Comment séduire les robots recruteurs ?

Comment séduire les robots recruteurs ? Grands groupes et cabinets de recrutement recourent massivement aux "Applicant tracking system" pour sélectionner les candidatures. Voici comment se retrouver en haut de la pile.

En écrivant votre CV et votre lettre de motivation, vous pensez souvent au RH qui lira votre candidature. Mais bien souvent, il existe un intermédiaire entre votre potentiel futur employeur et vous-même. Son nom tient en trois lettres : ATS pour Applicant Tracking System.

Un ATS est un robot qui analyse les candidatures en se basant sur des mots clés définis par le recruteur ou encore sur de l'analyse sémantique. Sa mission est simple : calculer le taux d'adéquation entre une fiche de poste et une candidature. Les profils les mieux notés se retrouvent automatiquement proposés au recruteur. Et pas de pitié pour les plus mauvais qui restent scotchés en queue de peloton. Conçus par des entreprises telles que Taleo, Talentsoft ou encore Profilsoft, les ATS équipent la quasi-totalité des entreprises du SBF 120, mais aussi certains gros cabinets de recrutement. Conçus pour être rationnels, il existe pourtant quelques règles pratiques pour les séduire…

"Ces robots sont d'une stupidité inouïe. Ils se basent sur des mots clés et de l'analyse sémantique"

"Les robots recruteurs sont d'une stupidité inouïe". François Geuze, spécialiste des logiciels SIRH et maître de conférences en ressources humaines à l'université de Lille ne prend pas de pincettes pour qualifier les ATS. "Ils fonctionnent en se basant sur de l'analyse sémantique, sur des mots clés et des opérateurs booléens, c'est-à-dire des fonctions "et" et "ou" comme c'est le cas sur Excel. Qui possède le bon vocabulaire peut facilement les convaincre".

Mohamed Achahbar, spécialiste en recrutement et en sourcing au cabinet de formation Linkhumans, possède quelques tours dans son sac pour séduire ces robots. Selon lui, la première chose à faire est d'éviter l'envoi de CV et de lettres de motivation au format PDF pour privilégier le format Word. "Je sais que cela va à l'encontre de ce qui est souvent conseillé. Bien sûr, le PDF est plus esthétique. Mais il peut pénaliser face à un ATS. Certains PDF peuvent empêcher le robot de copier-coller les termes intéressants car ils sont en mode protégé. Si votre candidature vous semble parfaite mais que vous ne recevez aucune réponse, vérifiez ce détail qui peut avoir son importance".

"Certains PDF peuvent empêcher les robots de copier-coller les termes intéressants"

Sur le plan de la rédaction, le choix des mots a une extrême importance. Le meilleur conseil est de faire en sorte que les termes présents dans la fiche de poste se retrouvent dans la candidature, ce qui suppose de concevoir un CV et une lettre de motivation pour chaque entreprise. Pour Mohamed Achahbar, il est donc indispensable de mener un travail d'orfèvre : "Ces robots font du scoring en se basant par exemple sur les mots clés de l'annonce qui doivent se retrouver tels quels dans votre candidature. Par exemple, l'intitulé du poste doit être celui de votre dernière expérience professionnelle. Et tant pis s'il faut remplacer "chef de produit" par "responsable" par exemple, c'est un changement d'intitulé de poste et non pas un mensonge sur vos réelles compétences. De même les soft skills demandés doivent se retrouver mot pour mot dans votre lettre de motivation".

Toutefois, se limiter à un plagiat de l'annonce n'est pas suffisant et peut même s'avérer pénalisant. Les robots se basent aussi sur une analyse du champ lexical du métier recherché. Plus les termes appartenant au cœur du métier sont nombreux, plus le taux d'adéquation augmentera. "Concrètement, si vous postulez à un poste de commercial, faites figurer les mots CRM, ventes ou encore chiffre d'affaires", conseille Mohamed Achahbar.

"Plus les termes appartenant au coeur du métier sont nombreux, plus le taux d'adéquation augmentera"

Pour les plus joueurs, il existe même un cas extrême qui permet de berner les robots : la technique du blanc sur blanc. Cette ruse de sioux est simple : en plus de votre CV classique, il suffit d'écrire en couleur blanche sur fond blanc tout ce qui est attendu par l'annonce : année d'expérience, école, missions réalisées... Ces données seront invisibles à l'œil nu. Mais votre candidature sera mise en avant car le robot recruteur peut lire les caractères blancs. Ce qui peut vous donner un sacré coup de pouce !

Attention cependant. "N'oubliez pas une chose importante : le recrutement est encore une science humaine. Les ATS peuvent effectuer une pré-sélection mais vous rencontrerez un jour ou l'autre le RH ou le manager", rappelle François Geuze. Et à ce moment-là, le mensonge n'est plus permis. "Inutile de rouler le robot dans la farine. Vous serez percés à jour et ferez perdre du temps au recruteur et à vous-même", alerte l'expert des SIRH, qui affirme qu'il faut trouver le juste équilibre entre la transparence intégrale et la dissimulation : "Reprendre le vocabulaire demandé est autorisé. Mentir au robot est à la rigueur utile pour ne pas se faire discriminer pour une année d'expérience ou un intitulé de poste légèrement différent. Mais attention à l'excès", met en garde François Geuze.

Pour Mohamed Achahbar, il est même possible de contourner ces robots assimilables à des videurs de boîte de nuit qui se fient aux premières apparences. Il suffit pour cela de pratiquer ce qu'il nomme le hacking social. Il suffit simplement d'identifier le profil LinkedIn du recruteur et de lui poser quelques questions sur la fiche de poste, puis de lui envoyer directement votre candidature en contournant les robots…

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