Débaucher sans risque le salarié d'un concurrent Eviter les représailles

Eviter l'escalade

Aller faire son marché parmi les talents du voisin ne peut, bien sûr, laisser indemnes les relations entre concurrents. D'autant que le syndrome de l'arroseur arrosé ne tarde souvent pas à se faire sentir. "Il existe des pratiques, entre sociétés concurrentes, consistant à passer des accords pour s'interdire de recruter certains profils l'une chez l'autre, signale Susana Lopes dos Santos. Typiquement, les secteurs où un nombre restreint d'entreprises devant se partager les compétences - les ingénieurs défense par exemple - décident de ne pas solliciter ces collaborateurs lorsqu'ils sont en poste."

Envisager un dialogue direct sur le sujet

"Cela s'appelle un pacte de non-agression, précise Thierry Mercier. Quoique cela se pratique plutôt entre partenaires, qui ne sont concurrents que sur les profils qu'ils recrutent, comme c'est le cas pour les SSII, les éditeurs de logiciels, les sociétés de services et les vendeurs de hardware et d'infrastructure." Les métiers sont en effet très proches et les collaborateurs travaillent ensemble à longueur d'année. Mais les entreprises n'oublient pas qu'elles vivent les unes grâce aux autres.

"J'ai déjà entendu un dirigeant appeler son concurrent et lui dire : 'Tu m'en as piqué un peu trop...'"

Pour que perdure cet écosystème, le pacte de non-agression peut aller jusqu'à un dialogue direct entre DRH ou patrons. "J'ai déjà entendu un dirigeant appeler son concurrent et lui dire 'tu m'en as piqué un peu trop, il serait bon que tu arrêtes...'", confirme-t-il. Pour conserver de bonnes relations avec concurrents et partenaires, un coup de téléphone entre patrons ne pourra donc pas faire de mal.

Fidéliser plutôt que retenir

Enfin, pour le chasseur de têtes, la clause de non-concurrence est une mauvaise façon de garder ses collaborateurs à bord. "Ce qu'il faut, c'est entretenir la motivation et opérer une bonne gestion de carrière. La clause de non-concurrence existe parce que lorsque des collaborateurs démissionnent, l'entreprise est furieuse de ne pas l'avoir vu venir. En Grande-Bretagne, on utilise une clause dite 'non-sollicitation'. Son principe : vous pouvez aller là où vous voulez mais vous n'avez pas le droit de solliciter vos anciens clients ni d'emmener des collègues avec vous. Elle a aussi une durée limitée et une contrepartie financière." Sans doute une méthode plus intelligente et plus efficace, pour limiter la concurrence déloyale, que la clause de non-concurrence.