Le Big Data entre à l'école Les écoles de commerce forment les managers

Temple des études commerciales, HEC n'est pas franchement connue pour former des ingénieurs. Pourtant, à la mi-octobre, des cours consacrés au Big Data étaient dispensés sur le campus de Jouy-en-Josas. Dans la salle : ni techniciens, ni jeunes geek, mais des cadres inscrits au MBA de l'école.

"Le Big Data réclame différentes compétences : collecter les données, les analyser et décider"

"Le Data Scientist, ce n'est pas un ingénieur, c'est un profil nouveau", expliquait Gartner lors de sa conférence en octobre 2013 à Barcelone. Mais alors, le Big Data, c'est pour qui ? "Le Big Data réclame différentes compétences, précise Hammou Messatfa, expert du Big Data chez IBM. D'abord, collecter les données. Ensuite, les analyser. Enfin, décider." Car les experts du Big Data ont eux aussi besoin d'une hiérarchie qui parle leur langage. Le métier de Chief Data Officer (CDO) remplit ce rôle. C'est sur ces fonctions stratégiques, que se positionnent les écoles de commerce, HEC en tête, qui entendent elles aussi avoir leur part du gâteau.

Mi-ingénieur, mi-manager

La chose semble entendue : une voie technique pour les écoles d'ingénieurs, une voie managérial pour les business schools. Deux cursus distincts pour deux populations étudiantes qui ne se croisent pas... sauf en Isère. Là-bas, on tente la fusion : Grenoble école de management s'associe à l'Institut national polytechnique pour créer une filière commune.

A la rentrée 2014, un cursus d'une année accueillera une trentaine d'étudiants titulaires d'un bac +5 : diplôme d'ingénieur, d'école de commerce ou d'université. "Ce n'est pas une formation pour les geeks", sourit Renaud Cornu-Emieux, directeur de l'Ecole de management des systèmes d'information, l'Emsi, qui porte le projet du côté de Grenoble Ecole de Management.

grenoble ecole de management.
Grenoble Ecole de Management. © Hervé Martin

Même si les candidats provenant d'écoles de commerce devront avoir démontré une appétence particulière pour les matières scientifiques, le projet entend se distinguer des filières pour ingénieurs grâce aux compétences managériales. "Les diplômés de notre formation seront probablement à même de diriger des centres de Big Data, des "data laboratories", parie Renaud Cornu Emieux. Le champ des compétences à regrouper est tellement grand qu'il faudra savoir piloter et manager ces équipes."

Entre les as de la technique et les managers techno-compatibles, le Big Data fera-t-il une place à chacun ? Probablement, car une palette de métiers reste encore à inventer et des formations spécialisées à mettre sur pied. Parions qu'à la prochaine rentrée, de nouveaux cursus suivront la voie de ces écoles pionnières sur ce secteur.