Discrimination à l'embauche : ce qu'il faut savoir Au cours de l'entretien, éviter les terrains glissants

L'entretien d'embauche est probablement le moment le plus sensible pour les recruteurs. Pour détendre l'atmosphère ou témoigner de son intérêt, il est tentant de laisser dériver la discussion sur la vie privée. "Les recruteurs que je forme me reprochent parfois de déshumaniser les entretiens d'embauche, reconnait Vincent Poirel. Mais je leur rappelle que, dans un entretien, seul le recruteur est un professionnel, c'est lui qui doit connaitre les règles et les respecter."

prenez garde à ne pas laisser la discussion déraper.
Prenez garde à ne pas laisser la discussion déraper. © Andrey Kiselev - Fotolia

Discriminer consiste à faire son choix sur des critères sans lien direct avec les compétences recherchées. Pour éviter tout malentendu, le plus simple consiste, dans la mesure du possible, à ne pas avoir connaissance de ces informations sensibles. Vous ne devez pas, cela va de soi, poser de question sur la nationalité, l'origine ou l'état de santé du candidat. Même si cela n'est pas utilisé dans la sélection, le doute sera insufflé.

Pourtant, le rôle du recruteur consiste bel et bien à poser des questions, dont la réponse peut, de près ou de loin, avoir un lien avec la vie privée du candidat. Si le poste à pourvoir suppose des déplacements, ne demandez pas au candidat s'il a des enfants en bas âge pour tirer la conclusion qu'il n'est pas mobile. En revanche, interrogez-le sur sa disponibilité à partir une fois par semaine à l'autre bout de la France. Dans le même ordre d'idée, un recruteur peut légitimement interroger le candidat sur un trou d'un an dans le CV. S'il répond "pour motifs personnels" ou même "pour maladie", ne cherchez surtout pas à en savoir plus : on dépasse le strict cadre des compétences professionnelles.

Ne pas creuser

Il arrive souvent que les candidats lâchent d'eux-mêmes des informations d'ordre personnel : leur âge, leurs famille, leurs origines... Le recruteur ne doit alors pas chercher à creuser. De même, évitez les réflexions sur un nom de famille exotique, le port d'une alliance ou le ventre d'une femme qui s'arrondit. Quant aux "centres d'intérêt" qui figurent sur le CV, l'idéal est de ne pas les évoquer vous-même. Ils ne sont intéressants que s'ils permettent de développer des compétences utiles au travail. Interrogez votre candidat sur son esprit d'équipe, il peut alors mettre en avant son statut de capitaine d'une équipe de football depuis 5 ans. Mais ce n'est logiquement pas à vous de parler football.