Amitié au travail : comment se comporter

En savoir plus

Sommaire


Le management par les émotions a la cote, de même que la cooptation. Le team-building n'a jamais été autant prôné par le management. Résultat : les frontières sont de plus en plus floues entre vie professionnelle et vie personnelle. Une évolution plutôt positive, selon Hélène Vecchiali, coach et directrice du cabinet de conseil en ressources humaines DH Conseil.

 

 
Les passages difficiles seront surmontés plus facilement entourés d'amis ©
 

Ne pas se priver d'une relation sincère

"La rencontre, qu'elle soit amicale ou amoureuse, relève du sacré, ce n'est pas quelque chose que l'on décide", estime-t-elle. Il serait dommage de chercher à s'en priver, d'autant que les rencontres sincères sont rares.

Malgré des conditions peu propices (hiérarchie, relations de pouvoir...), l'entreprise reste un lieu de sociabilisation important. Selon la dernière enquête effectuée par l'Insee sur le sujet, près de 20 % des amis proviennent de la sphère professionnelle.

Le facteur temps joue pour beaucoup dans le développement de relations particulières au travail : on se voit régulièrement et beaucoup. De plus, la présence physique nourrit particulièrement le lien.

 

"L'amitié est une relation de sujet à sujet "

Prendre plaisir à aller travailler

"Certaines personnes ont besoin de relations affectives pour s'épanouir au travail", constate Sylvie Sanchez-Forsans, psychologue du travail et responsable du centre d'applications psychologiques et d'accompagnement professionnel (Capap) de Lyon. "Depuis une quinzaine d'années, on assiste à une demande de bien-être au travail. Cela implique de connaître les gens autrement que dans le contexte professionnel. De plus, on vit beaucoup de choses difficiles dans l'entreprise : le relationnel, c'est comme de l'huile de refroidissement."

Des heures supplémentaires à faire pour boucler un gros dossier ? Une période stressante ? Un conflit avec un client ? Tous ces tracas de la vie professionnelle se vivront beaucoup mieux entouré de collègues attentifs et attentionnés.

 

Hélène Vecchiali
 
Hélène Vecchiali, cabinet DH Conseil
 

Discerner complicité et amitié

Comme toute relation affective, les amitiés développées au bureau peuvent vous faire tomber de haut. Nombreux sont les témoignages de personnes déçues de ne plus retrouver la complicité qu'elles avaient avec certains collègues une fois partie de l'entreprise. Ou de ne plus avoir de nouvelles après une mutation. Il s'agit simplement de différencier complicité et réelle amitié. Selon Hélène Vecchiali, pour ne pas confondre une relation professionnelle basée sur le respect et la complicité et une amitié, il suffit de se poser la question suivante : "passeriez-vous vos vacances avec vos collègues ?" (et éventuellement : les passeraient-ils avec vous ?) "On peut dire qu'il y a relation amicale lorsqu'on a envie d'être ensemble en dehors du travail", résume-t-elle.

 

Autre sujet de méfiance : au travail, on se présente généralement sous son meilleur jour et dans son domaine de compétences. Comment être sûr que Nadia - la boute-en-train du 8ème étage - sera aussi sympa lors de votre tournoi d'échecs ? Pour Hélène Vecchiali, la situation est à rapprocher d'une rencontre dans un club sportif ou dans le milieu associatif. "On ne voit d'abord qu'une partie de la personnalité mais une fois que l'on s'autorise un lien extra-professionnel, on éclaire les autres facettes." C'est le passage décisif qui fera - ou ne fera pas - d'un bon collègue un bon ami.

"Il faut différencier l'être, ou sujet, du rôle que l'on a dans l'entreprise. L'être éprouve des sentiments et des affects alors que le rôle remplit une mission, des tâches. Il y a complicité lorsque les deux rôles se complètent et apprécient de travailler ensemble. L'amitié est une relation de sujet à sujet et naît quand le rôle s'arrête."

 

Un mode de vie pour certaines entreprises

"Certains environnements professionnels favorisent le lien entre les salariés avec des lieux ouverts, des salles de détente et une culture du contact", analyse Sylvie Sanchez-Forsans. Elles cherchent ainsi à développer un bon climat social, une image positive et à fidéliser leurs salariés.

Cette politique a un revers : il faut veiller à ne pas tomber dans l'excès. Rester à un poste insatisfaisant juste parce que l'ambiance du service est bonne et que tous les mardis et vendredis on déjeune avec Pierre-du-marketing n'est pas une solution idéale...

 


JDN ManagementEnvoyerImprimerHaut de page