Relancer sa carrière avec un diplôme Négocier une prise en charge des coûts

Des entreprises qui financent tout ou partie d'une formation, est-ce encore imaginable en temps de crise ? Si votre entreprise connaît de sérieuses difficultés financières, il est évident qu'elle ne va pas vous proposer de payer votre formation. D'autant plus qu'elle risque justement d'avoir besoin de ses effectifs. Cependant, à l'occasion de la mise en place d'un plan de sauvegarde de l'emploi, l'entreprise peut tout aussi bien offrir à ses cadres ce type de formation, ce qui leur permet de rebondir en accédant à des postes plus haut placés.

"Certaines entreprises proposent le financement d'un MBA comme un cadeau de départ. Elles savent pertinemment qu'elles n'ont rien à offrir à certains cadres intermédiaires et c'est une manière de les remercier ", explique Michel Grosjean.

Dans certains cas toutefois, la crise impose aux entreprises de se remettre en cause. "Une société peut prendre conscience que sa pyramide des âges n'est pas favorable et qu'il lui serait plus profitable de miser sur la progression de ses collaborateurs prometteurs, plutôt que chercher à embaucher à l'extérieur des cadres qui n'ont pas la connaissance et la culture de l'entreprise", assure Michel Grosjean. En temps de crise, les entreprises coupent certains budgets mais restent obligées d'investir pour anticiper sur la reprise.

Vers qui se tourner ?

Comment toutefois formuler votre projet auprès de votre employeur ? Pour Alain Verhack, il est important de bien se demander comment votre employeur va percevoir votre requête : est-ce qu'il s'agit d'une formation qualifiante qui peut réellement l'intéresser, ou l'envisagez plus de façon personnelle ? Le cas échéant, la demande va de fait susciter de la méfiance, voire une inquiétude chez votre employeur.

"Il faut avant tout observer ce qui se fait dans son entreprise. Très généralement, les grandes entreprises sont plus ouvertes à cette démarche de formation diplômante. Si certains collaborateurs ont réalisé ce type de parcours, il ne faut pas hésiter pas à prendre contact avec eux au préalable, à leur demander ce que cela leur a apporté". Et il serait parfois préférable de rechercher une entreprise qui encourage ce type de parcours avant de se lancer. D'autre part, votre supérieur hiérarchique n'est pas obligatoirement le mieux placé pour prendre en compte votre demande : il peut sentir dans votre projet une menace. En revanche, les ressources humaines accueillent rarement négativement ces démarches. Leur rôle est de gérer les parcours et au besoin faire progresser les compétences.

Si son entreprise accepte de payer la formation en totalité ou en partie, c'est très certainement qu'elle considère son collaborateur comme un haut potentiel et qu'elle compte valoriser le diplôme. Mais l'employeur ne lui dira pas toujours s'il pense lui proposer un poste précis à la sortie. En effet, ces formations durent une quinzaine de mois et il est difficile pour une entreprise de savoir précisément où elle en sera à ce moment-là.

Une prise en charge dans le cadre d'un CIF

Si l'employeur refuse de financer tout ou partie du coût de la formation, il est possible d'obtenir une prise en charge par le Fongecif ou OPCA dans le cadre d'un Congé Individuel de Formation. La condition pour obtenir un CIF est que le salarié ait une ancienneté de 24 mois en tant que salarié dont 12 mois dans l'entreprise (36 mois dans les entreprises artisanales de moins de 10 salariés).

Cela peut aller du maintien du salaire, aux frais de scolarité, d'hébergement et de transport. Toutefois, cette prise en charge dépend du projet de la personne, des organismes de financement et des régions qui abondent : certaines privilégient un type de projet professionnel, d'autres préfèrent soutenir les réorientations. "Il faut savoir que quand ce projet est validé par un bilan de compétences ou un audit de carrière, les modalités financières sont plus facilement prises en charge", précise le consultant Jean-Paul Gulyas.

Toutefois, pour réaliser ce projet, il faut s'y prendre suffisamment en amont car l'employeur a le droit de dans le cadre d'un CIF de différer le départ : de 9 mois pour un motif de service (un départ préjudiciable à la production et à la bonne marche de l'entreprise) ou pour un motif d'effectifs simultanément absents.