme du prêt à la création d'entreprise, de prêts à des conditions de marché ou de garanties des concours bancaires de nos partenaires.

 

Jean-Marc Durand, Oséo
 
Jean-Marc Durand, Oséo Photo © Cécile Genest / JDN
 

A quelle hauteur pouvez-vous financer les PME ?

Nous ne finançons jamais à 100 % pour le principe du partage du risque et pour responsabiliser un autre partenaire, le plus souvent le banquier de l'entreprise. Donc, en général, les aides n'excèdent pas 60 % même si la garantie des concours bancaires peut aller jusqu'à 70 % en création.

 

Je crois qu'Oséo a supprimé l'aide à l'embauche de cadres de R&D (Ari), qu'en est-il exactement ? Y a-t-il un programme de remplacement ?

L'Ari n'existe plus car elle n'est pas conforme à la réglementation communautaire des aides. En revanche, on peut toujours aider l'embauche de chercheurs dans le cadre des aides générales à l'innovation. Le nom change, mais la réalité reste la même.

 

Aidez-vous également les entrepreneurs individuels ?

Nous avons des aides pour toutes les formes d'entreprises même si certaines d'entre elles sont réservées aux entreprises à forme sociale. Il est d'ailleurs recommandé, dès que l'entreprise prospère, de l'organiser plutôt en société qu'en conservant le format individuel qui est plus approprié si on n'a pas de salarié et peu d'activité.

 

Selon vous, quels sont les freins franco-français à la croissance des PME ?

"Ce sont les chargés d'affaire sur le terrain qui apprécient l'éligibilité des projets avec l'aide d'experts"

J'ai envie de dire, d'abord le besoin. La France est un pays naturellement riche et historiquement, pour créer des activités, nous n'avions pas les mêmes efforts à faire que certains pays voisins comme les Pays-Bas qui, pour devenir le deuxième pays du fromage ou le premier exportateur en fleurs, ont dû faire beaucoup d'efforts. Pendant longtemps les entreprises françaises sont restées petites parce qu'un certain nombre d'entrepreneurs ne voyaient pas la nécessité de grandir davantage. Par ailleurs, les chefs d'entreprise ont longtemps eu mauvaise presse. On ne mettait pas en avant les success stories.

Aujourd'hui, il y a une prise de conscience réelle du déclin économique de la France qui vit au-dessus de ses moyens... actuels, donc il faut mettre les moyens en conformité avec les besoins et les nécessités et tout faire pour favoriser la création et la croissance des entreprises, sans oublier leur transmission.

 

Jean-Marc Durand, Oséo
 
Jean-Marc Durand, Oséo Photo © Cécile Genest / JDN
 

Sur quels critères jugez-vous les projets d'innovation avant de leur accorder votre soutien ?

S'agissant des projets d'innovation technologique, seuls éligibles à l'aide à l'innovation, nous nous interrogeons en premier lieu sur le degré d'innovation relatif à l'entreprise ou de rupture, les deux pouvant être financés. Mais nous demandons aussi à ce que l'innovation ait de réelles perspectives de commercialisation. Donc, de bonnes chances de succès. Ce sont les chargés d'affaire sur le terrain qui apprécient l'éligibilité des projets, avec l'aide d'experts pour les cas les plus difficiles. Les projets sont étudiés et décidés sur place dans 40 des plus grandes villes de France.

 

Que proposez-vous aux entreprises qui souhaitent exporter ?

Nous pouvons les accompagner avec un financement approprié pour la démarche à l'étranger. Par exemple, financer l'embauche et les premiers mois de salaire d'une équipe sur le terrain avec le Contrat de Développement International. Et également, nous pouvons garantir à 60 % la banque qui accompagne l'exportateur avec des crédits bancaires ou des cautions appropriés. Enfin, nous pouvons garantir le risque économique d'échec de l'implantation à l'étranger si après l'exportation l'entreprise souhaite créer une représentation à l'étranger. Nous travaillons aussi avec la Coface et allons négocier un accord de représentation des produits de celle-ci auprès de nos clients de façon à assurer un service complet.

 

J'ai vu que vous aviez une activité sur la transmission d'entreprises : pouvez-vous détailler un peu en quoi elle consiste ?

En premier lieu, nous avons développé sur notre site une fédération de bourses de transactions sur les PME qui réunit plus de 10.000 propositions. Elles vont de la petite entreprise (le plus grand nombre) à quelques entreprises de 100 salariés et plus. Il s'agit là d'aider à la rencontre entre acheteur et vendeur. Le service est gratuit. Notre métier principal reste l'intervention en financement et en garantie. Le conseil financier l'accompagne tant auprès des repreneurs que des banquiers partenaires.

Nous finançons et garantissons près de 7.000 entreprises en phase de transmission par an. A noter que la première reprise d'un fonds de commerce peut être financée par un Prêt à la création d'entreprise et est assimilée à une création.

