"Nous ne pouvons pas accepter n'importe quel comportement"

Vous agissez auprès de vos managers sur les méthodes et les comportements ?

Yves Grandmontagne. Oui, nous mettons notamment en œuvre des formations d'accompagnement à leur prise de fonction. Elles vont, entre autres choses, les sensibiliser à la qualité d'une interaction avec les autres en fonction des contextes, des interlocuteurs, de la relation hiérarchique, de la fonction... Mais le plus important, c'est d'être à l'écoute au quotidien du retour des collaborateurs vis-à-vis des managers. Les enquêtes annuelles prennent en compte l'évaluation des managers. Nous ne pouvons pas accepter n'importe quel résultat à n'importe quel prix, c'est-à-dire n'importe quel comportement. Il faut dans ces cas un certain courage d'entreprise pour ne pas accepter des modes de fonctionnement qui peuvent être totalement délétères.

Mais on a vu, dans d'autres grandes entreprises, la remise en cause –au-delà du comportement de certains managers- d'objectifs intenables, de pression trop forte ? 

"Il faut dans ces cas un certain courage d'entreprise"

Y. G. La culture de Microsoft est précisément fondée sur la performance et le résultat. La façon dont je travaille est guidée par le résultat à atteindre : ce n'est pas parce que je serai au bureau de 8 heures à 17 heures que j'aurai fait mon travail correctement. Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné chez France Télécom ? Ils sont passés d'une culture aux antipodes de celle que je vous décris à celle-là, voire en plus fort. Les personnes qui avaient été pendant des années dans un mode de fonctionnement sont passées à autre chose du jour au lendemain. La gestion du changement n'a pas eu lieu. Ils s'en sont rendu compte et font aujourd'hui un travail qui semble assez exemplaire. Chez Microsoft, notre culture nous permet d'admettre très bien ce côté déstructuré de la façon de travailler.

Cela veut-il dire que vous avez des collaborateurs d'un type particulier ?

Y. G. Je pense que les personnes qui rejoignent Microsoft ont un certain goût pour ce type de fonctionnement. Cela répond aussi assez bien aux attentes des jeunes générations. Ils attendent une certaine liberté d'action et d'organisation qui n'était pas celle des générations d'avant.