 

Qu'est-ce qu'un prêt participatif d'amorçage et qui peut y prétendre ?

L'amorçage concerne les toutes jeunes entreprises ayant un projet d'innovation. C'est la phase où l'on consomme des capitaux pour mettre au point le fruit de la recherche, on est encore loin du premier euro de chiffre d'affaires et encore plus loin du "point mort " pour la rentabilité !

Jean-Marc Durand, Oséo
 
Jean-Marc Durand, Oséo Photo © Cécile Genest / JDN
 

Dans cette phase, on recherche une intervention en capital risque (seed capital), seul moyen de financer ces dépenses qui se traduisent pas des pertes comptables. Les capitaux-risqueurs n'investissent pas facilement même si le projet est bon, il leur faut du temps pour se déterminer. Le prêt participatif d'amorçage (PPA) permet à la jeune entreprise de poursuivre un programme en attendant les capitaux-risqueurs. Il fait la "soudure" entre l'aide à l'innovation et la levée de fonds auprès des investisseurs en capital-risque et il permet à l'entrepreneur de mieux valoriser son projet. C'est un prêt "patient ", avec un remboursement en capital différé.

Plus de 280 dossiers ont été réalisés depuis fin 2005.

 

Après les fusions avec l'Anvar, la BDPME, l'AII, d'autres "guichets" vont-ils encore rejoindre Oséo ? Qu'ont apporté ces rapprochements ?

Je n'aime pas trop le terme de "guichet " qui ne nous correspond pas vraiment en terme d'image. Nous sommes plutôt une entreprise avec des métiers. L'Etat a rapproché l'aide à l'innovation (Anvar) du soutien en financement (BDPME) et en garantie (Sofaris) de la création, de la transmission et du développement des entreprises, afin qu'Oséo offre en un accès unique, une gamme presque complète aux entreprises (il manque des produits de soutien à l'international, notamment).

Quant à parler de nouveaux rapprochements, rien n'est exclu. Rien n'est prévu non plus sauf le transfert du soutien des pôles de compétitivité chez Oséo, en 2009. Pour 2010, il pourrait être envisagé de confier des soutiens sectoriels (aéronautique…) à notre établissement. Mais, surtout, Oséo va se rapprocher d'autres organismes dont l'offre est complémentaire : la Coface à l'international, France Investissement de la CDC et France Angels (Business Angels). Oséo va proposer des accords de représentation et commercialisation, afin de renforcer et de compléter son offre.

 

Pouvez-vous aider les jeunes entreprises qui ont des problèmes de trésorerie ?

 
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Nous pouvons aider à la résolution de certains problèmes de trésorerie, pas les cas de difficultés économiques et financières avérées. Lorsque c'est le délai de paiement des clients, grands donneurs d'ordres publics et privés, qui fait problème, nous pouvons intervenir. Nous avons créé un produit AVANCE + jeune entreprise, dont le rôle est de financer les créances clients des entreprises de moins de 3 ans sur les grands comptes. C'est un crédit confirmé, un an en général, qui fonctionne avec la cession de créances (cession Dailly) financée. Nous avons plus de 6.500 clients sur ce produit, dont plus des deux tiers sont des entreprises de moins de 50 salariés.

 

Vous travaillez avec l'Adie. Faites-vous du microcrédit ?

Oui, nous lui avons délégué notre activité "Prêt à la création d'entreprise" (PCE). L'Adie fait un microcrédit professionnel pour créer ou reprendre une affaire à un créateur et complète son offre par un PCE qui peut aller jusqu'à 2.500 euros, dans son cas, pour financer le fonds de roulement. Le PCE, qui peut aller de 2.000 à 7.000 euros, en fonction du financement de la banque partenaire (PCE = la moitié des concours bancaires), est un microcrédit en risques d'Oséo. D'autres réseaux d'accompagnement des créations (boutiques de gestion, France Initiative, Entreprendre, France Active…) peuvent également intervenir dans la commercialisation du PCE. Plus de 23.000 prêts ont été mis en place en 2007.

 

Pour conclure, je souhaite dire que vous trouverez auprès de tous les collaborateurs d'Oséo sur le terrain un accueil chaleureux, un contact direct et sympathique. Si nous devons dire non, nous dirons vite car la franchise et la réactivité sont des qualités que nous souhaitons trouver chez le chef d'entreprise. Donc, on ne peut pas faire moins que ce que nous demandons.


 
Parcours
 
  Jean-Marc Durand est diplômé de l'Institut d'études politiques de Paris. Il a effectué toute sa carrière dans les établissements fondateurs d'Oséo. Il a notamment été directeur des activités de Crédit Bail Immobilier et directeur du réseau Ile-de-France de la BDPME. Il occupe depuis 2005, la fonction de directeur du développement, des études et de l'évaluation.  



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